Depuis l’offensive des Forces républicaines avec à leur tête les commandants de zone (Com’zone) sur le Sud du pays, Bouaké, le fief de l’ex-rébellion, à l’image du cabinet civil des Forces nouvelles, connaît une ambiance assez morose. Pour assurer la sécurité des populations, le dispositif militaire a été retouché.
Il a toujours été le lieu d’une intense activité diplomatique, militaire et sociopolitique. Mais depuis l’offensive des Forces républicaines sur le Sud du pays, Bouaké, à l’image du cabinet civil des Forces nouvelles, connaît une ambiance assez morose. La fréquence des audiences a sensiblement baissé. Le mercredi 8 juin, en milieu de matinée devant le portail du bureau du secrétaire général des FN, le premier signe du changement, c’est l’équipe de soldats au poste de police. Très peu de combattants en faction ce jour-là. «La plupart sont à Abidjan pour la même mission : la sécurité des populations», explique un soldat du Gaspm (Groupement des agents de la sécurité du Premier ministre). Dans l’enceinte de l’Infas (Institut national de formation des agents de la santé), siège de l’ex-rébellion, les membres du cabinet (du directeur au planton) sont à leur poste. Le parking qui, autrefois grouillait de véhicules, est quasiment désert. Un véhicule d’escorte administratif (véhicule D) monté de gyrophares garé sous le hangar, rappelle l’époque où les audiences et rencontres s’enchaînaient à un rythme accéléré. «C’est pareille à la préfecture, ce n’est plus la même ambiance comme avant la crise postélectorale », indique notre interlocuteur. Autre lieu, même ambiance maussade au quartier Kennedy. Dans les locaux flambants neufs de la Fondation internationale Soro Kigbafory (Fisk), Sékongo Félicien, est à pied d’œuvre pour booster les activités humanitaires de sa structure de bienfaisance. M. Sékongo concentre une grande partie de ses actions au soulagement des personnes défavorisées et vulnérables, victimes de la crise sociopolitique du 19 septembre 2002 : déplacés de guerre, lépreux de Manikro, les enfants orphelins du quartier Air France. Le président de la Fisk se veut rassurant. «Les FN, selon lui, sont là où elles devraient être.» En clair, les ex-rebelles ont choisi d’accompagner la nouvelle Côte d’Ivoire. «Les Forces nouvelles sont en alliance avec le Rhdp. Elles sont au travail pour sortir définitivement la Côte d’Ivoire de la crise. Le mouvement de Guillaume Soro est là où il devrait être », a-t-il ajouté. Avant de poursuivre: «Depuis le redéploiement de l’administration, le cabinet des FN qui chapotait tout a laissé le soin aux préfets et sous-préfets des différentes localités. Les FN appuient l’action des autorités préfectorales. L’administration est plus présente, plus active. La Côte d’Ivoire ne peut plus être sous une administration parallèle. Les questions administratives sont désormais dévolues aux préfets et sous préfets », a indiqué Sékongo Félicien.
Ambiance dans les camps militaires
Au niveau des camps militaires, le vide laissé par départ des chefs de guerre saute aux yeux. A l’état major, siège de l’aile militaire, le général Soumaïla Bakayoko a pris ses quartiers à Abidjan, comme les Com’zone, d’ailleurs. Le chef d’état major des FaFn a laissé derrière lui, un QG plongé dans la torpeur. Sur le parking, les motos ont remplacé les grosses cylindrées. Dans un bâtiment annexe, situé vers le camp des sapeurs pompiers, il n’y a presque plus personne. Un soldat chasse la monotonie en surveillant les installations.
Même décor au cabinet du chef de zone, la base des bérets verts du commandant Chérif Ousmane, installée près de la trésorerie régionale de Bouaké. Dans l’enceinte de la cour, un soldat est étendu sur un banc. «Depuis l’offensive générale des Forces républicaines, les choses ont changé ici à Bouaké. Beaucoup de nos combattants sont en mission de sécurisation à Abidjan, Yamoussoukro et dans les autres localités. Certains sont restés sur place pour assurer la sécurité des populations et des biens», confie le guerrier. Les bérets verts ou les ‘‘guépards’’ sont un corps d’élite bien connu dans le fief de l’ex-rébellion. Ils ont été sur de nombreux fronts pendant l’offensive sur Abidjan. On les voit rarement parader dans leurs pick-up aux couleurs du guépard. Mais que les fauteurs de trouble ne s’y trompent pas. La sécurité de la cité est désormais assurée par l’adjudant Traoré Amoudé, un proche collaborateur de Chérif Ousmane dit ‘‘papa guépard’’. Depuis sa nomination, il a mis en place un filet de sécurité qui fonctionne à merveille. Les patrouilles aux points sensibles de la ville ont permis le démantèlement de réseaux de narcotrafiquants arrêtés en possession de 200 kilogrammes de stupéfiants. Bouaké, a expliqué un proche de l’adjudant Traoré, a été divisée en quatre zones pour mieux quadriller la cité. Depuis le 3e Bataillon, le fiston de Chérif veille au grain. Dans les locaux de la Dgpg (Direction générale de la police et de la gendarmerie), les services continuent également à fonctionner après le départ du commandant Tuo Fozié. Le camp des préposés aux taches de police et de gendarmerie est quelque peu animé. Par contre, à la Direction des douanes, des eaux et forêts située près de la préfecture, l’absence du commandant Koné Messamba se fait sentir. Des éléments vêtus de T-shirts à l’effigie des douanes ivoiriennes essaient, tant bien que mal, de donner de l’animation au coin. Le bâtiment R+ 1 baigne dans un calme de cimetière. En attendant le retour des chefs de guerre, le fief des ex-rebelles tente de réorganiser son dispositif militaire pour répondre aux attentes des populations qui se demandent à quand leur retour.
Marcel Konan
Correspondant régional
Il a toujours été le lieu d’une intense activité diplomatique, militaire et sociopolitique. Mais depuis l’offensive des Forces républicaines sur le Sud du pays, Bouaké, à l’image du cabinet civil des Forces nouvelles, connaît une ambiance assez morose. La fréquence des audiences a sensiblement baissé. Le mercredi 8 juin, en milieu de matinée devant le portail du bureau du secrétaire général des FN, le premier signe du changement, c’est l’équipe de soldats au poste de police. Très peu de combattants en faction ce jour-là. «La plupart sont à Abidjan pour la même mission : la sécurité des populations», explique un soldat du Gaspm (Groupement des agents de la sécurité du Premier ministre). Dans l’enceinte de l’Infas (Institut national de formation des agents de la santé), siège de l’ex-rébellion, les membres du cabinet (du directeur au planton) sont à leur poste. Le parking qui, autrefois grouillait de véhicules, est quasiment désert. Un véhicule d’escorte administratif (véhicule D) monté de gyrophares garé sous le hangar, rappelle l’époque où les audiences et rencontres s’enchaînaient à un rythme accéléré. «C’est pareille à la préfecture, ce n’est plus la même ambiance comme avant la crise postélectorale », indique notre interlocuteur. Autre lieu, même ambiance maussade au quartier Kennedy. Dans les locaux flambants neufs de la Fondation internationale Soro Kigbafory (Fisk), Sékongo Félicien, est à pied d’œuvre pour booster les activités humanitaires de sa structure de bienfaisance. M. Sékongo concentre une grande partie de ses actions au soulagement des personnes défavorisées et vulnérables, victimes de la crise sociopolitique du 19 septembre 2002 : déplacés de guerre, lépreux de Manikro, les enfants orphelins du quartier Air France. Le président de la Fisk se veut rassurant. «Les FN, selon lui, sont là où elles devraient être.» En clair, les ex-rebelles ont choisi d’accompagner la nouvelle Côte d’Ivoire. «Les Forces nouvelles sont en alliance avec le Rhdp. Elles sont au travail pour sortir définitivement la Côte d’Ivoire de la crise. Le mouvement de Guillaume Soro est là où il devrait être », a-t-il ajouté. Avant de poursuivre: «Depuis le redéploiement de l’administration, le cabinet des FN qui chapotait tout a laissé le soin aux préfets et sous-préfets des différentes localités. Les FN appuient l’action des autorités préfectorales. L’administration est plus présente, plus active. La Côte d’Ivoire ne peut plus être sous une administration parallèle. Les questions administratives sont désormais dévolues aux préfets et sous préfets », a indiqué Sékongo Félicien.
Ambiance dans les camps militaires
Au niveau des camps militaires, le vide laissé par départ des chefs de guerre saute aux yeux. A l’état major, siège de l’aile militaire, le général Soumaïla Bakayoko a pris ses quartiers à Abidjan, comme les Com’zone, d’ailleurs. Le chef d’état major des FaFn a laissé derrière lui, un QG plongé dans la torpeur. Sur le parking, les motos ont remplacé les grosses cylindrées. Dans un bâtiment annexe, situé vers le camp des sapeurs pompiers, il n’y a presque plus personne. Un soldat chasse la monotonie en surveillant les installations.
Même décor au cabinet du chef de zone, la base des bérets verts du commandant Chérif Ousmane, installée près de la trésorerie régionale de Bouaké. Dans l’enceinte de la cour, un soldat est étendu sur un banc. «Depuis l’offensive générale des Forces républicaines, les choses ont changé ici à Bouaké. Beaucoup de nos combattants sont en mission de sécurisation à Abidjan, Yamoussoukro et dans les autres localités. Certains sont restés sur place pour assurer la sécurité des populations et des biens», confie le guerrier. Les bérets verts ou les ‘‘guépards’’ sont un corps d’élite bien connu dans le fief de l’ex-rébellion. Ils ont été sur de nombreux fronts pendant l’offensive sur Abidjan. On les voit rarement parader dans leurs pick-up aux couleurs du guépard. Mais que les fauteurs de trouble ne s’y trompent pas. La sécurité de la cité est désormais assurée par l’adjudant Traoré Amoudé, un proche collaborateur de Chérif Ousmane dit ‘‘papa guépard’’. Depuis sa nomination, il a mis en place un filet de sécurité qui fonctionne à merveille. Les patrouilles aux points sensibles de la ville ont permis le démantèlement de réseaux de narcotrafiquants arrêtés en possession de 200 kilogrammes de stupéfiants. Bouaké, a expliqué un proche de l’adjudant Traoré, a été divisée en quatre zones pour mieux quadriller la cité. Depuis le 3e Bataillon, le fiston de Chérif veille au grain. Dans les locaux de la Dgpg (Direction générale de la police et de la gendarmerie), les services continuent également à fonctionner après le départ du commandant Tuo Fozié. Le camp des préposés aux taches de police et de gendarmerie est quelque peu animé. Par contre, à la Direction des douanes, des eaux et forêts située près de la préfecture, l’absence du commandant Koné Messamba se fait sentir. Des éléments vêtus de T-shirts à l’effigie des douanes ivoiriennes essaient, tant bien que mal, de donner de l’animation au coin. Le bâtiment R+ 1 baigne dans un calme de cimetière. En attendant le retour des chefs de guerre, le fief des ex-rebelles tente de réorganiser son dispositif militaire pour répondre aux attentes des populations qui se demandent à quand leur retour.
Marcel Konan
Correspondant régional
