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Politique Publié le mardi 14 juin 2011 | L’expression

L’Editorial : Tourner la page de l’horreur et du désordre

Revenu du Ghana où il a passé quelques jours de mission, un journaliste ivoirien a eu ces mots. « En dix de pouvoir, Gbagbo a fait reculer la Côte d’ivoire de cinquante ans » a-t-il lâché. « On trouve au Ghana des supermarchés qui font trois fois au moins ceux dont les gens sont fiers chez nous à Abidjan » s’est-il étonné. Des mots et un constat. Le passage de Laurent Gbagbo et ses amis à la tête du pays n’a rien apporté à la Côte d’ivoire. Il ne s’agit pas, plus de deux mois après la chute du dictateur, de passer le temps à se lamenter et se détourner des responsabilités. Mais percevoir le régime qui a tenu le pays dans ses serres les dix dernières années dans toute sa laideur aidera à comprendre l’ampleur des dégâts, à recentrer la barque ivoire et à la conduire vers ce qui doit être l’essentiel pour une équipe dirigeante : le bien être des citoyens. Deux faits récents ne laisseront pas grand monde indifférent. En l’espace d’un mois le corps du directeur général de l’hôtel Novotel d’Abidjan a été retrouvé. Repêche dans les aux de la lagune à Abidjan. Le second fait, les meurtriers du colonel major à la retraite Dosso Adama, ancien commandant du Groupement aérien des transports et de liaison GATL, ancien pilote de Félix Houphouët Boigny ont été arrêtés. Tous éléments de la garde républicaine. Ils ont avoué avoir participé à l’assassinat de l’officier général répondant aux ordres du général Dogbo Blé commandant de l’unité d’élite entièrement dévouée au service de l’ancien chef de l’état Laurent Gbagbo. La mort confirmée de Stéphane Frantz Di Reppel du Novotel, tout comme celle du DG de La SIFCA, Yves Lambelin, enlevés le 12 mars 2011 par les soldats et miliciens ivoiriens au service de Gbagbo combinée avec le triste sort du colonel Dosso, indiquent à tous que le régime de la Refondation a été un système dans la lignée du régime militaire du DERG. En Ethiopie, sous les couleurs d’un socialisme révolutionnaire, Mengistu Hailé Marian et ses sbires ont confiné et réprimé la population. Les camps de concentration, les emprisonnements arbitraires, les éliminations et disparitions des opposants et adversaires supposés meublaient le quotidien.

En côte d’ivoire, Gbagbo était un civile à la tête d’une véritable junte militaire. Lui et ses hommes ont travaillé à organiser un système sécuritaire sophistiqué. Les escadrons de la mort, les outils de répression et de torture, rien n’a manqué. Ce qui est arrivé au colonel major et à deux grands patrons d’entreprise, des européens de surcroit, signifie que le commun des ivoiriens a vécu un véritable calvaire. Pas d’espace pour protester et ou se faire entendre. Dans l’anonymat des pouvoirs d’un régime dans lequel le palais présidentiel lui-même a servi de couloir de la mort, les populations ont payé lourdement à la bêtise humaine. Gbagbo a pourri la Côte d’ivoire. Il a en plus des assassinats banalisés, et des détournements de fonds publics institutionnalisés, installé le grand désordre. Désordre.

Désordre dans les forces de l’ordre. L’armée ivoirienne et les services de sécurité ont fait le deuil de la discipline et du respect de la hiérarchie. Le chef d’état major portait un titre. Et ne décidait de presque rien. Des généraux aux commandes de forces spéciales, notamment le fameux CECOS, et la garde républicaine prenaient les ordres directement au palais. Pire pour une institution aussi névralgique dans un état, des hommes de troupes et des sous officiers émargeaient chez le prince et son épouse, et avaient le pouvoir d’agir selon leur bonne volonté et selon les attentes du couple présidentiel. Ils étaient craints de l’état major qui fermait les yeux devant les atrocités de ces hommes. Dans l’armée sous Gbagbo, c’était le grand bordel. Même les recrutements étaient opérés par un voleur de licence, le sieur Blé Goudé, pour être par la suite entériné par la haute hiérarchie. Impensable ailleurs, c’était ça la réalité ici.

Désordre à la justice ! Dans ce secteur, Gbagbo a inversé les choses et transformé le procureur de la république en grand chef de l’appareil. Devant un monsieur comme Raymond Tchimou, le procureur général, et même le garde des sceaux ministres de la justice, ne pesait pas en face du procureur de la république. C’est ce dernier qui faisait la pluie et le beau temps. Résultat, la côte d’ivoire est devenue un pays où la justice est rendue depuis le palais. Dans lequel le procureur du roi écrouait ceux qui ne plaisaient pas au prince, et faisait vivre l’enfer aux opposants. Les ivoiriens ont perdu toute confiance en cette justice. Les investisseurs nationaux et internationaux savent ce que vaut comme obstacle et danger la justice en Côte d’ivoire pour les affaires.

Désordre dans l’administration ! C’est sous la Refondation, et avec Gbagbo que les directeurs généraux ont appris à désobéir aux ministres. Les chefs de service à rejeter les orientations des directeurs, les collaborateurs à balayer du revers de la main les instructions des chefs de service... Chacun pouvait se prévaloir de ses attaches au parti. De ses privilèges de proximité ethnique, religieuse, idéologique, ou de village pour ne s’en faire qu’à sa tête. Aujourd’hui, l’administration ivoirienne a perdu se son efficacité ; la démotivation liée à la promotion des médiocres et aux brimades des méritants à plomber la machine déjà peu performante.

C’est cette côte d’ivoire qu’l s’agit de remonter à la surface. Un travail individuel et collectif de titans pour tourner la page des années de fer. Et construire un pays moderne et modèle.

D. Al Seni
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