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Économie Publié le mardi 14 juin 2011 | Nord-Sud

Jean-Louis Billon (président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire) : «120.000 emplois détruits en cinq mois»

© Nord-Sud Par Serges T
Cinquantenaire : La Convention de la Société Civile Ivoirienne apporte sa contribution.
Mardi 03 Août 2010 - Chambre de commerce et d`industrie : La Convention de la Société Civile Ivoirienne organise une conférence publique autour du thème : "Le cinquantenaire de la Côte d`ivoire vu par la société civile, conditions et éléments d`un contrat social pour la renaissance ivoirienne". Photo: Jean-Louis Billon
Déjà éprouvé depuis plusieurs années à cause d’un environnement des affaires hostile, le secteur privé ivoirien ne semble pas sortir de l’ornière. Cette fois-ci, l’appareil productif, gravement touché par les effets pervers de cinq mois de crise post-électorale, cherche encore ses marques. Face à cette situation, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, tire la sonnette d’alarme et estime qu’il faut des mesures idoines pour remettre la machine économique en marche.

Le secteur privé est au plus mal depuis la fin de la crise post-électorale qui a eu des conséquences désastreuses sur l’activité économique. Aujourd’hui, la Chambre de commerce et d’industrie est-elle en mesure de publier un bilan exhaustif des préjudices subis par les entreprises?
Le bilan est encore en cours de réalisation et n’est donc pas exhaustif. D’autant plus que certains responsables, sans doute fatalistes, ne font pas de déclaration de sinistres, persuadés que les évènements qu’ils ont vécus, une fois de plus, sont la conséquence du destin ! Aujourd’hui, nous continuons de collecter les chiffres des entreprises les plus formelles mais, on peut d’ores et déjà indiquer que pour certains opérateurs, les pertes sont colossales. Prises individuellement, certaines entreprises ont perdu à elles seules plus de 10, 20 voire 50 milliards de Fcfa. C’est désastreux. Nous allons produire un bilan provisoire et ainsi gagner du temps au niveau de la présentation au gouvernement et du traitement des propositions des mesures d’accompagnement en faveur des opérateurs économiques.

Il y a quelques semaines, face à la mission conjointe Banque mondiale-Fmi, le patronat ivoirien a évalué les pertes directes et indirectes à plus de 1.000 milliards de Fcfa. Cela reflète-t-il la réalité?
Cela pourrait refléter la réalité mais, il faut qu’on étudie bien les pertes directes. Concernant les pertes indirectes, elles peuvent être sujettes à extrapolation. Cela dépend des performances économiques des entreprises. Mais, c’est toujours plus difficile à évaluer. Les entreprises qui ont des revenus réguliers, savent que durant une période donnée, elles ont perdu un chiffre d’affaires précis, qu’elles avaient l’habitude de réaliser. Il ne faut pas oublier que si l’on remonte au lendemain des élections et même avant, on était déjà dans une phase de ralentissement important. La période électorale qui a été précédée par la campagne, était déjà ralentie économiquement. Depuis près de 10 ans, on a intégré le fait d’avoir des élections chaotiques, que d’aucuns ont souvent qualifié de calamiteuses. Il est évident, dans ces conditions, que l’acteur économique gère ses stocks en conséquence et attend de meilleures perspectives pour évoluer ou repartir à nouveau. Ensuite, le contexte post-électoral a conduit à des blocages sans précédent du système économique qui, lui-même, a engendré d’autres problèmes beaucoup plus complexes. Quand on a bloqué la Bceao (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest) et quand les banques commerciales ont été dans l’incapacité de fonctionner normalement, cela a provoqué de graves dysfonctionnements et entraîné l’arrêt des activités économiques. Pourtant, nous étions dans une période intense pour l’économie ivoirienne ! Maintenant, nous rentrons dans la période plus calme, de bilan et de reconstruction. Nous avons malheureusement perdu la partie de l’année la plus dynamique sur le plan économique, et forcément, les pertes sont énormes ; les entreprises auront du mal à se relever.

Vous l’aviez indiqué, la déstructuration de l’appareil productif est plus grave qu’on ne l’imagine. Raison pour laquelle le gouvernement a pris certaines mesures notamment, la mise en place d’un fonds de 12 milliards de Fcfa pour le secteur privé. Ces mesures sont-elles suffisantes ?
Je vous disais tout à l’heure que certaines entreprises ont enregistré plus de 50 milliards de pertes à elles seules. Donc, vous imaginez bien que 12 milliards pour l’ensemble du secteur privé ce n’est pas suffisant ! Mais, il faut quand-même saluer les efforts du gouvernement qui, malgré ces moments difficiles, affiche une réelle volonté pour soutenir le monde économique et alléger ses souffrances. Il faut aussi être conscient que l’Etat et ses démembrements ont été touchés et pillés. A tel point qu’ils se sont eux-mêmes retrouvés dans une situation très difficile. Lorsqu’en décembre 2010, entre les deux tours des élections présidentielles, j’interpellais l’ensemble de nos leaders politiques sur le fait qu’une nouvelle crise ne permettrait pas aux opérateurs économiques de se relever, j’étais dans le vrai et pressentais les conséquences dramatiques que le monde économique aurait à subir. Aujourd’hui, le pays repart dans des conditions extrêmement difficiles. On en est tous conscients. Par conséquent, La Chambre de commerce et d’industrie, représentant légal du monde économique, les opérateurs, le simple citoyen, enfin tous, nous devons participer activement à l’effort de reconstruction et de réconciliation en ayant à l’esprit que nous devrons encore consentir des sacrifices, aux côtés de l’Etat. Tous ensemble, Etat, opérateurs économiques et simple contribuable, nous devrons être responsables.

Parlant justement de sacrifices, vous savez que pour bénéficier de ce fonds, le gouvernement invite les patrons à accroître le recrutement-jeune. Pensez-vous que cela pourrait être une mesure incitative ?
L’entreprise embauche naturellement. Plus elle fonctionne, plus elle investit et plus elle embauche. Il faut savoir que l’investissement est dynamique et qu’il appelle l’investissement. L’emploi attire l’emploi. Mais avant de recruter, Il faut que l’on retrouve ce dynamisme. Ce n’est pas le fait de demander d’embaucher qui va faire embaucher. C’est la reprise économique, l’ensemble des mesures et un environnement des affaires beaucoup plus incitatif qui vont permettre aux entreprises de recruter, naturellement, sans qu’on le leur demande. Il y a eu d’énormes pertes pour les entreprises, et bien sûr des pertes d’emplois ces derniers mois ; ce n’est pas de gaieté de cœur que les entreprises licenciaient ou mettaient au chômage technique de nombreux travailleurs durant ces heures difficiles. Nous avons besoin de nos employés pour repartir. Si l’on se remet à embaucher fortement, cela voudra dire que tout va bien. Or, ce n’est pas le cas pour le moment.

Des statistiques sont-elles disponibles en termes de pertes d’emplois du fait des effets néfastes des évènements post-électoraux?
Oui bien sûr, mais nos équipes continuent d’affiner ce travail. On peut déjà estimer qu’il y a eu entre 80.000 et 120.000 emplois de perdus pendant la période post-électorale. Ce sont des pertes d’emplois dans le secteur privé moderne, c’est-à-dire des emplois assez rémunérateurs. C’est énorme ; nous ne sommes pas loin d’une tragédie. La Côte d’Ivoire sort vraiment très affaiblie de cette crise. Pas un secteur n’a été épargné et tout est à reconstruire !

Pour relancer l’activité des Pme, l’Etat prévoit d’injecter dans ce secteur, un montant de 40 milliards de Fcfa. Le secteur industriel, que vous représentez, n’est-il pas lésé quelque part ?
Le monde industriel et celui des grandes entreprises peuvent repartir avec seulement des mesures d’accompagnement idoines. Ils n’ont pas forcément besoin, comme les Pme ou d’autres entreprises plus faibles, de recevoir des aides directes pour repartir. Cependant, il n’est pas faux non plus d’affirmer qu’une aide indirecte pourrait faire autant de bien aux grandes industries et entreprises qu’aux Pme/Pmi, parce qu’il faut qu’on réinvestisse dans le transport, dans l’appareil productif. Il faut que l’on se remettre à niveau avec une possibilité de se rééquiper à moindre coût ; pour vous donner un exemple, c’est comparable à la période de délestage lorsque l’Etat suspendait les taxes sur les groupes électrogènes. Il faudrait donc qu’on puisse bénéficier de mesures d’accompagnement idoines pendant un temps donné. C’est pourquoi, nous plaidons pour des dédommagements beaucoup plus concrets. Certaines entreprises pourront survivre sans dédommagement mais par principe, il est important qu’elles trouvent réparation quand une injustice a été commise. C’est pour cela que même si cela doit porter sur plusieurs années, l’Etat doit pouvoir apporter réparation à ces entreprises. Cela démontrera aussi que l’état de droit est revenu dans une Côte d’Ivoire qui a tant manqué de ce droit, justement. Cela aura aussi l’avantage de rassurer les investisseurs nationaux et étrangers et de redynamiser l’économie.

Donc une période grâce de combien de temps et dans quelles conditions au plan fiscal notamment ?
C’est une année où les opérateurs économiques doivent redoubler d’efforts. Nous disons donc qu’il nous faudra une période de «grâce ou d’allègements fiscaux» de 6 mois à 1 an pour rééquiper les entreprises, parce que les pertes sont conjoncturelles. Mais, dans tous les cas de figure, nous avons toujours prôné une baisse du niveau général des impôts, peut-être le moment est-il venu de le faire ? Je pense que le moment est venu de le faire. Prenez le secteur des transports aujourd’hui : nous avons l’un des secteurs les plus vieux au monde. Alors que la performance et le dynamisme de ce secteur se calculent par la jeunesse de son parc-automobile, les opérateurs du milieu luttent pour faire venir des épaves d’Europe en poids lourd. Il est pourtant évident que si on leur donnait la possibilité d’acquérir, sur place, des flottes neuves, les transporteurs s’en porteraient mieux, les consommateurs s’en porteraient mieux, le pays s’en porterait mieux.
Il faut comprendre que les pertes d’équipements que nous avons subies ces derniers temps, représentent un « gros imprévu » pour l’entreprise. Donc permettre de se rééquiper à moindre coût n’est que justice vis-à-vis des entreprises et il faudrait que ce rééquipement soit quasi-neutre et pour l’Etat, et pour le monde économique. C’est pour cela que pour ces cas précis, il faudra enlever toute fiscalité. Il s’agit généralement de défiscaliser les moyens de transport, les outils informatiques et bureautiques, enfin tout support qui permet à l’entreprise de travailler normalement ! Ce sont des mesures que l’on réclame depuis des années. Il serait temps de les mettre en œuvre pour le plus grand bien du pays. Cela permettrait de résoudre progressivement la question du chômage qui est devenu un véritable problème dans notre pays. Comprenez bien qu’il est toujours plus facile de détruire que de construire. Là, nous sommes en voie de reconstruction y compris pour l’entreprise. La reprise sera plus longue !

Dans ce processus de relance économique, vous conviendrez avec moi que les banques ont un rôle crucial à jouer. Quels sont vos rapports avec celles-ci ou du moins, sont-elles prêtes à vous accompagner véritablement ?
Il ne faut pas perdre de vue que les banques ont, elles-mêmes, été fortement touchées dans cette crise. Elles ont été indexées et certaines ont même été «nationalisées» de fait. Le système bancaire a été bloqué à tort et victime d’inepties totales. Je ne citerais que la Bicici ou la Sgbci. Même la Brvm qui n’est pourtant pas une banque mais un établissement financier sous-régional, a subi les affres de la crise. Les banques ont donc, elles-aussi, besoin de pouvoir repartir. Les mesures dont je parle, et que nous présenterons à l’Etat dans quelques jours, sont vraiment des mesures d’ensemble qui peuvent permettre à tout le monde de rebondir. Dans un climat de confiance, de paix et de sécurité, les banques accompagnent les entreprises. Et quand on parle d’environnement favorable, il faut qu’il y ait la sécurité des personnes et des biens, la justice et mieux, une justice spécifiquement adaptée au secteur privé. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous réclamons depuis longtemps, la création de tribunaux de commerce afin qu’ils se consacrent aux litiges entre entreprises et les traitent équitablement. L’autre aspect important pour une véritable relance des entreprises concerne la réduction des charges sociales et la promotion de l’investissement pour les entreprises. Tous ces facteurs vont concourir indubitablement à améliorer l’environnement des affaires et permettre aux banques, aux agriculteurs, aux industriels, aux transporteurs, etc,… de mieux travailler, d’être plus compétitifs et de faire redémarrer l’économie du pays dans de meilleures conditions.

La réduction du train de vie de l’Etat a été durant ces dernières années, une forte préoccupation pour les acteurs économiques. Ainsi donc, comment appréciez-vous les signaux émis par le nouveau gouvernement de 36 membres qui a été mis en place le 1er juin dernier?
Vous savez que le secteur privé est le contributeur par excellence du fonctionnement de l’Etat à travers l’impôt qu’il paie avec l’ensemble des contribuables : les salariés divers et variés. Les contribuables que nous sommes attendent donc en retour de même de l’Etat, un service public de qualité. Cela veut dire que l’on est en droit d’avoir sur l’ensemble du territoire, la sécurité, la santé, la justice, un système éducatif et des infrastructures modernes aux standards internationaux. Tous ces services doivent être de qualité. Malheureusement, cela fait une bonne dizaine d’années qu’on n’a rien de tous ces éléments alors que nous avons toujours respecté nos obligations. Il y a un sentiment d’injustice profonde qui anime les acteurs économiques que nous sommes de même que le simple citoyen. On a l’impression que, depuis plusieurs années, nous avons un Etat au service de qui nous sommes, alors que cela devrait être l’inverse. En clair, on devrait avoir un Etat au service des populations. Cela a toujours été une grosse frustration pour nous, secteur privé, pour les élus de la Chambre de commerce, pour les contribuables et toutes les couches de la population. Le coût de la vie a considérablement augmenté ces dernières années. La réduction du train de vie de l’Etat participe de la réduction du coût de la vie dont les Ivoiriens ont tant besoin. En conjuguant la réduction du train de vie de l’Etat à la baisse progressive des impôts, on arrivera à améliorer le pouvoir d’achat des Ivoiriens.
Bien sûr, comme tout le monde, j’ai lu les critiques dans la presse concernant l’importance du nouveau gouvernement, que l’on trouve trop «lourd» ; mais, je pense qu’il faut se rassurer puisque le président de la République nous a d’emblée prévenus qu’il s’agissait d’une situation transitoire. Je pense qu’il s’agit aussi pour lui de renforcer les institutions et les administrations, qui sont sorties très affaiblies de cette crise. D’aucuns pensent qu’il y a beaucoup trop de ministères ou qu’il existe des «doublons» et s’attendaient à un gouvernement beaucoup plus restreint. Mais, ils doivent comprendre que le Président de la République et son chef de Gouvernement sont dans la gestion d’une sortie de crise politique, qui doit prendre en compte les aspects géopolitiques en même temps qu’ils doivent répondre aux besoins des populations et reprendre le chemin du développement. Les premiers signes ne vont donc pas dans le sens de la réduction du train de vie de l’Etat mais, c’est peut-être par nécessité de faire redémarrer la machine. Notre position aujourd’hui, c’est de dire : accordons quelque temps à tous pour voir quel travail sera fourni avant de porter des critiques. Quand l’ordre institutionnel sera véritablement rétabli sur l’ensemble du territoire, avec un parlement et une véritable administration territoriale, nous aurons très probablement un gouvernement de technocrates apte à déployer la stratégie d’un Etat qui veut réellement développer le pays, positionner la Côte d’Ivoire dans la sous-région, sur le continent et dans le monde. Pour conclure sur les critiques, je dirais qu’elles font partie du jeu démocratique, qui est ainsi fait et qui doit se faire, que ce soit au niveau des libertés publiques comme des libertés individuelles.

Comment appréciez-vous le choix dans les départements de l’Industrie et du Commerce par exemple?
Nous avons un ministre du Commerce que je connais bien pour l’avoir fréquenté dans le sport à l’époque du Comité national de soutien aux Eléphants qui fût d’ailleurs, une très belle aventure mais aussi en d’autres occasions. Nous avons également un ministre de l’Industrie que je connais et avec qui, je parle régulièrement. Donc, je ne doute pas qu’ils sauront prendre les mesures précises sur des dossiers que nous leur avons déjà présentés. Je souhaite surtout que le gouvernement leur donne les moyens de mettre ces mesures en place pour le plus grand bien du monde économique. J’ai également constaté que certains ministres étaient issus du secteur privé, notamment du transport et des nouvelles technologies. Cela est aussi une bonne chose pour les acteurs économiques. Ils connaissent bien les problèmes du secteur et ils ont la démarche pragmatique du secteur privé ; ils devraient pouvoir impulser une dynamique nouvelle pour rendre les entreprises beaucoup plus fortes. Pour notre part, conformément à la mission qui nous est assignée et en notre qualité d’institution représentant le secteur privé, nous souhaitons vivement que le gouvernement et tous ses démembrements nous fassent plus confiance et nous consultent régulièrement sur tous les sujets qui touchent au monde économique.

Parmi vos griefs, il y a la question du racket qui a atteint aujourd’hui un seuil indescriptible. Quelles solutions préconisez-vous pour éradiquer définitivement cette laideur?
Vous savez que le racket est une injustice vis-à-vis de tous ceux qui subissent ce phénomène regrettable. D’autant qu’il est souvent accompagné de comportements qui touchent à la dignité humaine. Les plus touchés sont malheureusement les plus faibles économiquement et socialement, et systématiquement les transporteurs. Parce qu’on se dit que dans l’exercice de leur activité, ils sont amenés à avoir du cash sur eux en permanence, ils sont «rançonnables» à merci. Cela entrave évidemment la performance économique et fragilise gravement le secteur transport qui reste pourtant le dénominateur commun à toute activité. Nous avons tous besoin du transport ! Cela ralentit également l’ensemble des échanges économiques. Il n’y a pas moyen de faire plus mal à son propre pays que de s’adonner au racket. Dernièrement, pour la première fois, le Gouvernement a pris des mesures énergiques contre le racket. Cela veut dire qu’enfin nous avons été entendus, et écoutés. J’espère que ces mesures vont permettre d’éradiquer ce fléau pour le plus grand bien de notre économie. C’est un dossier que nous suivrons très étroitement. Ce serait déjà bien de retirer tous ces vieux pneumatiques qui traînent sur les routes, dans certains quartiers la journée, et qui servent encore à constituer des barrages et qu’enfin les forces de l’ordre aient un uniforme correct, avec leurs noms et matricules bien en évidence !

Au niveau diplomatique, la Côte d’Ivoire semble dans une nouvelle dynamique. Faut-il s’attendre à des retombées économiques en termes de reconquête de marchés et de reprise de nouveaux investissements?
Bien sûr que le nouvel élan diplomatique que la Côte d’Ivoire amorce, aura des retombées sur plusieurs plans. Déjà, notre pays revient dans le concert des nations. La France qui s’était éloignée un temps de la Côte d’Ivoire, se rapproche d’elle maintenant. C’est quand-même notre premier partenaire commercial. Les Etats-Unis, plutôt orientés vers le Ghana ou les pays africains anglophones ont également marqué leur intérêt pour la Côte d’Ivoire, au plus fort de la crise. Les pays européens les plus influents sont accourus à notre chevet dès le retour à la légalité. Tout cela me paraît très important. En outre, nous savons que le président de la République a été invité au G8 les 27 et 28 mai derniers à Deauville (France) parce que l’ordre démocratique avait été rétabli. Seuls les présidents de gouvernement élus démocratiquement ont pris part à cette grande rencontre internationale des pays les plus industrialisés du monde, et désormais, seuls les présidents issus de démocratie seront invités aux tables où se prennent les grandes décisions mondiales. C’est donc important que l’on rentre dans ce processus démocratique mondial. On a vu un peu ce qui s’est passé en Tunisie, en Egypte et ce qui se passe aujourd’hui en Libye, en Syrie et au Yémen. Une à deux décennies avant, c’était l’Amérique latine qui évacuait ses dictatures au profit de nouvelles démocraties. Les dictatures sont une espèce en voie de disparition dans le monde. Il faut que l’on comprenne ce type de changements. C’est ce qui nous permet d’être ancrés dans le concert des nations. Donc, il y aura, à n’en point douter, des retombées pour la Côte d’Ivoire en termes d’aide, de considération, d’investissements. Toutes choses qui pourront permettre aussi au secteur privé de rechercher de nouveaux partenaires et favoriser le développement économique.

Interview réalisée par Cissé Cheick Ely
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