Ils sont sur le gril. Général de corps d’armée, Philippe Mangou, chef d’Etat-major des ex-Forces de défense et de sécurité ( Fds), général Affro, adjoint au commandement supérieur de la gendarmerie nationale, général Guiai Bi Poin, commandant du Centre de commandement des opérations de sécurité (Cecos). Ces trois grands stratèges de la grande muette ivoirienne, ont, en effet, vu leur compte bancaire bloqué et leurs avoirs gelés, à la requête du procureur de la République, Simplice Koffi Kouadio. Aucun mouvement financier (virement ou retrait) ne peut être possible sur leurs comptes, jusqu’à ce que la justice en décide autrement…dans un avenir indéterminé. Il leur est notamment reproché les faits « d’obstruction aux processus de paix et de réconciliation, d’être responsables de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire en Côte d’Ivoire, des personnalités militaires refusant de se placer sous l’autorité du président démocratiquement élu ». Il y a de quoi à donner de la migraine ou de l’insomnie à ces généraux qui ont rallié à la « 25ème heure », le Golf Hôtel, où était reclus le président élu, Alassane Ouattara. Certains ont pris en grippe cette décision du procureur de la République, la qualifiant d’injuste contre « des généraux qui ont fini par faire allégeance au nouveau pouvoir, même si c’est après la chute de Gbagbo ». D’autres observateurs l’attribuent « à une erreur d’appréciation » de la part des services du procureur de la République, tandis qu’une autre catégorie voit derrière cette décision de gel des avoirs de ces généraux, une volonté politique « de neutraliser » ces officiers, qui, au plus fort de la crise post-électorale sont « allés réaffirmer leur loyauté au président de la République, Laurent Gbagbo ». Général Guiai Bi Poin, le tout-puissant commandant du Cecos, avait déjà été interpellé par le Tribunal militaire avant d’être remis en liberté. « Il peut être à tout moment convoqué », confiait Ange-Bernard Kessy Kouamé, le procureur militaire. Pour sa part, le général Philippe Mangou n’est pas au bout de ses peines. Jeune-Afrique, l’hebdomadaire panafricain soulignait, dans son édition de cette semaine, que ce général quatre étoiles « a été renversé à la tête de l’armée ivoirienne » par un moins gradé que lui, le général de brigade, Soumaïla Bakayoko. Celui-ci occupe depuis la chute de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011, « les bureaux de l’état-major » au camp Galieni au Plateau et roule dans le véhicule de fonction affecté au Cema. Il est donc fort à craindre que cet état de fait n’ait une incidence négative sur les galons de cet Ebrié de Yopougon-Kouté, dans le cadre du redressement des grades dont la commission a été installée hier à la Primature, en présence du chef du gouvernement, Soro Guillaume.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA