Même s’ils ne sont pas, pour la plupart, encore inquiétés, plusieurs membres de la communauté libanaise, réputés proches de Laurent Gbagbo, risquent de connaître une traversée du désert avec le changement de régime à la tête de l’Etat. Signe de la fin de l’état de grâce pour eux, certains Libanais ont quitté temporairement le pays pour se mettre à l’abri. Où se cachent-ils ?
Roland Dagher
Son soutien à Laurent Gbagbo allait, selon plusieurs sources, au-delà des dividendes financières qu’il espère en tirer. En effet, pour justifier sa proximité avec l’ancien chef de l’Etat, Roland Dagher a toujours évoqué des raisons idéologiques. Il était donc à l’avant-garde du pseudo-combat contre le néocolonialisme, engagé par Laurent Gbagbo. Toute chose qui lui a valu d’être bombardé Conseiller économique et social, aux côtés de Laurent Dona Fologo. « On ne peut pas ignorer que tôt ou tard, l`Ivoirien, acculé, finira par trouver un bouc-émissaire. Ce bouc-émissaire, ce n`est pas l`Europe, puisqu`elle se trouve loin. Mais nos pauvres frères burkinabè, maliens, nigérians qui travaillent avec nous depuis 30 voire 40 ans », avait-il critiqué le parti pris de la communauté internationale dans le bras de fer qui a mis aux prises Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, à propos des vrais résultats de la présidentielle de la fin de l’année 2010. Et, comme beaucoup de barons de l’ancien régime, il a reçu sa part du coup de bâton administré par la communauté internationale. Le 2 février dernier, son nom a été rajouté à la liste des soutiens de M. Gbagbo, sanctionnés. « Nous nous dresserons comme un seul homme contre la Communauté européenne et les ambassades des pays de l’Ue », avait-il réagi, le 3 février à ces sanctions-là. Depuis lors, les choses sont allées très vite. Son mentor a fini par être vaincu. Et, dans le cafouillage qui a suivi cette chute de Laurent Gbagbo, il a dû se terrer. Il y a un mois et demi, des éléments des forces républicaines lui ont rendu visite en vue de l’interroger sur ses rapports avec Laurent Gbagbo. Il s’est ensuite réfugié au Ghana pour deux à trois semaines. Revenu incognito au pays, il vit dans une sorte de clandestinité. Il reste cependant injoignable sur tous ses téléphones mobiles.
Roger Abinader
Cet industriel ivoiro-libanais avait-il d’autres choix que de se jeter dans les bras de Laurent Gbagbo ? Difficile de répondre de manière tranchée par un oui ou par un non. Car, de sources proches de sa communauté, il a connu beaucoup de péripéties sous Félix Houphouet-Boigny. Selon les témoignages que nous avons pu recueillir dans le cadre de nos investigations, de proches collaborateurs du ‘’père de la nation’’ ont tenté de déposséder cet amoureux de la petite reine, de toutes ses sociétés alors qu’il était malade. Une fois remis de son mal, il a pris ses distances d’avec le clan Houphouet, tout en gardant une amitié avec Laurent Dona Fologo. C’est d’ailleurs l’ancien secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) qui l’amènera avec lui à La majorité présidentielle de Laurent Gbagbo. En attendant de lui ouvrir d’autres portes pour se relancer dans ses affaires, celui-ci lui avait offert un marron au Conseil économique et social. Tout comme Roland Dagher, il était Conseiller économique et social jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo. Avant même la fin du règne de son ‘’parapluie’’, il avait déjà quitté la Côte d’Ivoire pour la capitale française, Paris. Il y serait toujours, attendant que la bourrasque se calme totalement.
Jalal Kawar
Lors de l’inauguration de son nouveau magasin, le 17 juillet 2008, Jalal Kawar, patron de Orca Déco, eut l’idée d’inviter le chef de l’Etat d’alors, Laurent Gbagbo. Erreur de casting ou signe d’une vraie collusion ? Toujours est-il que la présence de Laurent Gbagbo à cette cérémonie a apporté beaucoup d’eau au moulin de ceux qui assuraient que le clan Gbagbo avait sa main dans ce business. Toujours entre deux avions, Jalal Kawar n’a pas attendu que la situation pourrisse avant de quitter Abidjan. Le richissime homme d’affaires aurait pris la direction de l’Europe où il demeure reclus jusqu’à aujourd’hui.
Ibrahim Ezzédine
Homme d’affaires très prospère dans le secteur de l’importation de riz (70% de part de marché avec Uncle Sam), Ibrahim Ezzédine s’est toujours gardé d’afficher publiquement son soutien à Laurent Gbagbo. Et pourtant, sa collusion avec le régime de la ‘’Refondation’’ n’avait guère besoin de se conter. Selon les milieux d’affaires ivoiriennes, c’est grâce à ses entrées dans le palais de Laurent Gbagbo qu’il a pu asseoir son hégémonie dans son secteur. En contrepartie du quasi-monopole sur le commerce du riz qu’il escomptait garder, Ibrahim Ezzédine, patron de Sdtm-CI, aurait sorti d’importants fonds pour soutenir la résistance de son ange-gardien. Ce qui lui valut d’être rajouté à la liste rouge de l’Union européenne, le 2 février 2011. Avec cette épée de Damoclès sur sa tête, il n’eût d’autres choix que de se refugier dans la sous-région ouest-africaine où il a également développé plusieurs autres business. Mais, même en son absence, ses affaires continuent de tourner.
Oudaye Chalhoub
Tout comme Ezzédine Ibrahim, Oudaye Chalhoub était bien connu pour ses activités commerciales. Mais, sans doute poussé par la survie de ses affaires, il s’est engagé aux côtés de Simone Gbagbo, pour bénéficier du bon parapluie et pour fructifier ses commerces. Et, comme politique et affaires ne font pas toujours bon ménage, Oudaye Chalhoub a été soupçonné de gérer des fonds occultes au profit du clan Gbagbo. Plus tard, le nom du Dg de Cipex-ci a été associé à l’entretien de miliciens. Dès qu’il sentit le pouvoir changer de main, il quitta le pays sans crier gare. Il aurait transité par Paris, sur la route qui le conduisait à Beyrouth (Liban).
Elie Hallassou
S’il a continué à faire parler de lui dans les médias, c’est parce que, dit-il, il en a gros sur le cœur contre le régime de Laurent Gbagbo. En gros, le ‘’Libanais de Gbagbo’’ confesse qu’il n’a jamais pu réussir à entrer dans les bonnes grâces de l’ancien chef de l’Etat. Et, pourtant, c’est à cause de son engagement aux côtés du chef de file de la ‘’Refondation’’ que cet Ivoirien d’origine syrienne (abusivement appelé Libanais) a perdu son emploi. Un emploi qu’il occupait dans une firme dirigée par un Libanais et pour lequel, il gagnait un salaire mirobolant. Aujourd’hui, amer et toujours à Abidjan, il tente de rallier le camp Ouattara pour, soutient-il, contribuer à la réconciliation nationale. Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, il avait d’ailleurs fustigé les dérives tribalistes du clan Gbagbo. Après la chute de son ancien mentor, il a vainement milité pour un rapprochement entre la nouvelle direction de La majorité présidentielle et le nouveau pouvoir, à travers la formation d’un vrai gouvernement d’union nationale. Toujours engagé dans son créneau (respect des institutions), il en appelle au respect du devoir de l’Etat envers tous ses fils.
Sam l’Africain
En bon Libanais, il a tenu son commerce jusqu’à se laisser piquer par le virus de la politique. Et, l’homme qu’il choisit de soutenir, est Laurent Gbagbo. Plus bouffon qu’engagé véritablement dans la politique de la ‘’Refondation’’, il espérait sans doute gagner en célébrité et renforcer sa surface financière. Il n’hésitait donc pas à donner dans le scandale pour se faire attirer les regards sur lui. « Comment le président du Faso peut cautionner les résultats provisoires donnés par la Cei (Commission électorale indépendante, Ndlr) en Côte d’Ivoire, alors que dans le mois d’octobre dernier, c’est la Cour constitutionnelle du Faso qui l’a proclamé vainqueur de l’élection que ses adversaires ont contestée ? Le président du Faso avait opté avec la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Ndlr) de venir tuer les Ivoiriens en Côte d’Ivoire. Son pays sert de base d’entraînement aux rebelles et aux déstabilisateurs du régime du président Laurent Gbagbo. Sur la base de tous ces faits, le président du Faso est mal placé car il ne peut pas être arbitre et joueur dans le même match », a-t-il critiqué le 2 février 2011 le panel des cinq chefs d’Etat africains, mis en place, pour trouver une solution à la crise post-électorale ivoirienne.
Marc Dossa
Roland Dagher
Son soutien à Laurent Gbagbo allait, selon plusieurs sources, au-delà des dividendes financières qu’il espère en tirer. En effet, pour justifier sa proximité avec l’ancien chef de l’Etat, Roland Dagher a toujours évoqué des raisons idéologiques. Il était donc à l’avant-garde du pseudo-combat contre le néocolonialisme, engagé par Laurent Gbagbo. Toute chose qui lui a valu d’être bombardé Conseiller économique et social, aux côtés de Laurent Dona Fologo. « On ne peut pas ignorer que tôt ou tard, l`Ivoirien, acculé, finira par trouver un bouc-émissaire. Ce bouc-émissaire, ce n`est pas l`Europe, puisqu`elle se trouve loin. Mais nos pauvres frères burkinabè, maliens, nigérians qui travaillent avec nous depuis 30 voire 40 ans », avait-il critiqué le parti pris de la communauté internationale dans le bras de fer qui a mis aux prises Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, à propos des vrais résultats de la présidentielle de la fin de l’année 2010. Et, comme beaucoup de barons de l’ancien régime, il a reçu sa part du coup de bâton administré par la communauté internationale. Le 2 février dernier, son nom a été rajouté à la liste des soutiens de M. Gbagbo, sanctionnés. « Nous nous dresserons comme un seul homme contre la Communauté européenne et les ambassades des pays de l’Ue », avait-il réagi, le 3 février à ces sanctions-là. Depuis lors, les choses sont allées très vite. Son mentor a fini par être vaincu. Et, dans le cafouillage qui a suivi cette chute de Laurent Gbagbo, il a dû se terrer. Il y a un mois et demi, des éléments des forces républicaines lui ont rendu visite en vue de l’interroger sur ses rapports avec Laurent Gbagbo. Il s’est ensuite réfugié au Ghana pour deux à trois semaines. Revenu incognito au pays, il vit dans une sorte de clandestinité. Il reste cependant injoignable sur tous ses téléphones mobiles.
Roger Abinader
Cet industriel ivoiro-libanais avait-il d’autres choix que de se jeter dans les bras de Laurent Gbagbo ? Difficile de répondre de manière tranchée par un oui ou par un non. Car, de sources proches de sa communauté, il a connu beaucoup de péripéties sous Félix Houphouet-Boigny. Selon les témoignages que nous avons pu recueillir dans le cadre de nos investigations, de proches collaborateurs du ‘’père de la nation’’ ont tenté de déposséder cet amoureux de la petite reine, de toutes ses sociétés alors qu’il était malade. Une fois remis de son mal, il a pris ses distances d’avec le clan Houphouet, tout en gardant une amitié avec Laurent Dona Fologo. C’est d’ailleurs l’ancien secrétaire général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci-Rda) qui l’amènera avec lui à La majorité présidentielle de Laurent Gbagbo. En attendant de lui ouvrir d’autres portes pour se relancer dans ses affaires, celui-ci lui avait offert un marron au Conseil économique et social. Tout comme Roland Dagher, il était Conseiller économique et social jusqu’à la chute de Laurent Gbagbo. Avant même la fin du règne de son ‘’parapluie’’, il avait déjà quitté la Côte d’Ivoire pour la capitale française, Paris. Il y serait toujours, attendant que la bourrasque se calme totalement.
Jalal Kawar
Lors de l’inauguration de son nouveau magasin, le 17 juillet 2008, Jalal Kawar, patron de Orca Déco, eut l’idée d’inviter le chef de l’Etat d’alors, Laurent Gbagbo. Erreur de casting ou signe d’une vraie collusion ? Toujours est-il que la présence de Laurent Gbagbo à cette cérémonie a apporté beaucoup d’eau au moulin de ceux qui assuraient que le clan Gbagbo avait sa main dans ce business. Toujours entre deux avions, Jalal Kawar n’a pas attendu que la situation pourrisse avant de quitter Abidjan. Le richissime homme d’affaires aurait pris la direction de l’Europe où il demeure reclus jusqu’à aujourd’hui.
Ibrahim Ezzédine
Homme d’affaires très prospère dans le secteur de l’importation de riz (70% de part de marché avec Uncle Sam), Ibrahim Ezzédine s’est toujours gardé d’afficher publiquement son soutien à Laurent Gbagbo. Et pourtant, sa collusion avec le régime de la ‘’Refondation’’ n’avait guère besoin de se conter. Selon les milieux d’affaires ivoiriennes, c’est grâce à ses entrées dans le palais de Laurent Gbagbo qu’il a pu asseoir son hégémonie dans son secteur. En contrepartie du quasi-monopole sur le commerce du riz qu’il escomptait garder, Ibrahim Ezzédine, patron de Sdtm-CI, aurait sorti d’importants fonds pour soutenir la résistance de son ange-gardien. Ce qui lui valut d’être rajouté à la liste rouge de l’Union européenne, le 2 février 2011. Avec cette épée de Damoclès sur sa tête, il n’eût d’autres choix que de se refugier dans la sous-région ouest-africaine où il a également développé plusieurs autres business. Mais, même en son absence, ses affaires continuent de tourner.
Oudaye Chalhoub
Tout comme Ezzédine Ibrahim, Oudaye Chalhoub était bien connu pour ses activités commerciales. Mais, sans doute poussé par la survie de ses affaires, il s’est engagé aux côtés de Simone Gbagbo, pour bénéficier du bon parapluie et pour fructifier ses commerces. Et, comme politique et affaires ne font pas toujours bon ménage, Oudaye Chalhoub a été soupçonné de gérer des fonds occultes au profit du clan Gbagbo. Plus tard, le nom du Dg de Cipex-ci a été associé à l’entretien de miliciens. Dès qu’il sentit le pouvoir changer de main, il quitta le pays sans crier gare. Il aurait transité par Paris, sur la route qui le conduisait à Beyrouth (Liban).
Elie Hallassou
S’il a continué à faire parler de lui dans les médias, c’est parce que, dit-il, il en a gros sur le cœur contre le régime de Laurent Gbagbo. En gros, le ‘’Libanais de Gbagbo’’ confesse qu’il n’a jamais pu réussir à entrer dans les bonnes grâces de l’ancien chef de l’Etat. Et, pourtant, c’est à cause de son engagement aux côtés du chef de file de la ‘’Refondation’’ que cet Ivoirien d’origine syrienne (abusivement appelé Libanais) a perdu son emploi. Un emploi qu’il occupait dans une firme dirigée par un Libanais et pour lequel, il gagnait un salaire mirobolant. Aujourd’hui, amer et toujours à Abidjan, il tente de rallier le camp Ouattara pour, soutient-il, contribuer à la réconciliation nationale. Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, il avait d’ailleurs fustigé les dérives tribalistes du clan Gbagbo. Après la chute de son ancien mentor, il a vainement milité pour un rapprochement entre la nouvelle direction de La majorité présidentielle et le nouveau pouvoir, à travers la formation d’un vrai gouvernement d’union nationale. Toujours engagé dans son créneau (respect des institutions), il en appelle au respect du devoir de l’Etat envers tous ses fils.
Sam l’Africain
En bon Libanais, il a tenu son commerce jusqu’à se laisser piquer par le virus de la politique. Et, l’homme qu’il choisit de soutenir, est Laurent Gbagbo. Plus bouffon qu’engagé véritablement dans la politique de la ‘’Refondation’’, il espérait sans doute gagner en célébrité et renforcer sa surface financière. Il n’hésitait donc pas à donner dans le scandale pour se faire attirer les regards sur lui. « Comment le président du Faso peut cautionner les résultats provisoires donnés par la Cei (Commission électorale indépendante, Ndlr) en Côte d’Ivoire, alors que dans le mois d’octobre dernier, c’est la Cour constitutionnelle du Faso qui l’a proclamé vainqueur de l’élection que ses adversaires ont contestée ? Le président du Faso avait opté avec la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Ndlr) de venir tuer les Ivoiriens en Côte d’Ivoire. Son pays sert de base d’entraînement aux rebelles et aux déstabilisateurs du régime du président Laurent Gbagbo. Sur la base de tous ces faits, le président du Faso est mal placé car il ne peut pas être arbitre et joueur dans le même match », a-t-il critiqué le 2 février 2011 le panel des cinq chefs d’Etat africains, mis en place, pour trouver une solution à la crise post-électorale ivoirienne.
Marc Dossa