Ce n’est un secret pour personne, l’insécurité fait, depuis environ un trimestre, partie du quotidien des Ivoiriens. D.G, une jeune femme d’affaires vivant à Grand- Bassam vient d’allonger, le vendredi 17 juin dernier, la liste déjà très longue des victimes de violences et autres agressions par certains hommes en tenue. Ce jour-là en effet, raconte un proche de D.G, rentrant tranquillement chez elle à 19 h à bord de son véhicule de type 4x4, double cabine, après une journée de rude labeur, elle ne se doutait de rien. Elle descend, ouvre le portail. Un inconnu, sac en bandoulière, l’approche et veut l’aider ( ?). Ce qu’elle refuse gentiment. Ce « bienfaiteur » spontané n’est en réalité qu’un odieux quidam. Qui retrouve son compère armé de pistolet et tapis dans l’ombre comme un félin prêt à bondir sur sa proie. Le premier sort de son sac une kalachnikov, rouvrent le portail et empoignent la D. G qui s’apprête à descendre de sa voiture. Toujours selon l’ami de la D.G, ils la brutalisent et la trimbalent manu militari, à l’intérieur de la demeure où elle ne vit qu’avec son époux, absent au moment des faits. Un Français, précise-t-on, lui également homme d’affaires. Quand bien même elle n’oppose aucune résistance eu égard à leurs armes, elle reçoit, d’entrée de jeu, trois coups de poing au visage. Comme pour lui dire qu’ils sont loin d’être des enfants de chœur. Dans leur impétuosité, les deux larrons parés de treillis défraîchis en demi-saison, poussent l’infortunée dans la douche. Où elle sera ligotée et bâillonnée. Tout en continuant de la rouer de violents coups de poings et de pieds au visage, ils lui réclament la clef de son véhicule. Elle parvient tout de même à leur indiquer l’emplacement. « Nous n’allons pas retourner à Bouaké d’où nous sommes venus les mains vides », lui ont-ils dit, une fois en possession de la clé. Malgré tout, l’un d’eux, très agité et furieux, tente de l’étrangler. Selon notre source, elle tombe dans les pommes suite à ces maltraitances. Désormais ravis de leur « exploit », les deux éléments des Frci prennent congé de l’infortunée complètement inconsciente et gardée en otage durant une heure. Dans leur fuite, ils emportent, en plus du véhicule, deux ordinateurs portables et un téléphone portable. Il est 20 h. La D.G reprend, fort heureusement, connaissance. Péniblement, elle rampe jusqu’à la cuisine, parvient à couper les liens de ses bras. A quatre patte, elle se traîne jusqu’au portail. Les gémissements et geignements attirent des jeunes passants qui promptement apportent secours à la filiforme D.G. Incapable de parler parce que le visage totalement tuméfié, la bouche ensanglantée, on lui tend un stylo et un bout de papier. Péniblement, elle réussit à écrire le numéro de téléphone portable de son époux. Ses bienfaiteurs l’appellent. Le Blanc accourt et vient trouver son épouse dans un état critique. Il n’en croit pas yeux. En bon époux, il ne perd pas de temps et conduit sa femme dans une clinique médicale. Elle y reçoit les premiers soins. Après une nuit quasiment blanche, le conjoint se rend au camp des Frci - le Vitib, l’ex- Iao de Grand-Bassam pour révéler la mésaventure de sa femme. «Nous ne pouvons rien faire pour vous. Allez-vous plaindre à Soro Guillaume, parce que c’est lui qui nous empêche de dresser des barrages sur les routes pour nous débrouiller», aurait-on répondu au Français. Qui, nonobstant cette réponse du moins inattendue, leur a communiqué l’immatriculation de la voiture de D.G dans l’espoir de la retrouver.
Philomène Aqouama
Philomène Aqouama