Abidjaoudi Yannick Joseph-Antoine est un jeune mannequin et acteur Ivoiro-libanais qui a, pendant quelques années arpenté les “T’’ ivoiriens. Il a également joué l’un des rôles principaux dans la première saison de la série télévisée ‘’Sah-Sandra’’. Depuis le déclenchement de la crise-post-électorale, il s’est retrouvé au nombre des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). Nous l’avons rencontré…Interview.
L’on te connaît comme Mannequin et Acteur de Cinéma. Mais brusquement, nous te retrouvons parmi les éléments des FRCI. Qu’est ce qui s’est passé?
Si aujourd’hui, la population me voit en treillis, ce n’est pas le fait du hasard.
Mais c’est assez insolite quand même....
Cela peut paraître insolite, mais il faut dire que cela ne date pas d’aujourd’hui. Et puis, dans l’armée, il y a un peu de tout. L’on retrouve au sein de l’armée, des chanteurs, des hommes de Showbiz et autres. Mais, à mon niveau, c’est l’inverse qui s’est fait. J’étais d’abord dans le Showbiz avant de devenir militaire. C’est peut-être ce qui fait que ça paraît insolite. Sinon, depuis mon enfance, j’ai toujours voulu être militaire. D’abord, je voulais entrer à l’EMPT (Ecole Militaire Préparatoire Technique, mais mon age était trop avancé… Ensuite, j’ai pensé à rentrer à la Légion Etrangère, mais faute de moyens, je n’ai pas pu le faire une fois de plus. Je ne dirai pas que la situation du pays m’a arrangé, mais comme l’occasion s’est présentée à moi, avec la crise, je l’ai saisie sans regarder en arrière. C’est donc depuis un bout de temps que je suis rentré dans la “chose’’, sans toutefois me déclarer officiellement.
Cela date de quand?
C’est en 2008 que je suis rentré dans la résistance que certains appelaient la rébellion. Je ne pouvais donc pas trop m’afficher. Ma famille a même été victime de cette affaire parce qu’un de mes oncles a été assassiné.
C’est donc ton envie de rentrer coûte que coûte dans l’armée qui t’a poussé à intégrer les Forces Armées des Forces Nouvelles, ou alors il y avait une autre raison?
Il y a eu d’abord le fait que je voulais devenir militaire. Mais il y a eu aussi la situation du pays. Par mes origines ivoiriennes, je suis Odiennéka, plus précisément des familles Touré et Cissé. Il y a donc eu ce problème identitaire qui faisait que tout ce qui résonnait du Nord, avait tendance à être mis de côté. Ce qui a créé une certain nombre de frustrations à mon niveau. C’est donc un combat qui est bien plus grand que ce que les gens pensent.
Donc, tu te sentais rejeté ?
Oui, tout à fait. Avec ce métissage, nous autres, nous demandions ce que nous deviendrons parce que nous nous sentions marginalisés, alors que nous sommes tous les mêmes. Quel que soit ce que nous sommes, nous sommes utiles à ce pays, donc on ne pouvait pas nous éliminer parce que nous sommes musulmans ou différents des autres.
Dans le Showbiz, les gens te voyaient-ils comme un homme à part ?
Je ne le dirai pas comme cela. Le Showbiz est assez particulier avec tous ses bons et mauvais côtés. Moi, particulièrement, ce que je faisais, ce n’était pas pour de l’argent tout de suite. C’était une seconde passion après l’armée. Il y avait aussi le fait qu’on y rencontrait du monde, donc que l’on pouvait se faire des contacts assez sérieux. En plus de tout cela, je suis très cinéphile. Je préfère regarder un bon film plutôt que de regarder la télévision. Malheureusement, c’est un milieu qui n’est pas très bien organisé parce que c’est comme dans une jungle où les plus forts mangent les plus faibles. C’est un monde assez éphémère où s’il n’y a pas de portes ouvertes, c’est fichu.
Comment du Mannequinat t’es-tu retrouvé au cinéma?
C’est un coup de chance si j’ai pu intégrer le milieu du Cinéma parce qu’étant Mannequin, j’avais fait la couverture de “L’Album d’Uniwax’’. Mme Gba a vu mon image et a demandé que je vienne jouer dans la première saison de sa série “Sah-Sandra’’. Lorsqu‘il y a eu la crise, voulant intégrer l’armée, j’ai révélé qui j’étais véritablement.
Tu étais donc un infiltré?
(Il éclate de rire) Oui, si on veut voir. Et lorsqu’il fallait prendre ses responsabilités, je me suis dévoilé.
Comment as-tu appris le maniement des armes, étant donné que tu n’étais pas véritablement formé?
Il y a eu des combats bien avant que les Chefs de Guerre n’arrivent à Abidjan. Et, à cette période, il y avait des militaires des Forces Nouvelles qui étaient déjà présents à Abidjan. Ce sont eux qui nous ont appris le maniement des armes et comment attaquer stratégiquement certains points.
Comment ont réagit tes amis mannequins et acteurs?
Ils étaient très surpris, mais c’est la vie et j’assume mon choix. Le mannequinat ne nourrit pas son homme en Afrique. Même si ce que je fais aujourd’hui ne me nourrit pas encore, j’ai foi en des lendemains meilleurs.
De quelle unité fais-tu partie ?
Je suis membre de L’unité Jaguar placée sous le commandement du Commandant Oustaz. Mais aujourd’hui, toute la Zone Sud est sous les ordres du Commandant Wattao qui est mon Chef actuellement. Et je suis au 9e arrondissement de Marcory.
C’est donc fini, avec le Showbiz, pour toi ?
Non. Rien n’empêche le militaire d’exercer son métier de base.
Les gens ne te regardent-ils pas d’un mauvais oeil dans ton milieu?
Non. Au contraire, ils sont contents de me voir. Ils me taquinent même souvent en me demandant combien de personnes j’ai tuées.
N’es-tu pas un peu gêné lorsque tu rencontres tes anciens “collègues’’?
Non, en aucun cas. Personne ne m’a obligé à intégrer les FRCI. Je répète que j’assume pleinement mon choix. Ma mère a fait des bénédictions pour moi parce qu’elle a compris ma décision et la respecte.
Si tes responsables te demandent de faire un choix définitif entre le Showbiz et L’Armée, quel sera ton choix?
Tout de suite, je dirai L’Armée parce que j’ai toujours rêvé d’être militaire et je pense que mon rêve est en train de se réaliser aujourd’hui. C’est ma passion. J’ai pris le treillis à un moment très chaud, au risque de ma vie. C’est parce que je sais ce que je veux.
Solange A.
L’on te connaît comme Mannequin et Acteur de Cinéma. Mais brusquement, nous te retrouvons parmi les éléments des FRCI. Qu’est ce qui s’est passé?
Si aujourd’hui, la population me voit en treillis, ce n’est pas le fait du hasard.
Mais c’est assez insolite quand même....
Cela peut paraître insolite, mais il faut dire que cela ne date pas d’aujourd’hui. Et puis, dans l’armée, il y a un peu de tout. L’on retrouve au sein de l’armée, des chanteurs, des hommes de Showbiz et autres. Mais, à mon niveau, c’est l’inverse qui s’est fait. J’étais d’abord dans le Showbiz avant de devenir militaire. C’est peut-être ce qui fait que ça paraît insolite. Sinon, depuis mon enfance, j’ai toujours voulu être militaire. D’abord, je voulais entrer à l’EMPT (Ecole Militaire Préparatoire Technique, mais mon age était trop avancé… Ensuite, j’ai pensé à rentrer à la Légion Etrangère, mais faute de moyens, je n’ai pas pu le faire une fois de plus. Je ne dirai pas que la situation du pays m’a arrangé, mais comme l’occasion s’est présentée à moi, avec la crise, je l’ai saisie sans regarder en arrière. C’est donc depuis un bout de temps que je suis rentré dans la “chose’’, sans toutefois me déclarer officiellement.
Cela date de quand?
C’est en 2008 que je suis rentré dans la résistance que certains appelaient la rébellion. Je ne pouvais donc pas trop m’afficher. Ma famille a même été victime de cette affaire parce qu’un de mes oncles a été assassiné.
C’est donc ton envie de rentrer coûte que coûte dans l’armée qui t’a poussé à intégrer les Forces Armées des Forces Nouvelles, ou alors il y avait une autre raison?
Il y a eu d’abord le fait que je voulais devenir militaire. Mais il y a eu aussi la situation du pays. Par mes origines ivoiriennes, je suis Odiennéka, plus précisément des familles Touré et Cissé. Il y a donc eu ce problème identitaire qui faisait que tout ce qui résonnait du Nord, avait tendance à être mis de côté. Ce qui a créé une certain nombre de frustrations à mon niveau. C’est donc un combat qui est bien plus grand que ce que les gens pensent.
Donc, tu te sentais rejeté ?
Oui, tout à fait. Avec ce métissage, nous autres, nous demandions ce que nous deviendrons parce que nous nous sentions marginalisés, alors que nous sommes tous les mêmes. Quel que soit ce que nous sommes, nous sommes utiles à ce pays, donc on ne pouvait pas nous éliminer parce que nous sommes musulmans ou différents des autres.
Dans le Showbiz, les gens te voyaient-ils comme un homme à part ?
Je ne le dirai pas comme cela. Le Showbiz est assez particulier avec tous ses bons et mauvais côtés. Moi, particulièrement, ce que je faisais, ce n’était pas pour de l’argent tout de suite. C’était une seconde passion après l’armée. Il y avait aussi le fait qu’on y rencontrait du monde, donc que l’on pouvait se faire des contacts assez sérieux. En plus de tout cela, je suis très cinéphile. Je préfère regarder un bon film plutôt que de regarder la télévision. Malheureusement, c’est un milieu qui n’est pas très bien organisé parce que c’est comme dans une jungle où les plus forts mangent les plus faibles. C’est un monde assez éphémère où s’il n’y a pas de portes ouvertes, c’est fichu.
Comment du Mannequinat t’es-tu retrouvé au cinéma?
C’est un coup de chance si j’ai pu intégrer le milieu du Cinéma parce qu’étant Mannequin, j’avais fait la couverture de “L’Album d’Uniwax’’. Mme Gba a vu mon image et a demandé que je vienne jouer dans la première saison de sa série “Sah-Sandra’’. Lorsqu‘il y a eu la crise, voulant intégrer l’armée, j’ai révélé qui j’étais véritablement.
Tu étais donc un infiltré?
(Il éclate de rire) Oui, si on veut voir. Et lorsqu’il fallait prendre ses responsabilités, je me suis dévoilé.
Comment as-tu appris le maniement des armes, étant donné que tu n’étais pas véritablement formé?
Il y a eu des combats bien avant que les Chefs de Guerre n’arrivent à Abidjan. Et, à cette période, il y avait des militaires des Forces Nouvelles qui étaient déjà présents à Abidjan. Ce sont eux qui nous ont appris le maniement des armes et comment attaquer stratégiquement certains points.
Comment ont réagit tes amis mannequins et acteurs?
Ils étaient très surpris, mais c’est la vie et j’assume mon choix. Le mannequinat ne nourrit pas son homme en Afrique. Même si ce que je fais aujourd’hui ne me nourrit pas encore, j’ai foi en des lendemains meilleurs.
De quelle unité fais-tu partie ?
Je suis membre de L’unité Jaguar placée sous le commandement du Commandant Oustaz. Mais aujourd’hui, toute la Zone Sud est sous les ordres du Commandant Wattao qui est mon Chef actuellement. Et je suis au 9e arrondissement de Marcory.
C’est donc fini, avec le Showbiz, pour toi ?
Non. Rien n’empêche le militaire d’exercer son métier de base.
Les gens ne te regardent-ils pas d’un mauvais oeil dans ton milieu?
Non. Au contraire, ils sont contents de me voir. Ils me taquinent même souvent en me demandant combien de personnes j’ai tuées.
N’es-tu pas un peu gêné lorsque tu rencontres tes anciens “collègues’’?
Non, en aucun cas. Personne ne m’a obligé à intégrer les FRCI. Je répète que j’assume pleinement mon choix. Ma mère a fait des bénédictions pour moi parce qu’elle a compris ma décision et la respecte.
Si tes responsables te demandent de faire un choix définitif entre le Showbiz et L’Armée, quel sera ton choix?
Tout de suite, je dirai L’Armée parce que j’ai toujours rêvé d’être militaire et je pense que mon rêve est en train de se réaliser aujourd’hui. C’est ma passion. J’ai pris le treillis à un moment très chaud, au risque de ma vie. C’est parce que je sais ce que je veux.
Solange A.