Objectifs du module
Identifier les valeurs de la culture de la paix
Utiliser les outils, les techniques et méthodes actives et participatives pour faciliter l’apprentissage de la culture démocratique pour un vivre ensemble harmonieux
Indiquer le profil du citoyen engagé
QUELLES SONT LES VALEURS DE LA CULTURE DE LA PAIX?
Selon l’UNESCO : « Une culture de la paix consiste en des valeurs, des attitudes et des comportements qui reflètent et favorisent la convivialité et le partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, tous les droits de l’homme, la tolérance et la solidarité, qui rejettent la violence et inclinent à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes et à résoudre les problèmes par la voie du dialogue et de la négociation et qui garantissent à tous la pleine jouissance de tous les droits et les moyens de participer pleinement au processus de développement de leur société.»
Les sept valeurs de la culture de la paix
1. La démocratie
2. Le respect du droit
3. Le respect des droits de l’homme
4. La non-violence
5. La tolérance
6. La solidarité
7. La protection de l’environnement
Saviez-vous qu’il y a un fabuleux trésor dans chaque pays? Ce trésor est si précieux qu’à bien des endroits dans le monde des gens luttent pour l’obtenir. Dans d’autres pays, les citoyens l’ont à portée de main.
Ce trésor, c’est la « démocratie».
La démocratie, c’est une façon de vivre selon laquelle toutes les personnes sont libres et égales entre elles. Le pouvoir appartient alors au peuple et non à quelques personnes qui décident tout sans jamais rendre de comptes aux autres. Et cela, c’est vraiment précieux.
Les élections dans un pays, c’est une façon de mettre en pratique la démocratie.
Les différents aspects de la démocratie en tant qu’éléments d’apprentissage :
1- Une forme de gouvernement d’organisation politique
Droit de l’homme – Primauté du droit - Parlementarisme – Séparation des pouvoirs
2- Une forme de société
Pluralisme – Résolution pacifique des conflits – Société civile
3- Un mode de vie
Tolérance – « Poursuite du bonheur » - Solidarité – Equité - Autodétermination
LE DROIT
Le droit est entendu comme l’ensemble des règles qui régissent le fonctionnement de la société.
Le Droit n’est pas une somme d’interdictions et de limitations mais un cadre nécessaire à l’exercice de nos libertés et de nos capacités d’initiatives.
Le Droit définit les règles obligatoires lorsque l’on effectue certains actes : passer un permis de conduire ou stationner sur une voie publique, contracter assurance ou mariage, etc.
En troisième lieu, le Droit définit un mode de résolution des conflits.
La Justice transitionnelle
Le concept de justice transitionnelle est apparu ces dernières années comme une discipline importante des domaines des droits de l’homme et de la résolution de conflits.
Dans des contextes de transition, des gouvernements peuvent être amenés à adopter des mesures de justice spécifiques.
Ces restrictions peuvent concerner:
• les ressources humaines et matérielles limitées,
• un système judiciaire inefficace, peu fiable ou corrompu, une paix fragile ou une transition démocratique naissante,
• un manque de preuves à charge,
• un très grand nombre d’auteurs de crimes ou de victimes,
• des obstacles légaux ou constitutionnels divers tels que les lois d’amnistie.
• Dans un pays comme la Côte d’Ivoire où le contexte s’améliore, il est impératif que le gouvernement cherche à remédier aux injustices passées.
Toute justice transitionnelle est axée sur la manière dont les sociétés en transition de la guerre à la paix ou d’un régime autoritaire à la démocratie peuvent aborder et/ou ont abordé le lourd tribut des exactions massives.
La justice transitionnelle, au-delà de l’exigence de justice est fondamentalement en équilibre avec les besoins de paix, qui se traduisent à travers un certain nombre de valeurs.
Les objectifs de la justice transitionnelle
Faire face aux abus d’une manière large et holistique qui englobent différentes formes de justice à savoir:
la justice pénale,
la justice restauratrice,
la justice sociale et
la justice économique.
Fondements de la justice transitionnelle
La justice transitionnelle suppose une politique de justice responsable. Cette politique doit contenir des mesures qui cherchent à la fois à établir la responsabilité pour les crimes commis dans le passé et à dissuader la commission de nouveaux crimes.
Les mécanismes qui sous-tendent la justice transitionnelle
Il s’agit principalement :
des poursuites pénales qui peuvent se faire par des tribunaux nationaux, internationaux ou hybrides ;
des enquêtes visant à établir la vérité sur les exactions passées à travers des enquêtes nationales officielles telles que les commissions vérité, les commissions d’enquête internationales, les mécanismes des Nations Unies ou les efforts des ONG ;
des réparations qui peuvent être compensatoires, symboliques, sous forme de restitution ou de réhabilitation ;
des réformes institutionnelles comprenant les réformes du système de la sécurité et les réformes judiciaires, la révocation des auteurs d’exactions des postes de la fonction publique et la formation en droits de l’homme des fonctionnaires.
Spécificité de la justice transitionnelle
La justice transitionnelle se donne un certain nombre de missions :
enquêter sur les crimes,
identifier les responsables,
prendre des sanctions à l’encontre des responsables,
accorder des réparations aux victimes,
empêcher que de futures violations des droits de l’homme ne se produisent,
reconstruire les relations Etat/citoyens,
protéger et renforcer la paix et la démocratie,
encourager la réconciliation entre individus et au niveau national.
Etant donné que la justice transitionnelle doit prendre en compte l’équilibre des différents intérêts en jeu dans les pays en transition, il est important de savoir ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas.
Ce que la justice transitionnelle n’est pas
La justice transitionnelle ne fait pas un plaidoyer pour une justice rétroactive à n’importe quel prix.
La justice transitionnelle ne fait pas un plaidoyer pour un maintien de la paix au détriment du droit à la justice des victimes.
La justice transitionnelle ne doit pas être conçue comme une justice au rabais ou un substitut de justice classique.
Ce qu’est la justice transitionnelle
La justice transitionnelle insiste surtout sur une mise en balance des différents objectifs contradictoires conformément:
• au droit international,
• aux avantages et contraintes locales,
• à la prise de décisions éclairées et justes.
• Elle est conçue comme une méthodologie appropriée aux difficultés spécifiques liées à la commission de violations massives de droits de l’homme. Cette méthodologie pourra être utilisée par des démocraties établies ou naissantes, par exemple comme dans le cas de la Côte d’Ivoire, souhaitant gérer le legs de violations commises dans un passé parfois lointain ou récent.
Une approche centrée sur la victime
La justice transitionnelle utilise une approche centrée sur la victime dans la perspective de prendre des mesures concernant un passé violent.
Elle met en exergue la manière dont les victimes sont capables de participer à ses mécanismes en soutenant ou en s’y opposant afin d’en bénéficier.
LES DROITS DE L’HOMME
Les droits de l’homme sont :
Un ensemble de prérogatives que toute personne détient du seul fait de sa qualité d’être humain.
Un système de protection destiné à nous préserver de la violence arbitraire et à éviter que nos besoins fondamentaux ne soient négligés. Créatures extrêmement vulnérables, les êtres humains ont besoin d’une certaine forme de protection.
Qu’est-ce que la dignité?
La dignité peut être défini comme le respect dû à une personne ou à soi-même.
Notre dignité est donc fonction de la manière dont nous nous voyons et de celle dont les autres nous traitent.
Mais malheureusement la dignité humaine est un droit souvent bafoué.
Ce qui porte atteinte à la dignité des hommes, et particulièrement des gens pauvres, sans défense, vulnérables comme par exemple les personnes âgées, les indigents, les handicapées, etc : c’est l’état d’esprit et les agissements des autres.
Les outrages à la dignité humaine sont nombreux et revêtent des formes multiples, barbares et hideuses.
Par exemple :
Ici, un enfant sera tourné en dérision en raison de son physique.
Là, un immigré sera ridiculisé sous prétexte qu’il a des coutumes « bizarres », qu’il a un accent prononcé…
Ailleurs encore, quelqu’un sera victime de discrimination en raison de son ethnie, de sa nationalité ou de la couleur de sa peau, de son appartenance politique...
Ce qui est mis en exergue ici, c’est la souffrance et l’humiliation de ceux qui sont rabaissés.
LA NON –VIOLENCE
La non-violence est une manière d’être et d’agir, fondée sur le refus de la violence, et se présente comme un outil pacifique qui permet de construire l’harmonie entre les êtres, en créant chez chacun la dignité et le respect profond d’autrui.
La non-violence peut se traduire par des actes comme le dialogue, la résolution pacifique des différends, les manifestations pacifiques, etc.
LA TOLERANCE
Dans sa Déclaration de principes sur la tolérance, l’UNESCO définit la tolérance en ces termes :
« La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’être humain.
Elle est encouragée par la connaissance, l’ouverture d’esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l’harmonie dans la différence. Elle n’est pas seulement une obligation d’ordre éthique. Elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre ».
LA SOLIDARITE
La solidarité est le signe d’une dépendance mutuelle entre les hommes. Cette forme de solidarité est synonyme de coopération ou de collaboration. Il s’agit ici d’une dépendance mutuelle d’intérêts.
La solidarité est un sentiment de responsabilité mutuelle entre les hommes et les groupes, un lien fraternel qui oblige les êtres humains les uns envers les autres.
LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
La protection de l’environnement sous-entend, entre autres, la protection de la planète, la préservation de l’équilibre écologique et l’amélioration du cadre de vie.
Cette valeur est centrée sur les rapports entre l’homme et l’environnement.
SCHEMA DES VALEURS
DOUMBIA D. Education scolaire à la citoyenneté et à la culture de la paix en Côte d’Ivoire, Thèse de Doctorat en culture de la paix et action humanitaire, Chaire UNESCO pour la culture de la paix/ Université de Cocody, mars 2007
LES METHODES PEDAGOGIQUES
COMMENT EDUQUER AUX VALEURS DE LA CULTURE DE LA PAIX ?
Le débat
La démocratie suppose:
- le débat, donc le temps de penser, de s’exprimer, d’entendre et de comprendre des avis contraires, de chercher des compromis.
- Le débat n’est pas la controverse pour la controverse.
- Le débat c’est un espace où chacun peut dire librement qu’il a des doutes, qu’il n’est pas convaincu, qu’il voit autrement le monde, qu’il a un autre projet par exemple.
Apprentissage coopératif
Apprendre la non-violence dès l`école est une nécessité, une urgence
Apprendre la non-violence, c`est devenir capable de gérer ses conflits de façon constructive, en mettant hors jeu la violence. C`est aussi apprendre la confiance, la responsabilité, l`autonomie, la coopération, le respect de soi et des autres, les droits humains...
Comment instaurer une culture démocratique avec des jeunes qui n’ont pas en partage cet héritage ?
De nouvelles façons d’enseigner et d’apprendre s’imposent.
- La participation à la vie de la classe et de l’établissement prépare le jeune, dans le présent, à son futur rôle de citoyen.
- Le temps de participation et d’exercice de la démocratie doit être compté comme des heures de travail au même titre que les heures de cours, de laboratoire, d’études, de travaux pratiques, d’enquêtes sur le terrain ou de travail dans un centre de documentation.
L’école, lieu d’apprentissage de la citoyenneté
Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils seront citoyens et doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits et quels devoirs cela leur impose.
D’après Jean Jaurès, « Lettre aux instituteurs »,
Dépêche de Toulouse, 1888
ENGAGEMENT CITOYEN
LE VOTE
Pourquoi est-il important de voter ?
Il est important de nous servir de notre droit de vote. C’est notre façon de donner notre idée sur ce qui se passe dans la société. Si nous ne le faisons pas, comment voulez-vous qu’on tienne compte de notre opinion ?
Stimuler le vote des jeunes et des enfants par l’éducation à la citoyenneté démocratique
QU’EST-CE QUE LA COHESION SOCIALE?
Le sens étymologique de la cohésion
Dans son sens étymologique originel, la cohésion se définit comme étant la propriété d’un ensemble dont toutes les parties sont intimement unies. Par comparaison avec la biologie ou les organismes vivants où la cohésion d’un corps est assurée par les liens entre les parties élémentaires (molécules), on pourra dire que la cohésion sociale est assurée par les liens entre les personnes/structures. La cohésion s’oppose au délitement, à la division. Les mots clés de cette définition sont liens et unité.
Définitions fondées sur le partage de valeurs et la capacité d’agir ensemble
• La cohésion sociale implique la construction de valeurs partagées.
La cohésion sociale est la capacité des personnes à répondre collectivement pour atteindre les résultats estimés et pour faire face aux stress (positifs ou négatifs) économiques, sociaux, politiques ou environnementaux les affectant.
Définition de référence proposée par le Conseil de l’Europe
La cohésion sociale n’est pas un concept «scientifique » ou « technique ».
La cohésion sociale, plus qu’un concept, devrait se présenter comme un cadre de référence que les institutions et les citoyens actifs adoptent et renouvèlent pour se donner tour à tour des objectifs politiques partagés et pertinents qui préviennent le conflit social et assurent la stabilité démocratique de l’ensemble.
Composantes de base de la cohésion sociale
Confiance:
Triple dimension de la confiance :
la confiance en soi et dans les relations personnelles
la confiance dans les institutions, les ONG, les entreprises
la confiance en l’avenir
Valeurs citoyennes:
sens de la justice et du bien commun,
sens de la solidarité et de la responsabilité sociale,
tolérance/intérêt pour la différence/ouverture,
Sentiments:
Satisfaction des personnes pour une vie autonome, digne, reliée activement à la dimension publique.
Le rôle des organisations citoyennes
Les organisations citoyennes ont pris des dimensions très importantes, avec la création d’associations ou ONG qui travaillent sur des thèmes spécifiques tels que:
la lutte contre l’exclusion sociale,
la protection de l’environnement,
la lutte contre la torture,
la défense de la démocratie,
etc.
Synergies entre l’Etat et les organisations de la société civile
Les espaces publics citoyens ont un rôle complémentaire à celui des Etats avec des fonctions de proposition et de responsabilisation. Ils sont aujourd’hui l’expression la plus claire de l’émergence de nouvelles formes de partage des responsabilités.
Votre engagement
Toutes les organisations de la société civile exigent de leurs membres un minimum de culture démocratique à propos :
- du droit de vote,
- de la liberté d’expression,
- de l’élection et du contrôle des dirigeants,
- du droit de recours,
- du respect des minorités,
- de la transparence,
- des procédures et des règles de leur détermination.
Comment vos organisations peuvent-elles œuvrer en faveur de l’éducation à la citoyenneté démocratique ?
En coopérant avec le gouvernement afin d’influer sur la forme et le contenu de l’éducation formelle à tous les niveaux.
En travaillant directement à éduquer les jeunes mais aussi les adultes à la vie démocratique.
Il vous revient de toucher, mobiliser, éduquer, faire entendre, proposer et innover, convaincre et renforcer politiquement toutes les couches sociales.
La légitimité de vos organisations réside dans la qualité des valeurs, des principes et des idéaux à défendre.
Il est question d`agir par les attitudes, la parole, les démarches.
Vos organisations sont des espaces de communication, d’information et de formation, de défense des droits de l’homme et de réflexion sur la démocratie et la paix.
Elles constituent donc une force rationnelle de légitimation des valeurs démocratiques.
Vous devez être de véritables acteurs de paix, des artisans de paix, des messagers de paix engagés dans la promotion de la culture de la paix et de la non-violence.
Vous avez donc la responsabilité de démultiplier cette formation dans vos communautés, dans vos quartiers, dans vos communes, dans vos villages et partout en Côte d’Ivoire.
La démocratie est une pratique :
si elle s’inspire de valeurs qui peuvent se transmettre, elle est essentiellement un mode d’action.
C’est en l’appliquant qu’on la justifie ;
c’est en s’en servant qu’on la légitime.
Fréderico Mayor
Dr Diénéba Doumbia
Directrice du Département de la recherche de la paix, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la paix, Yamoussoukro
Identifier les valeurs de la culture de la paix
Utiliser les outils, les techniques et méthodes actives et participatives pour faciliter l’apprentissage de la culture démocratique pour un vivre ensemble harmonieux
Indiquer le profil du citoyen engagé
QUELLES SONT LES VALEURS DE LA CULTURE DE LA PAIX?
Selon l’UNESCO : « Une culture de la paix consiste en des valeurs, des attitudes et des comportements qui reflètent et favorisent la convivialité et le partage fondés sur les principes de liberté, de justice et de démocratie, tous les droits de l’homme, la tolérance et la solidarité, qui rejettent la violence et inclinent à prévenir les conflits en s’attaquant à leurs causes profondes et à résoudre les problèmes par la voie du dialogue et de la négociation et qui garantissent à tous la pleine jouissance de tous les droits et les moyens de participer pleinement au processus de développement de leur société.»
Les sept valeurs de la culture de la paix
1. La démocratie
2. Le respect du droit
3. Le respect des droits de l’homme
4. La non-violence
5. La tolérance
6. La solidarité
7. La protection de l’environnement
Saviez-vous qu’il y a un fabuleux trésor dans chaque pays? Ce trésor est si précieux qu’à bien des endroits dans le monde des gens luttent pour l’obtenir. Dans d’autres pays, les citoyens l’ont à portée de main.
Ce trésor, c’est la « démocratie».
La démocratie, c’est une façon de vivre selon laquelle toutes les personnes sont libres et égales entre elles. Le pouvoir appartient alors au peuple et non à quelques personnes qui décident tout sans jamais rendre de comptes aux autres. Et cela, c’est vraiment précieux.
Les élections dans un pays, c’est une façon de mettre en pratique la démocratie.
Les différents aspects de la démocratie en tant qu’éléments d’apprentissage :
1- Une forme de gouvernement d’organisation politique
Droit de l’homme – Primauté du droit - Parlementarisme – Séparation des pouvoirs
2- Une forme de société
Pluralisme – Résolution pacifique des conflits – Société civile
3- Un mode de vie
Tolérance – « Poursuite du bonheur » - Solidarité – Equité - Autodétermination
LE DROIT
Le droit est entendu comme l’ensemble des règles qui régissent le fonctionnement de la société.
Le Droit n’est pas une somme d’interdictions et de limitations mais un cadre nécessaire à l’exercice de nos libertés et de nos capacités d’initiatives.
Le Droit définit les règles obligatoires lorsque l’on effectue certains actes : passer un permis de conduire ou stationner sur une voie publique, contracter assurance ou mariage, etc.
En troisième lieu, le Droit définit un mode de résolution des conflits.
La Justice transitionnelle
Le concept de justice transitionnelle est apparu ces dernières années comme une discipline importante des domaines des droits de l’homme et de la résolution de conflits.
Dans des contextes de transition, des gouvernements peuvent être amenés à adopter des mesures de justice spécifiques.
Ces restrictions peuvent concerner:
• les ressources humaines et matérielles limitées,
• un système judiciaire inefficace, peu fiable ou corrompu, une paix fragile ou une transition démocratique naissante,
• un manque de preuves à charge,
• un très grand nombre d’auteurs de crimes ou de victimes,
• des obstacles légaux ou constitutionnels divers tels que les lois d’amnistie.
• Dans un pays comme la Côte d’Ivoire où le contexte s’améliore, il est impératif que le gouvernement cherche à remédier aux injustices passées.
Toute justice transitionnelle est axée sur la manière dont les sociétés en transition de la guerre à la paix ou d’un régime autoritaire à la démocratie peuvent aborder et/ou ont abordé le lourd tribut des exactions massives.
La justice transitionnelle, au-delà de l’exigence de justice est fondamentalement en équilibre avec les besoins de paix, qui se traduisent à travers un certain nombre de valeurs.
Les objectifs de la justice transitionnelle
Faire face aux abus d’une manière large et holistique qui englobent différentes formes de justice à savoir:
la justice pénale,
la justice restauratrice,
la justice sociale et
la justice économique.
Fondements de la justice transitionnelle
La justice transitionnelle suppose une politique de justice responsable. Cette politique doit contenir des mesures qui cherchent à la fois à établir la responsabilité pour les crimes commis dans le passé et à dissuader la commission de nouveaux crimes.
Les mécanismes qui sous-tendent la justice transitionnelle
Il s’agit principalement :
des poursuites pénales qui peuvent se faire par des tribunaux nationaux, internationaux ou hybrides ;
des enquêtes visant à établir la vérité sur les exactions passées à travers des enquêtes nationales officielles telles que les commissions vérité, les commissions d’enquête internationales, les mécanismes des Nations Unies ou les efforts des ONG ;
des réparations qui peuvent être compensatoires, symboliques, sous forme de restitution ou de réhabilitation ;
des réformes institutionnelles comprenant les réformes du système de la sécurité et les réformes judiciaires, la révocation des auteurs d’exactions des postes de la fonction publique et la formation en droits de l’homme des fonctionnaires.
Spécificité de la justice transitionnelle
La justice transitionnelle se donne un certain nombre de missions :
enquêter sur les crimes,
identifier les responsables,
prendre des sanctions à l’encontre des responsables,
accorder des réparations aux victimes,
empêcher que de futures violations des droits de l’homme ne se produisent,
reconstruire les relations Etat/citoyens,
protéger et renforcer la paix et la démocratie,
encourager la réconciliation entre individus et au niveau national.
Etant donné que la justice transitionnelle doit prendre en compte l’équilibre des différents intérêts en jeu dans les pays en transition, il est important de savoir ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas.
Ce que la justice transitionnelle n’est pas
La justice transitionnelle ne fait pas un plaidoyer pour une justice rétroactive à n’importe quel prix.
La justice transitionnelle ne fait pas un plaidoyer pour un maintien de la paix au détriment du droit à la justice des victimes.
La justice transitionnelle ne doit pas être conçue comme une justice au rabais ou un substitut de justice classique.
Ce qu’est la justice transitionnelle
La justice transitionnelle insiste surtout sur une mise en balance des différents objectifs contradictoires conformément:
• au droit international,
• aux avantages et contraintes locales,
• à la prise de décisions éclairées et justes.
• Elle est conçue comme une méthodologie appropriée aux difficultés spécifiques liées à la commission de violations massives de droits de l’homme. Cette méthodologie pourra être utilisée par des démocraties établies ou naissantes, par exemple comme dans le cas de la Côte d’Ivoire, souhaitant gérer le legs de violations commises dans un passé parfois lointain ou récent.
Une approche centrée sur la victime
La justice transitionnelle utilise une approche centrée sur la victime dans la perspective de prendre des mesures concernant un passé violent.
Elle met en exergue la manière dont les victimes sont capables de participer à ses mécanismes en soutenant ou en s’y opposant afin d’en bénéficier.
LES DROITS DE L’HOMME
Les droits de l’homme sont :
Un ensemble de prérogatives que toute personne détient du seul fait de sa qualité d’être humain.
Un système de protection destiné à nous préserver de la violence arbitraire et à éviter que nos besoins fondamentaux ne soient négligés. Créatures extrêmement vulnérables, les êtres humains ont besoin d’une certaine forme de protection.
Qu’est-ce que la dignité?
La dignité peut être défini comme le respect dû à une personne ou à soi-même.
Notre dignité est donc fonction de la manière dont nous nous voyons et de celle dont les autres nous traitent.
Mais malheureusement la dignité humaine est un droit souvent bafoué.
Ce qui porte atteinte à la dignité des hommes, et particulièrement des gens pauvres, sans défense, vulnérables comme par exemple les personnes âgées, les indigents, les handicapées, etc : c’est l’état d’esprit et les agissements des autres.
Les outrages à la dignité humaine sont nombreux et revêtent des formes multiples, barbares et hideuses.
Par exemple :
Ici, un enfant sera tourné en dérision en raison de son physique.
Là, un immigré sera ridiculisé sous prétexte qu’il a des coutumes « bizarres », qu’il a un accent prononcé…
Ailleurs encore, quelqu’un sera victime de discrimination en raison de son ethnie, de sa nationalité ou de la couleur de sa peau, de son appartenance politique...
Ce qui est mis en exergue ici, c’est la souffrance et l’humiliation de ceux qui sont rabaissés.
LA NON –VIOLENCE
La non-violence est une manière d’être et d’agir, fondée sur le refus de la violence, et se présente comme un outil pacifique qui permet de construire l’harmonie entre les êtres, en créant chez chacun la dignité et le respect profond d’autrui.
La non-violence peut se traduire par des actes comme le dialogue, la résolution pacifique des différends, les manifestations pacifiques, etc.
LA TOLERANCE
Dans sa Déclaration de principes sur la tolérance, l’UNESCO définit la tolérance en ces termes :
« La tolérance est le respect, l’acceptation et l’appréciation de la richesse et de la diversité des cultures de notre monde, de nos modes d’expression et de nos manières d’exprimer notre qualité d’être humain.
Elle est encouragée par la connaissance, l’ouverture d’esprit, la communication et la liberté de pensée, de conscience et de croyance. La tolérance est l’harmonie dans la différence. Elle n’est pas seulement une obligation d’ordre éthique. Elle est également une nécessité politique et juridique. La tolérance est une vertu qui rend la paix possible et contribue à substituer une culture de la paix à la culture de la guerre ».
LA SOLIDARITE
La solidarité est le signe d’une dépendance mutuelle entre les hommes. Cette forme de solidarité est synonyme de coopération ou de collaboration. Il s’agit ici d’une dépendance mutuelle d’intérêts.
La solidarité est un sentiment de responsabilité mutuelle entre les hommes et les groupes, un lien fraternel qui oblige les êtres humains les uns envers les autres.
LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
La protection de l’environnement sous-entend, entre autres, la protection de la planète, la préservation de l’équilibre écologique et l’amélioration du cadre de vie.
Cette valeur est centrée sur les rapports entre l’homme et l’environnement.
SCHEMA DES VALEURS
DOUMBIA D. Education scolaire à la citoyenneté et à la culture de la paix en Côte d’Ivoire, Thèse de Doctorat en culture de la paix et action humanitaire, Chaire UNESCO pour la culture de la paix/ Université de Cocody, mars 2007
LES METHODES PEDAGOGIQUES
COMMENT EDUQUER AUX VALEURS DE LA CULTURE DE LA PAIX ?
Le débat
La démocratie suppose:
- le débat, donc le temps de penser, de s’exprimer, d’entendre et de comprendre des avis contraires, de chercher des compromis.
- Le débat n’est pas la controverse pour la controverse.
- Le débat c’est un espace où chacun peut dire librement qu’il a des doutes, qu’il n’est pas convaincu, qu’il voit autrement le monde, qu’il a un autre projet par exemple.
Apprentissage coopératif
Apprendre la non-violence dès l`école est une nécessité, une urgence
Apprendre la non-violence, c`est devenir capable de gérer ses conflits de façon constructive, en mettant hors jeu la violence. C`est aussi apprendre la confiance, la responsabilité, l`autonomie, la coopération, le respect de soi et des autres, les droits humains...
Comment instaurer une culture démocratique avec des jeunes qui n’ont pas en partage cet héritage ?
De nouvelles façons d’enseigner et d’apprendre s’imposent.
- La participation à la vie de la classe et de l’établissement prépare le jeune, dans le présent, à son futur rôle de citoyen.
- Le temps de participation et d’exercice de la démocratie doit être compté comme des heures de travail au même titre que les heures de cours, de laboratoire, d’études, de travaux pratiques, d’enquêtes sur le terrain ou de travail dans un centre de documentation.
L’école, lieu d’apprentissage de la citoyenneté
Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire et à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication. Ils seront citoyens et doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits et quels devoirs cela leur impose.
D’après Jean Jaurès, « Lettre aux instituteurs »,
Dépêche de Toulouse, 1888
ENGAGEMENT CITOYEN
LE VOTE
Pourquoi est-il important de voter ?
Il est important de nous servir de notre droit de vote. C’est notre façon de donner notre idée sur ce qui se passe dans la société. Si nous ne le faisons pas, comment voulez-vous qu’on tienne compte de notre opinion ?
Stimuler le vote des jeunes et des enfants par l’éducation à la citoyenneté démocratique
QU’EST-CE QUE LA COHESION SOCIALE?
Le sens étymologique de la cohésion
Dans son sens étymologique originel, la cohésion se définit comme étant la propriété d’un ensemble dont toutes les parties sont intimement unies. Par comparaison avec la biologie ou les organismes vivants où la cohésion d’un corps est assurée par les liens entre les parties élémentaires (molécules), on pourra dire que la cohésion sociale est assurée par les liens entre les personnes/structures. La cohésion s’oppose au délitement, à la division. Les mots clés de cette définition sont liens et unité.
Définitions fondées sur le partage de valeurs et la capacité d’agir ensemble
• La cohésion sociale implique la construction de valeurs partagées.
La cohésion sociale est la capacité des personnes à répondre collectivement pour atteindre les résultats estimés et pour faire face aux stress (positifs ou négatifs) économiques, sociaux, politiques ou environnementaux les affectant.
Définition de référence proposée par le Conseil de l’Europe
La cohésion sociale n’est pas un concept «scientifique » ou « technique ».
La cohésion sociale, plus qu’un concept, devrait se présenter comme un cadre de référence que les institutions et les citoyens actifs adoptent et renouvèlent pour se donner tour à tour des objectifs politiques partagés et pertinents qui préviennent le conflit social et assurent la stabilité démocratique de l’ensemble.
Composantes de base de la cohésion sociale
Confiance:
Triple dimension de la confiance :
la confiance en soi et dans les relations personnelles
la confiance dans les institutions, les ONG, les entreprises
la confiance en l’avenir
Valeurs citoyennes:
sens de la justice et du bien commun,
sens de la solidarité et de la responsabilité sociale,
tolérance/intérêt pour la différence/ouverture,
Sentiments:
Satisfaction des personnes pour une vie autonome, digne, reliée activement à la dimension publique.
Le rôle des organisations citoyennes
Les organisations citoyennes ont pris des dimensions très importantes, avec la création d’associations ou ONG qui travaillent sur des thèmes spécifiques tels que:
la lutte contre l’exclusion sociale,
la protection de l’environnement,
la lutte contre la torture,
la défense de la démocratie,
etc.
Synergies entre l’Etat et les organisations de la société civile
Les espaces publics citoyens ont un rôle complémentaire à celui des Etats avec des fonctions de proposition et de responsabilisation. Ils sont aujourd’hui l’expression la plus claire de l’émergence de nouvelles formes de partage des responsabilités.
Votre engagement
Toutes les organisations de la société civile exigent de leurs membres un minimum de culture démocratique à propos :
- du droit de vote,
- de la liberté d’expression,
- de l’élection et du contrôle des dirigeants,
- du droit de recours,
- du respect des minorités,
- de la transparence,
- des procédures et des règles de leur détermination.
Comment vos organisations peuvent-elles œuvrer en faveur de l’éducation à la citoyenneté démocratique ?
En coopérant avec le gouvernement afin d’influer sur la forme et le contenu de l’éducation formelle à tous les niveaux.
En travaillant directement à éduquer les jeunes mais aussi les adultes à la vie démocratique.
Il vous revient de toucher, mobiliser, éduquer, faire entendre, proposer et innover, convaincre et renforcer politiquement toutes les couches sociales.
La légitimité de vos organisations réside dans la qualité des valeurs, des principes et des idéaux à défendre.
Il est question d`agir par les attitudes, la parole, les démarches.
Vos organisations sont des espaces de communication, d’information et de formation, de défense des droits de l’homme et de réflexion sur la démocratie et la paix.
Elles constituent donc une force rationnelle de légitimation des valeurs démocratiques.
Vous devez être de véritables acteurs de paix, des artisans de paix, des messagers de paix engagés dans la promotion de la culture de la paix et de la non-violence.
Vous avez donc la responsabilité de démultiplier cette formation dans vos communautés, dans vos quartiers, dans vos communes, dans vos villages et partout en Côte d’Ivoire.
La démocratie est une pratique :
si elle s’inspire de valeurs qui peuvent se transmettre, elle est essentiellement un mode d’action.
C’est en l’appliquant qu’on la justifie ;
c’est en s’en servant qu’on la légitime.
Fréderico Mayor
Dr Diénéba Doumbia
Directrice du Département de la recherche de la paix, Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la Recherche de la paix, Yamoussoukro