Dieng Ousseynou, l’ex-président de la Fédération ivoirienne de football, affûte ses armes pour la présidence de la FIF. Et Jacques Anouma, le président sortant, le sait. On pourrait assister à une grosse bataille entre les deux ex-bras droits. Les dessous d’une guerre entre les frères ennemis.
Tout se gâte entre Dieng Ousseynou, président de la Fédération ivoirienne de football et Jacques Anouma, président de la Ligue nationale en juillet 1998, lorsque ce dernier présente sa démission un soir à son bras droit. JA est désormais dans l’opposition. En 1999, il se présente contre Dieng Ousseynou à la présidence de la Fif. Au terme d’un scrutin qui restera dans les annales du football à l’immeuble CCIA au Plateau, Anouma n’arrive pas à terrasser son mentor. Un an plus tard, le paysage politique change. Le parti de Dieng Ousseynou (PDCI RDA) n’est plus aux commandes. Le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo arrive au pouvoir. Dans la foulée, Jacques Anouma est nommé directeur financier de la présidence de la République. Il est désormais tout-puissant. Et forcément Dieng ne l’est plus. Mais entre-temps, Anouma rêve toujours du fauteuil de président de la Fif. Les mois qui suivent, débutent les éliminatoires de la Coupe du monde 2002. Logés dans le même groupe avec la Tunisie, Madagascar et le Congo, les Eléphants sont aux portes du mondial après un parcours quasiment parfait. Ils jouent la qualification à Pointe Noire contre les Diables rouges. Les trois points suffisent face à des Congolais déjà éliminés. La Tunisie est aussi dans la course. Quelques semaines avant ce déplacement, commencent les grandes manœuvres. Une certaine Bro Grébé est ministre des Sports et Anouma, DAF de la présidence. Et selon des sources dignes de foi, le président Laurent Gbagbo, lui, rêve de voir les Eléphants se qualifier pour la première fois à un mondial et sous son règne. Et pour maîtriser l’environnement, plus de 100 millions de francs Cfa auraient été décaissés pour ce fameux match. Mais le clan Anouma ne semble pas voir les choses de cette façon, car si cet argent est mis à la disposition de la Fif de Dieng, il est sûr que la qualification devient possible. L’argent a été finalement décaissé, mais la Fif qui gére l’équipe nationale, ne reçoit rien. Seuls Bro Grébé et Jacques Anouma savent à quoi cette somme a servi, nous dit-on. Et on connaît la suite. Les Eléphants n’arriveront pas à se qualifier. L’équipe de Dieng est plus que jamais affaiblie. Si Dieng arrivait à se qualifier pour le mondial, après avoir gagné la Can en 1992, et tous les trophées mis en jeu par la Caf au niveau des clubs, il serait quasiment intouchable. Mais cela n’a pas été le cas. Une campagne de presse est orchestrée contre le patron de la Fédé. Les mois qui suivent, Lama Bamba, le sélectionneur de l’époque, dévoile sa liste pour la Coupe d’Afrique des nations 2002 au Mali. Un hebdomadaire pro-Gbagbo (L’œil du Peuple) barre à sa manchette : « Une liste RDR », en référence aux noms des sélectionnés à consonance nordiste. Quelle bêtise ! Les hommes de Dieng soupçonnent encore Anouma et son groupe. Et l’objectif visé sera atteint. Le groupe est déstabilisé. Et l’image de Lama Bamba et de son président sont écorchés dans une partie de l’opinion publique et auprès du nouveau pouvoir.
Ben Soumahoro entre en scène
Arrive alors la Can 2002, au Mali. C’est un bateau ivoire, qui tangue, qui s’attaquera à cette compétition. Des joueurs étaient approchés pour lever le pied. Ervé Siaba, le président de l’école de football Yéo Martial (EFYM), est au cœur des manœuvres car très proche de certains joueurs. Anouma aurait des relais à Sikasso puis à Kaye, nous dit-on. Un joueur sous le sceau de l’anonymat, nous confie que Cyrille Domoraud, un pro-Anouma était en contact avec des joueurs depuis l’Europe. Si Anouma prenait le pouvoir, il devait revenir en sélection comme capitaine. Nous étions présents dans les coulisses. La Can se termine en eau de boudin pour les Eléphants. Ils terminent derniers de la compétition. Du jamais vu dans l’histoire des Eléphants dans cette épreuve. La tête de Dieng est mise à prix. Entre-temps, à Abidjan, des proches de Gbagbo ne veulent plus de Dieng à la tête de la Fif. Et à l’époque, on a entendu cette honteuse phrase de la bouche d’un pro-Anouma. « C’est un étranger, il doit partir pour laisser la place à Anouma ». Entre-temps, le pouvoir dépêche Mamadou Ben Soumahoro auprès de Dieng pour lui demander de démissionner. Ce que refuse ce dernier. Une délégation ira rencontrer la mère du futur ex-président de la Fif, afin d’obtenir le départ de son fils de la maison de verre. La pression politique est énorme. Des présidents de clubs ont été approchés, avec à leur tête, Me Roger Ouégnin, le patron de l’Asec. Mais des pro-Dieng et membres du comité directeur n’entendent pas les choses de cette oreille. Ils ne veulent pas d’Anouma à la tête de la Fif. Surtout de cette façon. « S’il veut prendre la Fif, qu’il attende décembre pour les élections », murmurent-ils. Mais ils ne peuvent rien face au rouleau compresseur qui cartonne. Le 23 février 2002, Dieng Ousseynou est évincé. Anouma prend les rênes de la Fif. Ce jour-là, un proche de Dieng sort tout furieux du siège de la Fif et lance : « même dans une association de village, on ne peut assister à une telle mascarade. Comment quelqu’un qui n’est plus membre du comité directeur peut être désigné pour assurer l’intérim du président démissionnaire ». Mais la veille, nuitamment, le comité directeur avait été refait avec Anouma comme vice-président, a-t-on appris par la suite. Depuis lors, Dieng et son groupe ne semblent pas avoir digéré cette humiliation. Et le vent a tourné. Dieng Ousseynou veut redevenir le roi du football ivoirien. Ce qui effraie des partisans de Jacques Anouma car le feuilleton est loin de se terminer. Les jours à venir, à l’occasion de l’élection à la présidence de la Fif, on pourrait assister à un nouveau combat dantesque comme en 1999 entre les deux frères, devenus ennemis.
Choilio Diomandé
Tout se gâte entre Dieng Ousseynou, président de la Fédération ivoirienne de football et Jacques Anouma, président de la Ligue nationale en juillet 1998, lorsque ce dernier présente sa démission un soir à son bras droit. JA est désormais dans l’opposition. En 1999, il se présente contre Dieng Ousseynou à la présidence de la Fif. Au terme d’un scrutin qui restera dans les annales du football à l’immeuble CCIA au Plateau, Anouma n’arrive pas à terrasser son mentor. Un an plus tard, le paysage politique change. Le parti de Dieng Ousseynou (PDCI RDA) n’est plus aux commandes. Le Front populaire ivoirien de Laurent Gbagbo arrive au pouvoir. Dans la foulée, Jacques Anouma est nommé directeur financier de la présidence de la République. Il est désormais tout-puissant. Et forcément Dieng ne l’est plus. Mais entre-temps, Anouma rêve toujours du fauteuil de président de la Fif. Les mois qui suivent, débutent les éliminatoires de la Coupe du monde 2002. Logés dans le même groupe avec la Tunisie, Madagascar et le Congo, les Eléphants sont aux portes du mondial après un parcours quasiment parfait. Ils jouent la qualification à Pointe Noire contre les Diables rouges. Les trois points suffisent face à des Congolais déjà éliminés. La Tunisie est aussi dans la course. Quelques semaines avant ce déplacement, commencent les grandes manœuvres. Une certaine Bro Grébé est ministre des Sports et Anouma, DAF de la présidence. Et selon des sources dignes de foi, le président Laurent Gbagbo, lui, rêve de voir les Eléphants se qualifier pour la première fois à un mondial et sous son règne. Et pour maîtriser l’environnement, plus de 100 millions de francs Cfa auraient été décaissés pour ce fameux match. Mais le clan Anouma ne semble pas voir les choses de cette façon, car si cet argent est mis à la disposition de la Fif de Dieng, il est sûr que la qualification devient possible. L’argent a été finalement décaissé, mais la Fif qui gére l’équipe nationale, ne reçoit rien. Seuls Bro Grébé et Jacques Anouma savent à quoi cette somme a servi, nous dit-on. Et on connaît la suite. Les Eléphants n’arriveront pas à se qualifier. L’équipe de Dieng est plus que jamais affaiblie. Si Dieng arrivait à se qualifier pour le mondial, après avoir gagné la Can en 1992, et tous les trophées mis en jeu par la Caf au niveau des clubs, il serait quasiment intouchable. Mais cela n’a pas été le cas. Une campagne de presse est orchestrée contre le patron de la Fédé. Les mois qui suivent, Lama Bamba, le sélectionneur de l’époque, dévoile sa liste pour la Coupe d’Afrique des nations 2002 au Mali. Un hebdomadaire pro-Gbagbo (L’œil du Peuple) barre à sa manchette : « Une liste RDR », en référence aux noms des sélectionnés à consonance nordiste. Quelle bêtise ! Les hommes de Dieng soupçonnent encore Anouma et son groupe. Et l’objectif visé sera atteint. Le groupe est déstabilisé. Et l’image de Lama Bamba et de son président sont écorchés dans une partie de l’opinion publique et auprès du nouveau pouvoir.
Ben Soumahoro entre en scène
Arrive alors la Can 2002, au Mali. C’est un bateau ivoire, qui tangue, qui s’attaquera à cette compétition. Des joueurs étaient approchés pour lever le pied. Ervé Siaba, le président de l’école de football Yéo Martial (EFYM), est au cœur des manœuvres car très proche de certains joueurs. Anouma aurait des relais à Sikasso puis à Kaye, nous dit-on. Un joueur sous le sceau de l’anonymat, nous confie que Cyrille Domoraud, un pro-Anouma était en contact avec des joueurs depuis l’Europe. Si Anouma prenait le pouvoir, il devait revenir en sélection comme capitaine. Nous étions présents dans les coulisses. La Can se termine en eau de boudin pour les Eléphants. Ils terminent derniers de la compétition. Du jamais vu dans l’histoire des Eléphants dans cette épreuve. La tête de Dieng est mise à prix. Entre-temps, à Abidjan, des proches de Gbagbo ne veulent plus de Dieng à la tête de la Fif. Et à l’époque, on a entendu cette honteuse phrase de la bouche d’un pro-Anouma. « C’est un étranger, il doit partir pour laisser la place à Anouma ». Entre-temps, le pouvoir dépêche Mamadou Ben Soumahoro auprès de Dieng pour lui demander de démissionner. Ce que refuse ce dernier. Une délégation ira rencontrer la mère du futur ex-président de la Fif, afin d’obtenir le départ de son fils de la maison de verre. La pression politique est énorme. Des présidents de clubs ont été approchés, avec à leur tête, Me Roger Ouégnin, le patron de l’Asec. Mais des pro-Dieng et membres du comité directeur n’entendent pas les choses de cette oreille. Ils ne veulent pas d’Anouma à la tête de la Fif. Surtout de cette façon. « S’il veut prendre la Fif, qu’il attende décembre pour les élections », murmurent-ils. Mais ils ne peuvent rien face au rouleau compresseur qui cartonne. Le 23 février 2002, Dieng Ousseynou est évincé. Anouma prend les rênes de la Fif. Ce jour-là, un proche de Dieng sort tout furieux du siège de la Fif et lance : « même dans une association de village, on ne peut assister à une telle mascarade. Comment quelqu’un qui n’est plus membre du comité directeur peut être désigné pour assurer l’intérim du président démissionnaire ». Mais la veille, nuitamment, le comité directeur avait été refait avec Anouma comme vice-président, a-t-on appris par la suite. Depuis lors, Dieng et son groupe ne semblent pas avoir digéré cette humiliation. Et le vent a tourné. Dieng Ousseynou veut redevenir le roi du football ivoirien. Ce qui effraie des partisans de Jacques Anouma car le feuilleton est loin de se terminer. Les jours à venir, à l’occasion de l’élection à la présidence de la Fif, on pourrait assister à un nouveau combat dantesque comme en 1999 entre les deux frères, devenus ennemis.
Choilio Diomandé