Le nombre de diplômés explose littéralement, tout comme le chômage. Le gouvernement ivoirien fait feu de tout bois pour leur trouver des débouchés. Quoi de plus normal quand on sait que la paix, le principal facteur de développement, en dépend.
Le paradoxe est saisissant. D’une part, des candidats qui ont toutes les difficultés du monde à décrocher un boulot sur un marché où le chômage fait des misères. De l’autre, des entreprises qui ne parviennent pas à dénicher les bons profils sur des postes pourtant attractifs. L’inadéquation entre l’offre et la demande fait rage. Le gouvernement veut inverser la tendance. «Nous avons 4 millions de jeunes qui n’ont pas d’emploi. Si nous ne résolvons pas ce problème, autant dire que nous sommes assis sur une bombe sociale dont l’explosion sera fatale à notre pays », déclare le ministre de la Promotion des jeunes et du service civique. Alain Lobognon a rencontré, vendredi à Abidjan, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cegeci) à l’effet de créer une synergie d’actions, une plate-forme qui étudie les possibilités d’absorption de ces jeunes diplômés sans emploi. Selon le ministre Lobognon, un fichier est déjà en cours d’élaboration. C’est une sorte de matrice, un genre de répertoire qui identifie tous les jeunes en quête de boulot ainsi que leur profil. Devant les chefs d’entreprises, le ministre a réitéré les instructions du chef de l’Etat liées à l’élargissement des soutiens aux jeunes et au dispositif d’insertion.
4 millions sur le billot !
De bonnes sources évoquent, entre autres, l’augmentation des capacités d’accueil des dispositifs d’emplois, l’accroissement des incitations pour la création des petites et moyennes entreprises, tout en facilitant l’accès aux crédits. Mais, il faut le dire, ces instructions ne seront pas suivies sans quelques mesures incitatives au recrutement des jeunes demandeurs d’emplois par les promoteurs et les investisseurs. En effet, avec la crise post- électorale, la situation des entreprises s’est fortement précarisée. Conséquences, beaucoup d’entre elles ne veulent plus prendre de risques.
Ayant peu de visibilité quant à une reprise efficiente de leurs activités, elles essayent de cloner les salariés en poste. En demandant, par exemple, à un expert en informatique d’avoir des compétences relationnelles, alors que son métier est avant tout technique. Au fond, ainsi que l’a souligné le vice-président du patronat, Bernard N’doumi, le vrai problème des jeunes se trouve surtout au niveau de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Pour M. N’doumi, en effet, une parfaite coopération du système éducatif avec le milieu professionnel est plus que jamais nécessaire. «Les produits qu’on met à notre disposition ne cadrent pas souvent avec le prototype. Il y a un gouffre. Avec l’enseignement technique, nous avons mis en place un comité paritaire pour l’emploi», a fait observer le patronat, ajoutant que la politique de l’emploi doit être d’abord et avant tout impulsée par le gouvernement. «Ce qui est certain, c’est que les entreprises veulent des gens motivés, flexibles, disponibles, polyvalents et bien formés. Nous voulons un label de qualité », dit-il. D’ores et déjà, la confédération a proposé un nouveau chantier, cette fois pour « rénover » les filières de Brevet de technicien supérieur (Bts). Les propositions de changement pourraient porter sur des formules d’accompagnement personnalisé des étudiants. Mais à côté de tous ces efforts, il va falloir reformater le jeune ivoirien d’autant que, outre les critères de compétences, d’autres valeurs cardinales manquent à l’appel. «Il faut être honnête, intègre, discipliné. Il faut cultiver le travail acharné, le dévouement total à la hiérarchie ainsi que l’engagement à l’excellence », font remarquer les chefs d’entreprises. «Nous avons eu pour habitude de célébrer les médiocres. Les gens ont besoin d’avoir des références. Dans la Côte d’Ivoire du futur, nous devons avoir des modèles », s’est, par ailleurs, écœuré Bernard N’doumi. Comme répondant à ce cri du coeur, Alain Lobognon a annoncé in situ la mise en route de programmes d’excellence ainsi que l’organisation, par son ministère, des journées carrières. Histoire de mieux orienter la jeunesse.
Lanciné Bakayoko
Le paradoxe est saisissant. D’une part, des candidats qui ont toutes les difficultés du monde à décrocher un boulot sur un marché où le chômage fait des misères. De l’autre, des entreprises qui ne parviennent pas à dénicher les bons profils sur des postes pourtant attractifs. L’inadéquation entre l’offre et la demande fait rage. Le gouvernement veut inverser la tendance. «Nous avons 4 millions de jeunes qui n’ont pas d’emploi. Si nous ne résolvons pas ce problème, autant dire que nous sommes assis sur une bombe sociale dont l’explosion sera fatale à notre pays », déclare le ministre de la Promotion des jeunes et du service civique. Alain Lobognon a rencontré, vendredi à Abidjan, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cegeci) à l’effet de créer une synergie d’actions, une plate-forme qui étudie les possibilités d’absorption de ces jeunes diplômés sans emploi. Selon le ministre Lobognon, un fichier est déjà en cours d’élaboration. C’est une sorte de matrice, un genre de répertoire qui identifie tous les jeunes en quête de boulot ainsi que leur profil. Devant les chefs d’entreprises, le ministre a réitéré les instructions du chef de l’Etat liées à l’élargissement des soutiens aux jeunes et au dispositif d’insertion.
4 millions sur le billot !
De bonnes sources évoquent, entre autres, l’augmentation des capacités d’accueil des dispositifs d’emplois, l’accroissement des incitations pour la création des petites et moyennes entreprises, tout en facilitant l’accès aux crédits. Mais, il faut le dire, ces instructions ne seront pas suivies sans quelques mesures incitatives au recrutement des jeunes demandeurs d’emplois par les promoteurs et les investisseurs. En effet, avec la crise post- électorale, la situation des entreprises s’est fortement précarisée. Conséquences, beaucoup d’entre elles ne veulent plus prendre de risques.
Ayant peu de visibilité quant à une reprise efficiente de leurs activités, elles essayent de cloner les salariés en poste. En demandant, par exemple, à un expert en informatique d’avoir des compétences relationnelles, alors que son métier est avant tout technique. Au fond, ainsi que l’a souligné le vice-président du patronat, Bernard N’doumi, le vrai problème des jeunes se trouve surtout au niveau de l’inadéquation entre la formation et l’emploi. Pour M. N’doumi, en effet, une parfaite coopération du système éducatif avec le milieu professionnel est plus que jamais nécessaire. «Les produits qu’on met à notre disposition ne cadrent pas souvent avec le prototype. Il y a un gouffre. Avec l’enseignement technique, nous avons mis en place un comité paritaire pour l’emploi», a fait observer le patronat, ajoutant que la politique de l’emploi doit être d’abord et avant tout impulsée par le gouvernement. «Ce qui est certain, c’est que les entreprises veulent des gens motivés, flexibles, disponibles, polyvalents et bien formés. Nous voulons un label de qualité », dit-il. D’ores et déjà, la confédération a proposé un nouveau chantier, cette fois pour « rénover » les filières de Brevet de technicien supérieur (Bts). Les propositions de changement pourraient porter sur des formules d’accompagnement personnalisé des étudiants. Mais à côté de tous ces efforts, il va falloir reformater le jeune ivoirien d’autant que, outre les critères de compétences, d’autres valeurs cardinales manquent à l’appel. «Il faut être honnête, intègre, discipliné. Il faut cultiver le travail acharné, le dévouement total à la hiérarchie ainsi que l’engagement à l’excellence », font remarquer les chefs d’entreprises. «Nous avons eu pour habitude de célébrer les médiocres. Les gens ont besoin d’avoir des références. Dans la Côte d’Ivoire du futur, nous devons avoir des modèles », s’est, par ailleurs, écœuré Bernard N’doumi. Comme répondant à ce cri du coeur, Alain Lobognon a annoncé in situ la mise en route de programmes d’excellence ainsi que l’organisation, par son ministère, des journées carrières. Histoire de mieux orienter la jeunesse.
Lanciné Bakayoko