Amani Nguessan Michel, ex-ministre de la Défense sous le régime déchu de Laurent Gbagbo, est cité à comparaître, cette semaine, au Tribunal militaire d’Abidjan (TMA), avons-nous appris le 05 juillet 2011, auprès d’un juge militaire. L’ex-ministre de la Défense sera, notamment, attendu, par un substitut du procureur militaire de la République de Côte d’Ivoire, sur les « achats d’armes de guerre aux Etats-Unis » que le pouvoir de Laurent Gbagbo avait engagés et qui ont entraîné l’arrestation suivie de l’incarcération du colonel N’Guessan Yao, un officier des ex-Fds. Ce colonel des ex-Fds s’était rendu aux Etats-Unis en vue de conclure une opération d’achat d’armes auprès d’une firme américaine, avant de tomber, pieds et mains joints, dans une souricière de la police fédérale américaine. « Oui, le parquet militaire a ouvert, contre l’ex-ministre de la Défense N’Guessan Amani Michel, une information judiciaire. Un mandat d’amener est déjà prêt contre lui. Il sera entendu par le Parquet militaire sur le dossier d’achat des armes aux Etats-Unis qui a vu l’arrestation d’un commissaire de la Marine ivoirienne, le colonel N’Guessan Yao. L’ancien ministre de la Défense viendra nous dire comment et pourquoi, la Côte d’Ivoire, sous embargo des Nations-Unis en matière d’importation d’armes, a voulu se procurer en armes de guerre aux Etats-Unis », nous a indiqué, hier, en début d’après-midi, un substitut du procureur militaire, proche du dossier. Selon lui, un magistrat américain a été saisi par le parquet militaire d’Abidjan, aux fins d’une procédure visant à faire comparaitre Amani N’Guessan Michel et son présumé complice, le colonel Yao N’Guessan. Le colonel devrait, si le juge américain le souhaite, être extradé en Côte d’Ivoire pour y être jugé. Le Colonel N’Guessan Yao, 55 ans, commissaire de la Marine ivoirienne, est toujours aux mains des autorités judiciaires américaines depuis qu’il a été interpellé par la Cour du District Américain de San Jose, en Californie, « pour tentative d’exportation de 4000 pistolets 9 mm, 200 000 munitions et de 50 000 grenades lacrymogènes en violation de la législation américaine et d’un embargo de six ans des Nations Unies contre la Côte d’Ivoire ». A l’issue d’une audience qui s’est déroulée le lundi 15 novembre 2010, une mise en liberté sous caution a été prononcée en faveur du prévenu, par le Tribunal fédéral américain du District de San Jose en Californie du Nord. Ce jugement est toutefois assorti d’une interdiction de sortir du territoire américain. L’officier ivoirien, bien que libre de ses mouvements, est donc toujours aux mains de la justice américaine. Le colonel N’Guessan Yao était en mission commandée de la République de Côte d’Ivoire qui avait un pressant besoin d’armes à l’approche de la présidentielle du 28 novembre 2010. Le ministère de la Défense, que dirigeait Michel Amani N’Guessan, avait conclu un marché avec un marchand d’armes, qui se trouvait être un indic de la police fédérale des Etats-Unis... Rappelons que le Colonel Yao a été arrêté en août 2010, et selon le journal américain, The Washington Times, LLC, après avoir personnellement inspecté les armes dans un entrepôt de New Jersey et après avoir viré les paiements totalisant 3,8 millions de dollars, soit 1 milliard 900 millions de Francs Cfa, sur un compte bancaire spécial créé par des agents d’infiltration, il a été immédiatement mis aux arrêts. Pendant l’inspection des armes, le Colonel Yao avait même sollicité de cette source, l’émission de fausses factures afin de dissimuler la véritable nature du conteneur, proposant qu’elles décrivent son contenu comme étant des panneaux solaires ou des équipements de développement au profit de la Côte d’Ivoire. L’affaire est toujours en instruction et s’il est reconnu coupable, le Colonel Yao pourrait écoper d’une peine allant jusqu’à 10 ans de prison. Son présumé complice Amani N’Guessan, lui, encourt entre 3 et 7 ans d’emprisonnement, selon le magistrat militaire. Notons que ces armes étaient destinées, selon le ministre Michel Amani N’Guessan, à sécuriser les élections présidentielles de novembre 2010. Le procureur militaire Ange Kessi que nous avons joint, notamment, sur la fuite du commandant Abéhi, s’est voulu moins prolixe. Il a rappelé qu’Abehi Jean-Noël, dont le nom a été cité dans des tueries de femmes à Abidjan, fait déjà l’objet d’inculpation. « Nous allons lancer un mandat d’arrêt contre lui s’il est vraiment en fuite. Six (6) fois il a été convoqué, six fois il s’est dérobé. Nous allons mettre tout en œuvre pour le retrouver, le ramener et le mettre à la déposition de la justice ivoirienne. Son salaire sera bloqué et tous ses avoirs gelés. C’est la mesure immédiate que nous avons prise au niveau du Tribunal militaire d’Abidjan. Un juge d’instruction va lancer un mandat incessamment contre lui pour le retrouver, le ramener et le mettre à la disposition de la justice militaire de Côte d’Ivoire », a dit le procureur militaire, le colonel Ange-Bernard Kessi Kouamé.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA