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Politique Publié le mercredi 13 juillet 2011 | Nord-Sud

De la Pergola à la prison de Boundiali : Comment Boundiali a accueilli ses prisonniers

© Nord-Sud Par Prisca
Crise post-électorale: les victimes manifestent devant la Pergola
Samedi 2 juillet 2011. Abidjan, Marcory Zone 4C. Le “Collectif des victimes de la barbarie de Gbagbo” organise un sit-in pour réclamer le départ des cadres de l`ancien parti présidentiel de l’hôtel La Nouvelle Pergola où ils sont en résidence surveillée
Le transfert des barons de l’ancien régime de la ‘’Refondation’’ à la prison de Boundiali suscite des commentaires de tous ordres au sein de la population.

De la grande gare aux grandes surfaces en passant par le marché et les lieux de rassemblement de la ville, la nouvelle du transfert des prisonniers de la Pergola est devenue, en un temps record, le principal sujet de conversation pour les populations de Boundiali. C’est à l’écoute de la radio des Nations Unies (onuciFm) qu’elles ont été informées de la présence des membres de l’ancienne équipe gouvernementale Aké N’Gbo, de quelques dignitaires du pouvoir Fpi, du temps de l’ancien président Laurent Gbagbo. Arrivé à la tombée du soir dans la ville, le cortège s’est dirigé directement à la prison civile sans tambour ni trompette. Passant ainsi inaperçu devant une population habituée aux longs cortèges de véhicules 4x4, au son de sirènes et aux signaux de gyrophares du temps des forces nouvelles. Passé l’effet de surprise, chacun appelait ses proches pour vérifier l’information avant de la partager. Pour en avoir le cœur net, certains se sont rendus au quartier Résidentiel où se trouve la prison civile. C’est le cas de Sékongo Inza, fonctionnaire à la retraite, qui a perdu deux parents à Abobo pendant les tueries de la période post-électorale. Profitant du dimanche, il est allé s’assurer de l’information pour la transmettre à sa famille. A l’approche du lieu de détention, le dispositif inhabituel mis en place par les hommes du commandant Jah Gao, a fini par le convaincre de la présence effective des personnalités identifiées comme faisant partie des dignitaires du Front populaire ivoirien (Fpi), transférés à Boundiali. « Je suis content pour toutes ces personnes qui ont tant souffert des atrocités commises par ces hommes sans cœur. Ils ont tant méprisé les ressortissants du Nord qu’aujourd’hui, je trouve normal qu’ils séjournent dans notre cité afin de se familiariser avec le peuple épris de paix et de justice », raconte-t-il. Satisfaction et soulagement pour la quasi-totalité des personnes rencontrées sur place. Mais également une inquiétude pour tous. Des prisonniers (24) dont le nombre est jugé par certains, trop élevé pour la petite commune de Boundiali. « Avec ces personnes qui nous ont terrorisés pendant une décennie, il faut s’attendre à tout », ajoutera l’un d’entre eux, sous le couvert de l’anonymat. Précédemment domicilié à Yopougon, notre interlocuteur est arrivé à Boundiali pendant les événements qui ont secoué le pays après la proclamation des résultats de la présidentielle. Visiblement encore sous le choc, il a du mal à retenir ces larmes, à l’idée que ceux qui sont à la base de son malheur, sont non loin de lui. Raison pour laquelle, il souhaite que les nouvelles autorités prennent toutes les mesures nécessaires pour le bouclage de la zone ; sait-on jamais.

Cheick Timité, envoyé spécial à Boundiali
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