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Économie Publié le lundi 18 juillet 2011 | Soir Info

Annulation de dette, aides financières à la Côte d`Ivoire - Les raisons profondes de l`appui de la France

© Soir Info Par Emma
Coopération : le premier ministre français François Fillon à Abidjan
Jeudi 14 juillet 2011. Le Premier ministre français François Fillon est arrivé jeudi soir à Abidjan, première étape d`une mini-tournée en Afrique de l`Ouest qui doit également le mener jusqu`à dimanche au Ghana et au Gabon
Depuis l'arrivée effective d’Alassane Ouattara au pouvoir, la France ne cesse de multiplier ses « largesses » à l'égard de la Côte d'Ivoire. Déjà, aux lendemains de la chute de l'ancien chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, la France annonçait, à la mi-avril, "un soutien financier exceptionnel de 400 millions d'euros (environ 262 milliards de francs Cfa, ndlr)" à la Côte d'Ivoire, pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des populations et de la ville d'Abidjan. La Côte d'Ivoire est ainsi l'objet d'aides et d'appuis financiers tous azimuts de la part de son ancienne puissance coloniale. Et la dernière visite du Premier ministre, François Fillon, sur les bords de la lagune ébrié n'a pas dérogé à cette bienveillance. François Fillon a annoncé l'annulation de la dette bilatérale à hauteur de plus de 655 milliards de francs Cfa en plus de nombreux autres appuis tant au bénéfice du secteur public que pour les opérateurs économiques. Le locataire de Matignon a indiqué que dès 2012, son pays sera en première ligne pour participer à l'effort considérable d'annulation de la dette extérieure de la Côte d'Ivoire, dans le cadre de l'initiative internationale en faveur des pays pauvres très endettés. « Elle doit permettre à la Côte d'Ivoire de consolider son schéma de désendettement. C'est indispensable pour qu'elle puisse assainir ses finances publiques et retrouver des marges de manœuvre budgétaire », a-t-il souligné. Mais, il serait naïf de penser que la France consent autant d'efforts à un but caritatif. Les pays, dit-on, n'ont pas d'amis mais des intérêts. Le passage de François Fillon avec des centaines d'opérateurs économiques en dit long sur la volonté de la France d'assoir sa position de partenaire privilégié de la Côte d'Ivoire. En effet, des représentants d'Alstom, Bolloré, Bouygues, Total ou BNP Paribas ont fait le déplacement d'Abidjan. Ce pays, il faut le souligner, demeure le premier partenaire commercial de la Côte d'Ivoire (18 % de ses échanges extérieurs hors pétrole) où opèrent environ 140 filiales de groupes français et quelque 500 Pme françaises. Elle a été en tête des investisseurs directs étrangers en 2009. D'ailleurs, le Premier ministre français a été très clair: « les nombreuses entreprises qui sont venues avec moi vous le diront: nous sommes déterminés à rester votre partenaire le plus proche ». C'était à l'ouverture d' un forum économique franco-ivoirien, vendredi 16 juillet dernier. La Côte d'Ivoire, ont noté des observateurs, a failli échapper à la France. Aussi, celle-ci met-elle les bouchées doubles pour appâter, séduire son partenaire afin de ne pas laisser tomber le moindre contrat financier dans l'escarcelle des autres puissances qui lorgnent vers Abidjan. Par ailleurs, la place qu'occupe la Côte d'Ivoire dans l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) oblige, selon des économistes, la France à lui porter assistance. Puisque le Trésor français, aux termes d'accords économiques passés entre les pays de l'Union et l'ancienne puissance coloniale garantit la stabilité et la convertibilité du franc Cfa. Le déséquilibre occasionné par les difficultés de l'économie ivoirienne (qui pèse environ 40% de l'union) causera des dommages à la France. Qui a intérêt à ce que la locomotive de l'Union renaisse de ses cendres. Car, mieux se portera la Côte d'Ivoire, mieux ira l'Uemoa. Et quand l'union se porte bien, la France respire à plein poumon. Puisque c'est grâce à la Côte d'Ivoire, à la vérité, que se développe l’état excédentaire des comptes d’opération des pays de l‘Uemoa ouverts auprès du Trésor français. Sans cet apport puissant, la France ne garantirait pas la stabilité du franc Cfa. En somme, en aidant le pays phare de l'Uemoa à se remettre à flot, la France se met elle-même à l'abri d'une éventuelle difficulté pour assurer la stabilité du franc Cfa. Parallèlement, la bonne santé financière de la Côte d'Ivoire est bénéfique, directement, au Trésor français qui tire de cette ancienne colonie, des revenus non négligeables.

Jonas BAIKEH
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