Même si l'économie a été la plus mise en avant, avec notamment l'annulation de plus de 655 milliards FCFA (1 milliard d'euro) de la dette publique ivoirienne et le retour dans le giron de la Côte d'Ivoire des investisseurs français partis à la faveur des tristes événements de novembre 2004, n'empêche que la visite du Premier ministre français François Fillon la semaine dernière à Abidjan a été d'un ordre plus sécuritaire qu'économique et politique. On n'a qu'à bien observer l'itinéraire emprunté par le chef du gouvernement français lors de cette visite, avec notamment la visite en Côte d'Ivoire, le passage au Ghana et la fin de visite au Gabon, pour bien comprendre cet aspect hautement sécuritaire. En effet, de sources diplomatiques concordantes, la France a tenu à réitérer son soutien sans faille et ce, de façon publique, aux tenants du nouveau régime à Abidjan, surtout face aux rumeurs de déstabilisation et autres tentatives supposées d'éléments des ex-Forces de Défense et de Sécurité (FDS) favorables à l'ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. A cet effet d'ailleurs, la mise en garde publique du Premier ministre François Fillon, à la fin de sa visite à Abidjan, a été sans équivoque. Les mêmes sources précisent que l'étape du Ghana, dans le calendrier du chef du gouvernement français, consistait à prendre langue avec les autorités ghanéennes au sujet de la présence des officiers supérieurs et autres éléments des ex-FDS réfugiés sur le sol de ce pays voisin. In fine, il s'agissait en fait d'une vraie tentative pour court-circuiter une prétendue opération de déstabilisation fomentée depuis le sol ghanéen, par ces éléments des ex-FDS qui tardent à rejoindre les rangs des Forces Républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI). Cette escale en terre ghanéenne a été motivée par le fait que le courant n'est pas à la grande sympathie entre Abidjan et Accra, et que même les tenants du nouveau régime à Abidjan soupçonnent, à cause des liens d'amitié et de fraternité légendaires entre le Chef de l'État ghanéen, Son Excellence John Atta-Mills, et Laurent Gbagbo, une trop grande bienveillance de la part du régime ghanéen à l'égard de ces réfugiés ivoiriens là-bas et réputés proches de l'ancien régime. C'est même une lapalissade que de dire qu'entre Abidjan et Accra, les nuages persistent. La France, qui a déjà verrouillé les airs, puis les mers à travers la présence de bâtiments de guerre de la marine française dans nos eaux, entend maintenant verrouiller les voies terrestres. En se rendant à Monrovia, il y a quelques jours, le Président Alassane Dramane Ouattara entendait verrouiller, avec la complicité de son homologue libérien, Mme Ellen Johnson Sirleaf, les frontières ouest du pays, poreuses à souhait depuis la guerre du Liberia. Il ne lui reste maintenant que les frontières Est, nouvelle source de porosité, alors que le potentiel des ex-FDS en exil est plus que consistant. Il y a du beau monde à Accra. L'étape de Libreville a consisté, selon les mêmes sources diplomatiques, à aller voir les troupes françaises basées là-bas. Mais, il faut rappeler que dans «l'opération 11 avril» qui a vu chuter le régime Gbagbo, les légionnaires français, au nombre de 300 ou 700 selon les sources, qui ont fait le gros du boulot au sol, appuyés par les hélicoptères de combat de l'Aviation Légère de l'Armée de Terre (ALAT), sont venus de Libreville. Visite de remerciement? Visite de rémobilisation des troupes face à la menace grandissante qui se précise? L'avenir nous le dira...
JMK AHOUSSOU
JMK AHOUSSOU