On veut noyer le poisson qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Charles Blé Goudé a encore parlé pour montrer à ceux qui croient encore le contraire, qu’il est bel et bien vivant. Le leader de la galaxie patriotique a communiqué par vidéo le dimanche dernier avec ses amis de France, au cours d’une conférence organisée par le COJEP-France. Blé Goudé, au cours de son intervention, est longuement revenu sur la crise postélectorale et l’actualité sociopolitique. Mais que faut-il retenir de cette longue déclaration ? Rien du tout. Sinon que le « général de la rue » refuse d’être courageux. Il dit être « prêt à assumer sa clandestinité ». Ce n’est pas ce que les Ivoiriens lui demandent. Ce que ses compatriotes lui demandent, c’est d’assumer ses crimes. Car les crimes, Blé Goudé en a beaucoup commis. Contrairement à ce qu’il veut laisser croire. Quand on le suit tout au long de son pamphlet contre le pouvoir Ouattara, on se rend compte que le « bon petit » de Laurent Gbagbo réfute toute responsabilité dans le beau gâchis que lui et son mentor ont servi aux Ivoiriens après le scrutin du 28 novembre 2010. Pour lui, les seuls coupables du désastre humanitaire postélectoral sont Alassane Ouattara et Guillaume Soro. Lui, Blé, s’est contenté de lancer « des appels à la mobilisation populaire » aux jeunes patriotes pour défendre leur pays contre « des bandes armées venus du nord » pour renverser Laurent Gbagbo avec la complicité de la France. Mais Blé Goudé ne dit pas mot des conséquences qu’ont engendrées ces appels répétés au sein de la société ivoirienne. Blé Goudé feint d’oublier que lorsqu’on dit à des jeunes nourris, pendant des années, à la sève de la haine que « si vous voyez dans votre entourage, quelqu’un que vous ne connaissez pas, signalez-le ! », c’est signer l’arrêt de mort de tous les inconnus qui se hasardent dans un quartier où le délit de faciès est la chose la mieux partagée. Dans un contexte aussi tendu que la période postélectorale, lorsque Blé Goudé demandait aux jeunes des parlements et agoras de venir se faire enrôler dans l’armée, à quoi s’attendait-il ? Que ces jeunes, après ce message, viennent embrasser tous ceux qui ne partageaient pas la même opinion qu’eux ? Quand les tueries ont commencé à Abidjan et dans d’autres villes de la Côte d’Ivoire, après son appel à faire barrage au complot de la communauté internationale et du RHDP contre la Côte d’Ivoire, qu’a-t-il fait pour mettre un terme aux assassinats ? Rien. Au contraire, de nombreux témoignages ont révélé qu’il a lancé ses lieutenants dans toutes les régions de Côte d’Ivoire pour distribuer des armes à la population. Charles Blé Goudé lui-même a tenu des réunions secrètes avec l’Etat-major pour demander aux commandants des ex-FDS de ne pas laisser « le Mossi » diriger la Côte d’Ivoire. Mieux, il s’est rendu sur le terrain pour encourager les miliciens et mercenaires à exceller dans leur boucherie. Les faits sont têtus et les photos de ses descentes répétées dans les rues d’Abidjan au plus fort de la crise, sont encore là pour l’attester. Le leader de l’alliance pour le sursaut national veut se donner une virginité. Mais son discours le trahit. Blé Goudé parle des massacres des Bété, des Agni, des Akyé, des Abbey, etc. Parce que, selon lui, ces peuples ont voté Laurent Gbagbo. Y a-t-il meilleur appel à la haine et à la division que ces propos dangereux pour la cohésion sociale ? Apparemment, l’âme damnée de Laurent Gbagbo n’a pas encore tiré les leçons de la grave crise que les Ivoiriens viennent de vivre. Et c’est vraiment dommage pour quelqu’un qui prétend être victime d’une cabale juridico-politique. Blé Goudé souhaite que la lumière soit faite sur tous les crimes qu’a connu le pays. Mais c’est ce souhaite également le président Ouattara. Et à maintes reprises, il l’a répété. « Tous les crimes seront jugés et les coupables seront punis. Car il faut mette fin à l’impunité en Côte d’Ivoire », ne cesse-t-il de réitérer depuis la fin de la crise. Blé Goudé dit ne rien se reprocher. Dans ce cas, il lui appartient de se mettre à la disposition de la justice ivoirienne qui, le moment opportun, se chargera de le blanchir. Au lieu de se plaindre du mandat d’arrêt international lancé contre lui. A vrai dire, Charles Blé Goudé, à travers cette sortie malencontreuse, achève de montrer aux Ivoiriens qu’il est un faux courageux, qui refuse d’assumer ses actes. Malheureusement pour lui, tôt ou tard, il doit s’attendre à en répondre devant la justice un jour. Et ce jour-là, ni les menaces ni le chantage honteux qu’il tente de faire aux nouvelles autorités n’y pourront rien.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly