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Afrique Publié le mercredi 20 juillet 2011 | Le Democrate

Insécurité: Les 10 pays les plus dangereux d’Afrique

Une dizaine de pays du continent figurent dans le Global Peace Index, un classement des pays gangrenés par la violence. En guerre ou cherchant à en sortir, il est risqué de s`y rendre et souvent dangereux d`y vivre.

Depuis 2007, le Global Peace Index, une étude réalisée par l’institut de recherche Economics and Peace, classe 153 pays du globe du plus sûr au plus dangereux. Les 10 pays les plus dangereux d`Afrique sont soit des Etats embourbés depuis plusieurs années dans une guerre civile ou frontalière, soit des pays ayant conclu récemment des accords de paix, mais encore confrontés à des violences régulières qui les déstabilisent. Le classement évalue dans ce cas, les risques de reprise des combats et de résurgence de l’instabilité politique. Sont également prises en compte les menaces terroristes, dont certaines sont liées à Al-Qaida. Le classement 2011 est marqué par le printemps arabe et son impact sur la stabilité des pays de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Ainsi, des pays comme la Tunisie ou la Libye, pourtant présentés dans le précédent classement comme des havres de paix, figurent aujourd`hui dans le tableau noir.

10 - Ethiopie: risques de résurgence des conflits antérieurs

L’Ethiopie a encore des relations tendues avec son voisin érythréen, plus de dix ans après la fin de la guerre qui les a opposés. Malgré la reconnaissance de la frontière établie par la Cour de justice internationale, le pays n’a pas entièrement retiré ses troupes de la région de Badme, au Nord, attribuée à l’Erythrée. Par ailleurs, l‘Ethiopie est confrontée à deux mouvements indépendantistes sur son territoire. Le premier, le Front de libération Oromo, touche une région très stratégique au sud-ouest, la plus peuplée d’Ethiopie et qui recèle d’importantes ressources naturelles. Le second, le Front national de libération de l’Ogaden, est basé à l’est, à la frontière avec la Somalie, et est doté d’une branche armée. Sur le plan politique, les élections générales de 2010 se sont déroulées dans le calme. Elles ont été remportées par le parti de Meles Zenawi, Premier ministre depuis 19 ans. Cependant, ce résultat a été dénoncé par plusieurs partis d’opposition réunis au sein de l`alliance du Medek.

9 - Burundi: crainte d’une radicalisation de l’opposition

Le Burundi a connu une guerre civile durant quinze ans. Les racines du conflit étaient les mêmes que celles de son voisin rwandais: l’opposition entre les Tutsi (qui détiennent l’essentiel du pouvoir et des richesses) et les Hutus (plus nombreux et plus pauvres). Le cessez-le-feu définitif a été établi avec les forces rebelles Hutu du Front national pour la libération (FLN), l’ultime groupe encore armé en 2008. Ce dernier, renonçant à la lutte armée, est devenu un parti politique.La tenue d’élections en 2010 était donc un test pour la stabilité politique du pays. Première étape: les élections locales ont conduit à la victoire du parti au pouvoir le Conseil national pour la défense de la démocratie et des forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD), avec 64% des voix. Le résultat, reconnu par la communauté internationale, a été contesté par l’opposition, le FLN en tête. Deuxième étape, les élections législatives et présidentielle. Elles se sont tenues dans le calme, l’opposition ayant boycotté les scrutins en geste de protestation. Par la suite, de nouvelles violences ont éclaté, faisant craindre une radicalisation de l’opposition.

8 - Zimbabwe: reprise des violences politiques

Le Zimbabwe, sous le régime autoritaire de Robert Mugabe depuis 1980, a connu une vague de violences après l’élection présidentielle controversée en 2008. Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai, son principal rival, ont tous deux revendiqué la victoire au premier tour. Après le retrait de la course du second, le premier a été élu président et un accord de partage du pouvoir signé en septembre 2008. La situation politique du pays a donné des signes d’apaisement en 2009 avec la mise en place d’un régime à deux têtes avec comme président, Robert Mugabe et comme Premier ministre Morgan Tsvangirai. Cette organisation bicéphale était provisoire et devait donner lieu à la rédaction d’une Constitution, préalable à la tenue d’une nouvelle élection présidentielle. Seulement, en 2010, les tentatives du Premier ministre pour élaborer la Constitution ont été sabotées par le camp de Robert Mugabe. Des réunions publiques ont été interdites, procédant à des arrestations arbitraires, des pillages et des mises à sac. Dans ces conditions, l`élection présidentielle a peu de chances de se tenir en 2011.

7 - Tchad: pacification des relations de voisinage

Le Tchad a sensiblement amélioré sa situation grâce à l’amélioration des relations avec les pays limitrophes. En 2009, la signature des accords de Doha avec le Soudan a amorcé une pacification des rapports entre les deux. En 2010, une force de coalition entre le Tchad et le Soudan a été officialisée. Cette embellie n’est pas sans conséquence sur le conflit à l’est, hérité des tensions au Darfour (de l’autre côté de la frontière). Le gouvernement soudanais a en effet retiré son soutien aux rebelles opérant au Tchad. Par conséquent, malgré quelques soubresauts, il a été mis fin à l’intrusion de bandes armées au Tchad, avec la défaite des rebelles de l’Union des forces de la résistance et la signature de l’accord de normalisation. La situation politique du pays s’est également stabilisée dans la perspective de l’élection présidentielle, où Idriss Déby a sans surprise (faute d’opposition structurée) été réélu.

6 - Nigeria: entre guerre de religion et guerre économique

L’instabilité qui règne dans le Centre et le Sud du pays ne s’est pas calmée avec la réélection de Goodluck Jonathan en avril 2011. Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec ses 155 millions d’habitants, est marqué par un conflit au centre, dans la région de Jos. Des tueries entre musulmans et chrétiens ont provoqué près de 20.000 morts sur les dix dernières années. 2010 a été ponctuée par des meurtres de chrétiens dans la région de Jos. Le motif religieux souvent évoqué n’est pas l’unique raison à ce conflit. Des motivations économiques ont conduit à la migration vers le sud (majoritairement chrétien) des éleveurs chrétiens sans terre. Une autre bataille économique se joue dans le delta du Niger, au sud. Le gouvernement nigérian est aux prises avec un groupe terroriste. Ce dernier attaque les installations et le personnel des compagnies pétrolières. Appelé Mouvement pour l`émancipation du delta du Niger (MEND), il a multiplié les enlèvements d`expatriés et les attaques sur les oléoducs, réduisant à néant les tentatives d’armistice engagées par l’Etat. Le pays aurait perdu un quart de sa production pétrolière à cause de ces attaques.

5 - Libye: le printemps arabe tourne à la guerre civile

La Libye est entrée en guerre civile à la suite du soulèvement populaire de février 2011. Les manifestations, inspirées des exemples tunisien et égyptien, ont conduit à la chute de l`autorité de Mouammar Kadhafi dans l’est du pays, particulièrement dans la ville de Benghazi où avait commencé l’insurrection. Plusieurs responsables du régime ont rejoint l’opposition. Face à cette situation, le Guide libyen a répondu par la force début mars, lançant ses troupes contre les villes rebelles. L’intervention internationale qui a eu lieu le 20 mars (après l’établissement du classement), sous la bannière de l’Otan n’a pas abouti à la sortie de crise rapide espérée.

4 - République Centrafricaine: une année préélectorale mouvementée

La République Centrafricaine est désormais placée dans les 10 pays les plus dangereux au monde. La période 2010/2011 a été marquée par une nouvelle agitation dans plusieurs zones de tension du pays. Un climat dû à la tenue, en janvier 2011, de l’élection présidentielle, qui a vu la réélection de François Bozizé. Au Nord-est dans la zone frontalière avec le Soudan et le Tchad, l’armée régulière a fait face à des groupes rebelles jusqu’en 2008. Là, un accord de paix a été signé avec quatre des factions armées présentes dans la zone. Seulement, certains groupes non signataires sévissent toujours. En 2010, peu de temps après le retrait de la mission de l’ONU, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), a attaqué la ville de Birao, finalement reprise par les troupes gouvernementales aidées de l’armée soudanaise. Le gouvernement centrafricain tente pourtant de militariser cette zone où prolifèrent les armes légères. Autre terrain sensible, le sud-est du pays où sévit les troupes de la Lord’sResistanceArmy (LRA) menée par Joseph Kony, personnage sous le coup d’un mandat d`arrêt international depuis 2005. Ce groupe, des plus violents, est apparu il y a 20 ans en Ouganda et a pris une envergure internationale occupant également la RDC et le Sud-Soudan. Ils s’adonnent à des pillages et à des enlèvements de civils.

3 - République démocratique du Congo: l’émergence d’une menace terroriste

La République démocratique du Congo est empoisonnée par l’activité sur les franges de son territoire, de plusieurs groupes armés et terroristes concentrés à l’est du pays. C’est principalement au Kivu, dans la région des Grands Lacs, que la situation s’est envenimée en 2010.Ce conflit né de l’arrivée massive de réfugiés à la fin du génocide rwandais, oppose notamment les forces de l’armée nationale (FARDC) et le congrès national pour la défense des peuples (CNDP) de Laurent Nkunda, un ancien militaire Tutsi. Malgré une tentative d’intégration du CNPD à l’armée régulière et un accord de cessez-le-feu en 2008, ce dernier est régulièrement violé. En 2010, de nombreux combats entre les deux parties ont éclaté. D’autant que le gouvernement congolais, mené par Joseph Kabila, s’est attaqué à l’économie tenue par les forces rebelles en interdisant l’activité dans les mines du Nord et Sud-Kivu. Toujours à l’est, le gouvernement congolais est aux prises avec des rebelles ougandais. Or, en 2010, les soupçons de lien entre ces derniers et un groupe islamiste fondamentaliste somalien proche d’al-Qaida se sont confirmés.

2 - Soudan: des solutions politiques aux conflits fragiles

En 2010, la situation du Soudan —déjà mauvaise— a empiré. Le pays est en proie depuis plusieurs années à deux conflits intérieurs lourds de conséquences sur les plans humain et politique. A l’ouest dans la région du Darfour, le conflit a duré quatre ans. Il a fait 300.000 morts (y compris ceux dus à la famine et aux maladies) et 2,7 millions de déplacés. En 2006, un accord de paix est signé entre le gouvernement du président Omar el-Béchir et le Mouvement pour la justice et d’égalité (JEM), le plus puissant des groupes rebelles. Mais, la paix est fragile, l’ensemble des factions ne l’ayant pas signée. En 2010, des heurts opposent à nouveau le gouvernement et plusieurs groupes armés (dont le JEM) au Nord et à l’Ouest de la région, conduisant l’ONU à prolonger son intervention d’un an. Au Sud, le conflit du Soudan du Sud est en voie d’achèvement avec le référendum d’auto-détermination qui s’est tenu en janvier 2011 et qui a abouti à la proclamation, le 9 juillet, de la République du Soudan du Sud. Le scrutin a provoqué le déplacement de plus de 2,4 millions de civils. En outre, la situation de la zone d’Abyei, exclue du vote de janvier, reste encore incertaine. Malgré ces tensions, le reste du pays est relativement stable, notamment Karthoum, la capitale. En témoigne le déroulement dans le calme de l’élection présidentielle de 2010.

1 - La Somalie: vingtième année de guerre civile généralisée

La Somalie est plongée depuis 1991 dans une guerre civile. Un conflit qui oppose le gouvernement de transition, soutenu par l’ONU et conduit par le président Cheikh Sharif Sheikh Ahmed, à plusieurs groupes de rebelles islamistes, pour certains proches d’al-Qaida. Non reconnu à l’intérieur du territoire somalien, le gouvernement de Cheikh Sharif Sheikh Ahmed n’arrive pas à imposer un Etat opérationnel sur l’ensemble du pays. Le seul morceau de territoire qu’il contrôle encore est une partie de la capitale Mogadiscio. La ville est le théâtre régulier, notamment en 2010, de combats violents entre les deux camps pour en conserver la maîtrise. La terreur dans le pays a eu pour conséquence le déplacement de plus de 1,9 million de personnes, soit plus de 20% des Somaliens selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il est difficile d’entrevoir une stabilisation du pays. Le mandat du gouvernement de transition, censé s’achever en août 2011, a été prolongé d`un an, d`un commun accord avec toutes les parties, afin d`organiser des élections dans de meilleures conditions. La transition actuelle devrait également aboutir à la création d’une République fédérale, chose inenvisageable pour le moment.

Virginie Pascase
slateafrique.com
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