Les tracasseries routières discréditent le corridor ivoirien. Les opérateurs économiques n’en peuvent plus et les caisses de l’Etat en souffrent terriblement. Pourtant, la Côte d’Ivoire tente de refaire son retard. «Il faut des efforts aussi bien au niveau du respect des règles par les chauffeurs qu’au niveau de la répression des ripoux», alerte le superviseur national de l’Observatoire des pratiques illicites, Anselme Koué.
l Vous êtes responsable de l’Observatoire des pratiques anormales pour la Côte d’Ivoire. Quelles sont vos missions ?
L’Observatoire des pratiques anormales sur les axes routiers est une émanation de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) mis en place en 2005 avec l’appui technique et financier de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). La Côte d’Ivoire a intégré le système en février 2010. Concrètement, il sert à répertorier les difficultés que les chauffeurs rencontrent sur les corridors dans le cadre du commerce transfrontalier. En tant que point focal, nous avons une feuille de route qui nous est donnée par le Trade hub qui est un organisme de facilitation des échanges internationaux. Pour l’heure, on se limite aux axes Abidjan-Ouaga et Abidjan-Bamako.
l Comment se font vos enquêtes sur le terrain ?
Les contrôles se font de manière assez simple. Le point focal remet des fiches d’enquêtes à des chauffeurs qui sont en règle. Je veux dire que toutes les pièces du camion sont conformes à la réglementation. Le chauffeur mentionne sur les fiches d’enquête les différents prélèvements illicites effectués sur le trajet.
l Le dernier rapport de l’Uemoa relatif aux tracasseries sur les corridors terrestres met la Côte d’Ivoire en tête du peloton. Comment réagissez-vous à cette situation ?
Nous sommes en tête parce que nous étions en situation exceptionnelle. La zone Centre, nord et ouest (Cno) n’était pas du tout contrôlée. Je veux dire que les Forces nouvelles avec leurs contraintes avaient de fortes prétentions. La preuve, ce sont les Forces nouvelles qui ont le plus fort taux de pratiques illicites dans toute la sous région. Cela dit, je n’ai pas l’intention d’absoudre les ex-Forces de défense et de sécurité qui ont, elles aussi, soumis les opérateurs économiques de l’hinterland à un régime absolument scandaleux. Mais, je pense qu’avec la réunification et le retour de l’Etat de droit, les choses vont évoluer positivement.
l Le Transit routier inter-Etats (Trie) a été mis en route en août 2001. Mais, depuis 2004, il est en berne. Est-ce que cela a une relation avec notre mauvais rang ?
Ce système a été conçu pour être le moyen par excellence de règlement des problèmes de la route. Dans la convention, il était prévu que les camions soient scellés au départ de la cargaison dans le respect de toutes les normes et des dispositions réglementaires. Si le Trie devenait effectif, on se rendrait compte qu’il resterait trois postes de contrôle. Un contrôle au chargement, un contrôle au poste frontière et un contrôle au dédouanement de la marchandise. C’est ce que la commission de l’Uemoa recommande. Nous sommes convaincus que l’application du règlement 14, relatif au respect de la charge à l’essieu de cette institution communautaire, peut apporter de réelles solutions au problème des prélèvements indus sur les routes. Les textes sont amers mais il faut qu’on les applique de manière rigoureuse pour faire avancer les choses.
l Le gouvernement a réduit officiellement les barrages à 22 sur l’ensemble du territoire. Mais, combien de barrages existent-ils sur les corridors allant au Mali et au Burkina Faso ?
Je dois dire que le projet gouvernemental est louable. Mais, la volonté politique doit continuer à se manifester et à être plus incisive sur le terrain. Dans notre dernier rapport qui date d’avant la crise post-électorale, on comptait 39 barrages entre les parcs de l’Office ivoirien des chargeurs (Oic) et la frontière malienne à Pogo. Au niveau de Ouangolo, l’on dénombrait 35 barrages. Nous espérons donc que la nouvelle évaluation va constater la baisse considérable de ces barrages ainsi que l’ont décidé les autorités gouvernementales.
l D’aucuns pensent que le poste de contrôle ne doit pas servir à autre chose qu’à la vérification des documents administratifs …
Les postes de contrôle peuvent se limiter uniquement au contrôle des documents si les marchandises sont contrôlées et scellées au départ. Je répète que mon souhait est que le règlement 14 du 16 décembre 2005 soit appliqué intégralement. C’est ce qui se passe en Namibie et tout le monde cite ce pays en exemple.
l D’une part, les forces de l’ordre évoquent les risques sécuritaires liés à la fragilité de la Côte d’Ivoire. D’autre part, les opérateurs économiques estiment que les contrôles intempestifs sont un frein à la compétitivité de leurs activités. Comment rapprocher les positions ?
Je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques et je ne veux pas nier les difficultés qui existent ou qui ont existé. Mais, je pense que la question sécuritaire ne doit pas être un prétexte pour multiplier les contrôles. Nous disons qu’un véhicule en règle, contrôlé au départ notamment au chargement, peut circuler librement jusqu’à la frontière.
Réalisée à Niamey par Lanciné Bakayoko
l Vous êtes responsable de l’Observatoire des pratiques anormales pour la Côte d’Ivoire. Quelles sont vos missions ?
L’Observatoire des pratiques anormales sur les axes routiers est une émanation de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) mis en place en 2005 avec l’appui technique et financier de l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). La Côte d’Ivoire a intégré le système en février 2010. Concrètement, il sert à répertorier les difficultés que les chauffeurs rencontrent sur les corridors dans le cadre du commerce transfrontalier. En tant que point focal, nous avons une feuille de route qui nous est donnée par le Trade hub qui est un organisme de facilitation des échanges internationaux. Pour l’heure, on se limite aux axes Abidjan-Ouaga et Abidjan-Bamako.
l Comment se font vos enquêtes sur le terrain ?
Les contrôles se font de manière assez simple. Le point focal remet des fiches d’enquêtes à des chauffeurs qui sont en règle. Je veux dire que toutes les pièces du camion sont conformes à la réglementation. Le chauffeur mentionne sur les fiches d’enquête les différents prélèvements illicites effectués sur le trajet.
l Le dernier rapport de l’Uemoa relatif aux tracasseries sur les corridors terrestres met la Côte d’Ivoire en tête du peloton. Comment réagissez-vous à cette situation ?
Nous sommes en tête parce que nous étions en situation exceptionnelle. La zone Centre, nord et ouest (Cno) n’était pas du tout contrôlée. Je veux dire que les Forces nouvelles avec leurs contraintes avaient de fortes prétentions. La preuve, ce sont les Forces nouvelles qui ont le plus fort taux de pratiques illicites dans toute la sous région. Cela dit, je n’ai pas l’intention d’absoudre les ex-Forces de défense et de sécurité qui ont, elles aussi, soumis les opérateurs économiques de l’hinterland à un régime absolument scandaleux. Mais, je pense qu’avec la réunification et le retour de l’Etat de droit, les choses vont évoluer positivement.
l Le Transit routier inter-Etats (Trie) a été mis en route en août 2001. Mais, depuis 2004, il est en berne. Est-ce que cela a une relation avec notre mauvais rang ?
Ce système a été conçu pour être le moyen par excellence de règlement des problèmes de la route. Dans la convention, il était prévu que les camions soient scellés au départ de la cargaison dans le respect de toutes les normes et des dispositions réglementaires. Si le Trie devenait effectif, on se rendrait compte qu’il resterait trois postes de contrôle. Un contrôle au chargement, un contrôle au poste frontière et un contrôle au dédouanement de la marchandise. C’est ce que la commission de l’Uemoa recommande. Nous sommes convaincus que l’application du règlement 14, relatif au respect de la charge à l’essieu de cette institution communautaire, peut apporter de réelles solutions au problème des prélèvements indus sur les routes. Les textes sont amers mais il faut qu’on les applique de manière rigoureuse pour faire avancer les choses.
l Le gouvernement a réduit officiellement les barrages à 22 sur l’ensemble du territoire. Mais, combien de barrages existent-ils sur les corridors allant au Mali et au Burkina Faso ?
Je dois dire que le projet gouvernemental est louable. Mais, la volonté politique doit continuer à se manifester et à être plus incisive sur le terrain. Dans notre dernier rapport qui date d’avant la crise post-électorale, on comptait 39 barrages entre les parcs de l’Office ivoirien des chargeurs (Oic) et la frontière malienne à Pogo. Au niveau de Ouangolo, l’on dénombrait 35 barrages. Nous espérons donc que la nouvelle évaluation va constater la baisse considérable de ces barrages ainsi que l’ont décidé les autorités gouvernementales.
l D’aucuns pensent que le poste de contrôle ne doit pas servir à autre chose qu’à la vérification des documents administratifs …
Les postes de contrôle peuvent se limiter uniquement au contrôle des documents si les marchandises sont contrôlées et scellées au départ. Je répète que mon souhait est que le règlement 14 du 16 décembre 2005 soit appliqué intégralement. C’est ce qui se passe en Namibie et tout le monde cite ce pays en exemple.
l D’une part, les forces de l’ordre évoquent les risques sécuritaires liés à la fragilité de la Côte d’Ivoire. D’autre part, les opérateurs économiques estiment que les contrôles intempestifs sont un frein à la compétitivité de leurs activités. Comment rapprocher les positions ?
Je ne voudrais pas rentrer dans les polémiques et je ne veux pas nier les difficultés qui existent ou qui ont existé. Mais, je pense que la question sécuritaire ne doit pas être un prétexte pour multiplier les contrôles. Nous disons qu’un véhicule en règle, contrôlé au départ notamment au chargement, peut circuler librement jusqu’à la frontière.
Réalisée à Niamey par Lanciné Bakayoko