Le système éducatif ivoirien a connu un chamboulement des plus spectaculaires dans tous les établissements primaires et secondaires publics ces dernières années. Ceci du fait de l’instauration des coges (comité de gestion des établissements scolaires) par le gouvernement d’alors, avec comme Ministre de l’Education Nationale et de la Formation de Base, un certain Pierre Kipré, en 1995.
Les élèves et parents d’élèves des écoles primaires et secondaires de l’enseignement public de la commune de Bouaké ne savent plus à quel saint se vouer. Vu le nombre très important d’élèves mis à la porte du fait du non paiement du tarif exigé par le Coges de leurs écoles. En effet, d’innombrables convocations sont remises aux parents par leur progéniture inscrite dans les différents établissements scolaires de la capitale de la paix. Et le tarif fixé par le Coges est à double vitesse. Il varie d’un établissement à un autre. Pour de plus amples informations, nous nous rendons, le vendredi 20 mai, à la direction régionale de l’éducation nationale (DREN) de Bouaké 1 afin d’être situés sur le problème et connaitre le rôle exact des Coges et leur fonctionnement dans les écoles. «Le Coges n’a jamais dit de chasser les élèves de la classe», a indiqué M. Kékémo A. Daniel, directeur régional de l’éducation nationale de Bouaké 1. Au cours de l’entretien, il affirme que l’instauration des Coges est «un effort des parents pour soutenir le gouvernement et c’est une bonne chose». Et pourtant les élèves désapprouvent cette politique. Dans les établissements visités au cours de notre enquête, les élèves ont tous la même position sur la question. Au lycée moderne de nimbo (ex-COB), Ils sont unanimes. Il faut supprimer les Coges. «Ils nous fatiguent avec leurs cotisations récurrentes. On doit payer les rames, les tenues de sport et même une brique par élève pour refaire la clôture de l‘école», a déploré Alfred, élève en terminale D2. «Chaque élève a payé 700 F pour, dit-on, l’ouverture de l’infirmerie du lycée. Les 4800 F exigés par le Coges pour tous les 2615 élèves servent à quoi faire? », s’interroge-t-il. «Je suis d’accord pour la gratuité, cependant il faut avoir de l’imagination pour ne pas fermer l‘école», réplique Coulibaly Niandepeta, président du Coges dudit lycée. En visite d’inspection, il a déploré le fait que les livres qui devraient être donnés gratuitement au élèves, leurs soient loués. Certains présidents de Coges ont peur d’aborder la question. De plus, les employés du Coges que nous avons rencontrés grognent. Ils ne touchent qu’un salaire misérable de 40.000 F/mois. Pourtant, les 5057 élèves du plus grand établissement scolaire de la Côte d’Ivoire paient aussi les cotisations. Le collège moderne Koko reste muet en notre présence. Les informations demandées dérangent. Personne ne veut nous parler. Un enseignant de l’école, sous le couvert de l’anonymat, nous confie le détournement de plus de 2.000.000 F CFA par les gestionnaires du Coges de l’année précédente. La grande vague de cotisations effectuées par les élèves du public n’a pas épargné les deux établissements des filles de la vallée du bandama. Si les 7.000 F CFA payés par chacune des 715 filles du lycée moderne des jeunes filles ont permis à Traoré Mamadou, président du Coges et son équipe de mettre un accent très particulier sur l’environnement de l’école, ce n’est pas le cas pour le collège des jeunes filles qui attend en vain l’arrivée d’une infirmière , a indiqué Mme Sako Sita, proviseur du collège. Une source nous informe qu’au cours d’une récente rencontre entre les responsables des Coges des écoles de Bouaké, Camara Djiguiba, président du Coges du lycée moderne belleville a déclaré avoir 13 bénévoles dans son établissement alors qu’à nous, il en a déclaré 22. Ce qui laisse croire qu’il y a des pratiques obscures qui s’y déroulent. Malgré les nombreuses cotisations imposées aux élèves, les établissements ne sont pas entretenus. Le lycée moderne 2 a tout l’air d’un vaste champ de maïs. Nous avons pu rencontrer quelques élèves qui ont étalé les lacunes des responsables du Coges. «Il n’y a pas de latrines. En cas de diarrhée, il vaut mieux aller prendre un billet pour rentrer à la maison», ironisent-ils. Une petite lumière vient néanmoins éclairer ce sombre tableau. La bonne gestion de Coulibaly Souleymane, président du Coges du lycée classique de Bouaké qui a pourtant le taux de cotisation le plus bas, 3.000 F CFA au lieu de 7 000 F comme dans tous les Lycées et Collèges visités. En plus, c’est l’école qui paie le mieux ses bénévoles avec un salaire de 50 000 F CFA. Notre investigation nous a emmenés aussi dans quelques écoles primaires publiques de la ville de Bouaké. Dans ces lieux, les élèves n’ont aucune notion du Coges. Pourtant ils paient leur cotisation, et pire, les livres qui leurs ont été offerts gracieusement par des organisations internationales leurs sont loués. Si certains présidents de Coges veulent investir pour le bien-être de leur école, d’autres par contre sont à ce poste pour se mettre plein les poches. Un séminaire s’est tenu, récemment, à Yamoussoukro, avec tous les acteurs du système éducatif, sur la question des Coges. La majorité des parents d’élèves attendent fermement les décisions de madame la Ministre de l’Education Nationale et de la formation de Base sur la question.
TK EMILE
(Correspondant régional)
Les élèves et parents d’élèves des écoles primaires et secondaires de l’enseignement public de la commune de Bouaké ne savent plus à quel saint se vouer. Vu le nombre très important d’élèves mis à la porte du fait du non paiement du tarif exigé par le Coges de leurs écoles. En effet, d’innombrables convocations sont remises aux parents par leur progéniture inscrite dans les différents établissements scolaires de la capitale de la paix. Et le tarif fixé par le Coges est à double vitesse. Il varie d’un établissement à un autre. Pour de plus amples informations, nous nous rendons, le vendredi 20 mai, à la direction régionale de l’éducation nationale (DREN) de Bouaké 1 afin d’être situés sur le problème et connaitre le rôle exact des Coges et leur fonctionnement dans les écoles. «Le Coges n’a jamais dit de chasser les élèves de la classe», a indiqué M. Kékémo A. Daniel, directeur régional de l’éducation nationale de Bouaké 1. Au cours de l’entretien, il affirme que l’instauration des Coges est «un effort des parents pour soutenir le gouvernement et c’est une bonne chose». Et pourtant les élèves désapprouvent cette politique. Dans les établissements visités au cours de notre enquête, les élèves ont tous la même position sur la question. Au lycée moderne de nimbo (ex-COB), Ils sont unanimes. Il faut supprimer les Coges. «Ils nous fatiguent avec leurs cotisations récurrentes. On doit payer les rames, les tenues de sport et même une brique par élève pour refaire la clôture de l‘école», a déploré Alfred, élève en terminale D2. «Chaque élève a payé 700 F pour, dit-on, l’ouverture de l’infirmerie du lycée. Les 4800 F exigés par le Coges pour tous les 2615 élèves servent à quoi faire? », s’interroge-t-il. «Je suis d’accord pour la gratuité, cependant il faut avoir de l’imagination pour ne pas fermer l‘école», réplique Coulibaly Niandepeta, président du Coges dudit lycée. En visite d’inspection, il a déploré le fait que les livres qui devraient être donnés gratuitement au élèves, leurs soient loués. Certains présidents de Coges ont peur d’aborder la question. De plus, les employés du Coges que nous avons rencontrés grognent. Ils ne touchent qu’un salaire misérable de 40.000 F/mois. Pourtant, les 5057 élèves du plus grand établissement scolaire de la Côte d’Ivoire paient aussi les cotisations. Le collège moderne Koko reste muet en notre présence. Les informations demandées dérangent. Personne ne veut nous parler. Un enseignant de l’école, sous le couvert de l’anonymat, nous confie le détournement de plus de 2.000.000 F CFA par les gestionnaires du Coges de l’année précédente. La grande vague de cotisations effectuées par les élèves du public n’a pas épargné les deux établissements des filles de la vallée du bandama. Si les 7.000 F CFA payés par chacune des 715 filles du lycée moderne des jeunes filles ont permis à Traoré Mamadou, président du Coges et son équipe de mettre un accent très particulier sur l’environnement de l’école, ce n’est pas le cas pour le collège des jeunes filles qui attend en vain l’arrivée d’une infirmière , a indiqué Mme Sako Sita, proviseur du collège. Une source nous informe qu’au cours d’une récente rencontre entre les responsables des Coges des écoles de Bouaké, Camara Djiguiba, président du Coges du lycée moderne belleville a déclaré avoir 13 bénévoles dans son établissement alors qu’à nous, il en a déclaré 22. Ce qui laisse croire qu’il y a des pratiques obscures qui s’y déroulent. Malgré les nombreuses cotisations imposées aux élèves, les établissements ne sont pas entretenus. Le lycée moderne 2 a tout l’air d’un vaste champ de maïs. Nous avons pu rencontrer quelques élèves qui ont étalé les lacunes des responsables du Coges. «Il n’y a pas de latrines. En cas de diarrhée, il vaut mieux aller prendre un billet pour rentrer à la maison», ironisent-ils. Une petite lumière vient néanmoins éclairer ce sombre tableau. La bonne gestion de Coulibaly Souleymane, président du Coges du lycée classique de Bouaké qui a pourtant le taux de cotisation le plus bas, 3.000 F CFA au lieu de 7 000 F comme dans tous les Lycées et Collèges visités. En plus, c’est l’école qui paie le mieux ses bénévoles avec un salaire de 50 000 F CFA. Notre investigation nous a emmenés aussi dans quelques écoles primaires publiques de la ville de Bouaké. Dans ces lieux, les élèves n’ont aucune notion du Coges. Pourtant ils paient leur cotisation, et pire, les livres qui leurs ont été offerts gracieusement par des organisations internationales leurs sont loués. Si certains présidents de Coges veulent investir pour le bien-être de leur école, d’autres par contre sont à ce poste pour se mettre plein les poches. Un séminaire s’est tenu, récemment, à Yamoussoukro, avec tous les acteurs du système éducatif, sur la question des Coges. La majorité des parents d’élèves attendent fermement les décisions de madame la Ministre de l’Education Nationale et de la formation de Base sur la question.
TK EMILE
(Correspondant régional)