Il s'est d'abord fait un nom dans le milieu scolaire et estudiantin à travers un syndicalisme aux méthodes radicales. Puis il s'est confectionné des habits de ''rebelle'' en frappant de toute son énergie à la porte de la scène politique. Responsable de l'aile politique du Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (Mpci), bande armée bien structurée, Soro Kigbafory Guillaume- c'est de lui qu'il est question- se lance à la conquête du pouvoir d'État, en 2002, soit deux ans après l'élection présidentielle '' calamiteuse'' de 2000. Objectif, instaurer ''un nouvel ordre politique'' en Côte d'Ivoire, expression synonyme d'un coup d'État. Mais ce '' nouvel ordre politique'' que prône le Mpci contient des revendications : mettre fin à la catégorisation des Ivoiriens, délivrer des pièces d'identité en ceux qui en font la demande, mettre fin à l'injustice, à l'exclusion. Mieux, '' nous avons pris les armes pour qu'Alassane Ouattara soit candidat dans ce pays. C'est d'ailleurs lui qui acheté nos armes''. Ces propos avaient été attribués à Koné Zackaria, un des chefs de guerre du Mpci. Propos que ce dernier n'a pas formellement démentis. La tentative de renversement des institutions échoue. Elle se mue en une guerre d'occupation de plusieurs villes du pays et intègre le corps d'une rébellion. A défaut de mettre l'entièreté du pays sous ses ordres, la rébellion armée occupe la moitié nord de la Côte d'Ivoire qu'elle dirige. Elle y installe un gouvernement parallèle, prélève des taxes et des impôts à travers une administration des affaires politiques et financière. Aussi, se fait-elle l'égale du pouvoir de Laurent Gbagbo (qui a perdu le contrôle du nord), contraint, en 2007, soit cinq (5) après le déclenchement de la rébellion, de concéder la co-gestion du pays au Mpci, baptisé '' Forces nouvelles''. Contre toute attente, Soro Guillaume est nommé Premier ministre. Poste qu'il occupe jusqu'à l'élection présidentielle de 2010, sans pouvoir réussir, peut-être à dessein, à désarmer ses troupes ni à unifier les caisses de l'Etat. Réconduit par Alassane Ouattara, le nouveau président de la République, dont il a reconnu la victoire, le Premier ministre Soro Guillaume est parvenu, malgré tout, à son objectif de départ : l'instauration d'un nouvel ordre politique...sans Laurent Gbagbo. Depuis quelques semaines, il est question pour Soro Guillaume de quitter la Primature, étant donné que ce poste doit échoir au Pdci, relativement à l'accord passé entre l'ancien chef d'État et président de ce parti et Alassane Ouattara contraint moralement de respecter les closes du ''deal''.
Il est évident que le départ de Soro Guillaume de la Primature ne met pas fin à sa carrière politique. A 39 ans, il a acquis une expérience politique non négligeable sur laquelle il pourrait s'appuyer pour s'assurer un avenir politique radieux. Car, il a encore de longues années devant lui. Dans l'immédiat, Soro, selon certaines sources, nourrit l'ambition d'être député. Cela lui permettrait, toujours selon les mêmes sources, de mieux affûter ses armes pour la conquête du pouvoir d'État qu'il lorgne, dans le plus grand secret, depuis qu'il a goûté aux délices de l'une des plus hautes fonctions de l'Etat. Mais atteindre un tel niveau politique est difficilement réalisable, si l'on ne s'adosse pas à une force politique. C'est bien à ce propos que se situe l'embarras de Soro Guillaume, puisqu'il est conscient, si l'on s'en tient aux confidences de ses proches, qu'il serait hasardeux pour lui de faire cavalier seul. L'idée de transformer les ''Forces nouvelles'' en parti politique effleure son esprit. Certains de ses partisans l'y encouragent. Toutefois, l'inquiétude qui en jaillit c'est que pour Soro, les '' Forces nouvelles'', devenues parti politique, n'auront pas le même poids et la même influence d'il y a quelques années, puisque débarrassées entre-temps de l'aile militaire. Alors faut-il mettre fin à cette organisation sans assises juridiques et permettre à tous ceux qui en son sein ont participé à son combat, afin que chacun regagne son parti d'origine ? Question essentielle, puisque Soro lui-même avait déclaré que chaque membre des '' Forces nouvelles'' était libre de rejoindre sa formation politique s'il le désirait. Sur la base de cette déclaration, peut-on penser que le débat sur la transformation de cette structure en parti politique est un non sens ? Il faut bien se donner le temps d'y réfléchir et le report du conclave de ce mouvement obéirait, sans doute, à cette logique. Signe d'un autre embarras, c'est que Soro reste muet quant à la proposition à lui faite par bien de ses conseillers occultes, de briguer la présidence du Rassemblement des républicains (Rdr, parti d'Alassane Ouattara) dont il se sent très proche au point où il a figuré sur une des listes de ce parti à une élection législative à Port-Bouët, en décembre 2001. Ces conseillers sont naturellement convaincus qu'une fois à la tête du Rdr, Soro Guillaume marcherait sur les pas de Ouattara qui l'ont conduit à la Présidence. S'il cédait à cette proposition, le premier ministre, c'est sûr, aura à affronter de grosses adversités et pourrait y laisser ses jeunes plumes politiques. Que va donc faire Soro Guillaume, face à toutes ces hypothèses ? Pour l'instant, l'homme est peu bavard sur ces questions. Silence stratégique ? Peut-être !
Alain BOUABRE
Il est évident que le départ de Soro Guillaume de la Primature ne met pas fin à sa carrière politique. A 39 ans, il a acquis une expérience politique non négligeable sur laquelle il pourrait s'appuyer pour s'assurer un avenir politique radieux. Car, il a encore de longues années devant lui. Dans l'immédiat, Soro, selon certaines sources, nourrit l'ambition d'être député. Cela lui permettrait, toujours selon les mêmes sources, de mieux affûter ses armes pour la conquête du pouvoir d'État qu'il lorgne, dans le plus grand secret, depuis qu'il a goûté aux délices de l'une des plus hautes fonctions de l'Etat. Mais atteindre un tel niveau politique est difficilement réalisable, si l'on ne s'adosse pas à une force politique. C'est bien à ce propos que se situe l'embarras de Soro Guillaume, puisqu'il est conscient, si l'on s'en tient aux confidences de ses proches, qu'il serait hasardeux pour lui de faire cavalier seul. L'idée de transformer les ''Forces nouvelles'' en parti politique effleure son esprit. Certains de ses partisans l'y encouragent. Toutefois, l'inquiétude qui en jaillit c'est que pour Soro, les '' Forces nouvelles'', devenues parti politique, n'auront pas le même poids et la même influence d'il y a quelques années, puisque débarrassées entre-temps de l'aile militaire. Alors faut-il mettre fin à cette organisation sans assises juridiques et permettre à tous ceux qui en son sein ont participé à son combat, afin que chacun regagne son parti d'origine ? Question essentielle, puisque Soro lui-même avait déclaré que chaque membre des '' Forces nouvelles'' était libre de rejoindre sa formation politique s'il le désirait. Sur la base de cette déclaration, peut-on penser que le débat sur la transformation de cette structure en parti politique est un non sens ? Il faut bien se donner le temps d'y réfléchir et le report du conclave de ce mouvement obéirait, sans doute, à cette logique. Signe d'un autre embarras, c'est que Soro reste muet quant à la proposition à lui faite par bien de ses conseillers occultes, de briguer la présidence du Rassemblement des républicains (Rdr, parti d'Alassane Ouattara) dont il se sent très proche au point où il a figuré sur une des listes de ce parti à une élection législative à Port-Bouët, en décembre 2001. Ces conseillers sont naturellement convaincus qu'une fois à la tête du Rdr, Soro Guillaume marcherait sur les pas de Ouattara qui l'ont conduit à la Présidence. S'il cédait à cette proposition, le premier ministre, c'est sûr, aura à affronter de grosses adversités et pourrait y laisser ses jeunes plumes politiques. Que va donc faire Soro Guillaume, face à toutes ces hypothèses ? Pour l'instant, l'homme est peu bavard sur ces questions. Silence stratégique ? Peut-être !
Alain BOUABRE