Farikou Soumahoro (président des commerçants): « Maintenant, des Frci délivrent des tickets de traverse »
Presque deux (2) mois après l'annonce officielle de la lutte contre le racket par le gouvernement, beaucoup reste à faire sur le terrain.
C'est le mercredi 8 juin 2011, que le Conseil de ministres réuni, sous la présidence du chef de l'État, Alassane Ouattara, a pris treize (13) mesures importantes contre le racket en Côte d'Ivoire. Presque deux (2) mois après, l'application des décisions de ce plan tarde à s'opérer sur le terrain. A Abidjan, le fléau est observé. Les chauffeurs et autres transporteurs s'en plaignent. Récemment, à Adjamé, un chauffeur professionnel travaillant dans une compagnie de transport de la place, a déploré. « Les Frci (ndlr : Forces républicaines de Côte d'Ivoire) exagèrent. Les chauffeurs et les passagers des cars doivent payer. En plus, ils menacent les gens. Tout le monde pensait que tout ça allait finir… », s'est-il emporté. A.U, responsable syndical très influent à la gare routière d'Adjamé, lui-aussi, a perdu le contrôle de ses nerfs. « Ça veut dire quoi ? C'est plus grave qu'avant. En tout cas, les Frci crèvent le plafond », a-t-il fustigé. Nos deux interlocuteurs nous ont confié qu'ils en ont assez des excès des hommes en tenue à Abidjan et sur les axes routiers à travers le pays. Contrairement à la capitale économique où le phénomène est moindre, les villes de l'intérieur subissent gravement le fléau. En effet, pour l'intérieur du pays, c'est à toutes les heures que le racket est effectué au détriment des caisses de l'État. Et, cela commence par les caisses parallèles gérées dans les zones Nord du pays. « C'est parce qu'il n'y a pas d'unicité des caisses de l'État, que le racket bat le record à l'intérieur du pays. Rien n'a changé dans le Nord du pays. Les éléments des ex-Forces nouvelles devenues Frci continuent de travailler pour d'autres caisses autres que celles du Trésor public. C'est logique qu'ils collectent des fonds pour ces caisses! Cependant, c'est criminel pour l'État parce que la guerre est finie et l'État a besoin de vivre. Dès lors qu'un autre réseau de collecte de fonds existe en lieu et place de celui de l'État, c'est du racket. Le Président Ouattara a demandé à son Premier ministre (ndlr : Soro Guillaume) de régler le problème, mais rien n'a changé à ce jour », a soutenu un haut fonctionnaire sous le couvert de l'anonymat.
Rien n'a changé
Les producteurs agricoles et les acheteurs de produits agricoles continuent de se plaindre du harcèlement dont ils sont l'objet à l'intérieur du pays de la part de personnes armées se réclamant des Frci. « On continue de payer à tout moment et n'importe comment depuis les plantations jusqu'en ville entre 5000 et 50 000 francs Cfa pour des chargements. Les barrages sont partout, même dans les hameaux les plus reculés. Lorsque tu refuses de payer, tu ne peux pas bouger. On te perd le temps inutilement. On s'est plaint à tout le monde : maire, préfet, chefs de village. Des fois, on négocie pour que les tarifs diminuent, mais c'est difficile, voire impossible. Et puis, que peut-on faire face à des gens armés ?», nous a confié un pisteur exerçant à San Pedro. «Avec tout ce qui se passe à l'intérieur du pays, ça ne peut pas s'améliorer. Récemment, il y a un opérateur économique qui a été bloqué à un corridor de Fresco par des éléments des Frci qui lui demandaient de payer 50 000 francs. Il m'a appelé et j'ai pu discuter avec l'un des éléments qui m'a demandé qui suis-je pour lui parler. L'autre a été obligé de payer les 50 000 francs. Il faut que les autorités mettent l'accent sur l'intérieur du pays. Abidjan est acceptable, mais à l'intérieur, c'est trop grave. On paye tout. Le chargement de bétail est payé à 350 000 francs Cfa pour passer les frontières du Mali et du Burkina Faso. On ne sait dans quelle caisse tous ces fonds rentrent. Maintenant, des Frci délivrent des tickets Frci ou tickets de traverse à des commerçants dans tous les secteurs, café-cacao, anacarde, etc. Ces opérateurs nous appellent chaque jour pour nous parler de leurs déboires. Il faut que les mesures de juin soient appliquées. C'est important. Il faut un suivi, parce que les frais additionnels sont mis sur le compte des consommateurs. Il faut que les gens comprennent que c'est pour cela que la vie est chère. Nous attendons encore la brigade de lutte contre le racket », a expliqué Farikou Soumahoro, président de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d'Ivoire (Fenacci), dans un entretien téléphonique, le mercredi 03 août. Un consommateur explique la difficile lutte contre le racket par le fait qu'il « y a trop de chefs parmi les Frci. Leurs éléments doivent verser régulièrement quelque ''chose'' à leurs commandants pour respecter les ordres ». Dans tous les cas, que ce soit à Abidjan ou à l'intérieur du pays, les populations attendent encore l'application effective des mesures liées au démantèlement des barrages anarchiques et la mise en place de la brigade spéciale de contrôle, afin de relever et sanctionner les entraves à la fluidité routière et également attendre la création annoncée de l'unité de lutte contre le racket (Ulr) devant être composée de 350 éléments issus de la Police nationale et des Forces républicaines de Côte d'Ivoire. Des observateurs sont convaincus que la tournée du Premier ministre Soro Guillaume à Abidjan, il y a quelques mois, a eu l'avantage de freiner les éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) qui s'adonnaient à cette activité condamnable à Abidjan et sur la route de Grand-Bassam.
Une tournée à l'intérieur du pays aura certainement un impact encourageant. Dans tous les cas, le gouvernement a déjà prévenu tous ceux qui empêchent la fluidité routière : « Tout élément pris en flagrant délit de racket sera sévèrement sanctionné». En plus des mesures qui doivent être mises en œuvre pour freiner cette pratique maintes fois décriée, les autorités doivent mettre aux arrêts tous ceux qui se rendront coupables de racket quelles que soient les circonstances. Il y va de la lutte contre l'impunité.
Hermance K-N
Presque deux (2) mois après l'annonce officielle de la lutte contre le racket par le gouvernement, beaucoup reste à faire sur le terrain.
C'est le mercredi 8 juin 2011, que le Conseil de ministres réuni, sous la présidence du chef de l'État, Alassane Ouattara, a pris treize (13) mesures importantes contre le racket en Côte d'Ivoire. Presque deux (2) mois après, l'application des décisions de ce plan tarde à s'opérer sur le terrain. A Abidjan, le fléau est observé. Les chauffeurs et autres transporteurs s'en plaignent. Récemment, à Adjamé, un chauffeur professionnel travaillant dans une compagnie de transport de la place, a déploré. « Les Frci (ndlr : Forces républicaines de Côte d'Ivoire) exagèrent. Les chauffeurs et les passagers des cars doivent payer. En plus, ils menacent les gens. Tout le monde pensait que tout ça allait finir… », s'est-il emporté. A.U, responsable syndical très influent à la gare routière d'Adjamé, lui-aussi, a perdu le contrôle de ses nerfs. « Ça veut dire quoi ? C'est plus grave qu'avant. En tout cas, les Frci crèvent le plafond », a-t-il fustigé. Nos deux interlocuteurs nous ont confié qu'ils en ont assez des excès des hommes en tenue à Abidjan et sur les axes routiers à travers le pays. Contrairement à la capitale économique où le phénomène est moindre, les villes de l'intérieur subissent gravement le fléau. En effet, pour l'intérieur du pays, c'est à toutes les heures que le racket est effectué au détriment des caisses de l'État. Et, cela commence par les caisses parallèles gérées dans les zones Nord du pays. « C'est parce qu'il n'y a pas d'unicité des caisses de l'État, que le racket bat le record à l'intérieur du pays. Rien n'a changé dans le Nord du pays. Les éléments des ex-Forces nouvelles devenues Frci continuent de travailler pour d'autres caisses autres que celles du Trésor public. C'est logique qu'ils collectent des fonds pour ces caisses! Cependant, c'est criminel pour l'État parce que la guerre est finie et l'État a besoin de vivre. Dès lors qu'un autre réseau de collecte de fonds existe en lieu et place de celui de l'État, c'est du racket. Le Président Ouattara a demandé à son Premier ministre (ndlr : Soro Guillaume) de régler le problème, mais rien n'a changé à ce jour », a soutenu un haut fonctionnaire sous le couvert de l'anonymat.
Rien n'a changé
Les producteurs agricoles et les acheteurs de produits agricoles continuent de se plaindre du harcèlement dont ils sont l'objet à l'intérieur du pays de la part de personnes armées se réclamant des Frci. « On continue de payer à tout moment et n'importe comment depuis les plantations jusqu'en ville entre 5000 et 50 000 francs Cfa pour des chargements. Les barrages sont partout, même dans les hameaux les plus reculés. Lorsque tu refuses de payer, tu ne peux pas bouger. On te perd le temps inutilement. On s'est plaint à tout le monde : maire, préfet, chefs de village. Des fois, on négocie pour que les tarifs diminuent, mais c'est difficile, voire impossible. Et puis, que peut-on faire face à des gens armés ?», nous a confié un pisteur exerçant à San Pedro. «Avec tout ce qui se passe à l'intérieur du pays, ça ne peut pas s'améliorer. Récemment, il y a un opérateur économique qui a été bloqué à un corridor de Fresco par des éléments des Frci qui lui demandaient de payer 50 000 francs. Il m'a appelé et j'ai pu discuter avec l'un des éléments qui m'a demandé qui suis-je pour lui parler. L'autre a été obligé de payer les 50 000 francs. Il faut que les autorités mettent l'accent sur l'intérieur du pays. Abidjan est acceptable, mais à l'intérieur, c'est trop grave. On paye tout. Le chargement de bétail est payé à 350 000 francs Cfa pour passer les frontières du Mali et du Burkina Faso. On ne sait dans quelle caisse tous ces fonds rentrent. Maintenant, des Frci délivrent des tickets Frci ou tickets de traverse à des commerçants dans tous les secteurs, café-cacao, anacarde, etc. Ces opérateurs nous appellent chaque jour pour nous parler de leurs déboires. Il faut que les mesures de juin soient appliquées. C'est important. Il faut un suivi, parce que les frais additionnels sont mis sur le compte des consommateurs. Il faut que les gens comprennent que c'est pour cela que la vie est chère. Nous attendons encore la brigade de lutte contre le racket », a expliqué Farikou Soumahoro, président de la Fédération nationale des Commerçants de Côte d'Ivoire (Fenacci), dans un entretien téléphonique, le mercredi 03 août. Un consommateur explique la difficile lutte contre le racket par le fait qu'il « y a trop de chefs parmi les Frci. Leurs éléments doivent verser régulièrement quelque ''chose'' à leurs commandants pour respecter les ordres ». Dans tous les cas, que ce soit à Abidjan ou à l'intérieur du pays, les populations attendent encore l'application effective des mesures liées au démantèlement des barrages anarchiques et la mise en place de la brigade spéciale de contrôle, afin de relever et sanctionner les entraves à la fluidité routière et également attendre la création annoncée de l'unité de lutte contre le racket (Ulr) devant être composée de 350 éléments issus de la Police nationale et des Forces républicaines de Côte d'Ivoire. Des observateurs sont convaincus que la tournée du Premier ministre Soro Guillaume à Abidjan, il y a quelques mois, a eu l'avantage de freiner les éléments des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci) qui s'adonnaient à cette activité condamnable à Abidjan et sur la route de Grand-Bassam.
Une tournée à l'intérieur du pays aura certainement un impact encourageant. Dans tous les cas, le gouvernement a déjà prévenu tous ceux qui empêchent la fluidité routière : « Tout élément pris en flagrant délit de racket sera sévèrement sanctionné». En plus des mesures qui doivent être mises en œuvre pour freiner cette pratique maintes fois décriée, les autorités doivent mettre aux arrêts tous ceux qui se rendront coupables de racket quelles que soient les circonstances. Il y va de la lutte contre l'impunité.
Hermance K-N