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Économie Publié le mardi 9 août 2011 | Le Journal De L’Economie

Transport urbain/Taxis compteurs, un secteur en panne sèche

Ils occupent une place indéniable dans le visage du transport urbain Abidjanais. Autrement réservés à une classe moyenne ou aisée, les taxis compteurs sont aujourd’hui utilisés par l’ensemble des Abidjanais, sans exception. Pourtant les tarifications n’ont pas changé.

Décryptage.

Sur la longue liste des maux qui minent le secteur des taxis compteurs, le premier est celui de la concurrence déloyale que leur imposent les taxis intercommunaux appelés ‘‘woro-woro’’. Ces derniers roulent sans autorisation d’exploitation, au vu et au su du district qui ne fait pas grand-chose pour éradiquer le phénomène de ces voitures banalisées, et ce, en dépit de l’arrêté qu’avait pris le ministre Flindé en son temps, et qui sera à son terme fin août 2011. Une inertie qui est mal vecue dans le milieu, quand on sait que le district perçoit 54% des frais payés à l’Agetu pour obtention l’autorisation d’exploitation. Le résultat est que les taxis sont tous devenus des wôrô-wôrô sans le vouloir. Par conséquent, les chauffeurs desdits véhicules dont la recette journalière est comprise entre 22 000 F et 30 000 FCFA, contre 12 000 pour leurs ‘’concurrents’’, restent les plus grands perdants, selon Dembelé Mory Touré opérateur dans le milieu. Autre incongruité aussi marquante que la première : le prix mensuel de l’assurance payé à la Matca. Là où les Gbakas, plus volumineux paient 20 000 FCFA et les autres véhicules entre 18 000 et 20 000 Fcfa, les taxis compteurs paient 40 000Fcfa/ mois. Et en cas d’accidents, de dommages ou autres sinistres, inutile de compter sur cette mutuelle pour rembourser. ‘’Tout se passe comme si les acteurs de ce secteur sont les oubliés de la république’’, s’indigne cet opérateur cité plus haut. Sans compter le racket quasi institutionalisé qui s’est développé avec une accuité inquiétante ces derniers jours. En plus des forces de l’ordre, certains agents de mairie ont pris gout à l’affaire. Entre temps, pour les propriétaires, les charges constitutives et fiscales de l’exploitation de taxi compteur sont restées intactes.

Quand la solution devient un problème

La Mutuelle d’assurance des taxis compteurs (Matca) qui est la structure sensée couvrir les dommages subis par les acteurs de cette corporation s’illustre plus par les crises à répétition. Des problèmes sous-jacents de personnes ont longtemps miné le fonctionnement de cette assurance qui peine à payer les sinistres des exploitants. Lesquels qui, à la faveur de la crise post-électorale et même bien avant, ont enregistré les plus grosses pertes. Plusieurs véhicules ont, en effet, été volées, endommagées ou brulées. La mutuelle, pour l’instant demeure muette sur les procédures d’indemnisation. Pour Traoré Lassinan, propriétaire de taxis copmpteurs, cette situation est due au fait que la Matca éprouve du mal à porter haut la voix des exploitants. Elle est une mutuelle et non une union patronale.

En outre, alors que le Code Cima le recommande et que certaines dispositions des statuts de la Matca le stipulent, les exploitatants des taxis compteurs ne sont pas contactés pour prendre part à l’Ag annuel de la Matca et approuver les comptes de la mutuelle.

L’impérative réorganisation

Le secteur des taxis compteurs, comme celui de la large famille du transport, est pourvoyeur de milliers d’emplois. Il mérite, pour ce fait une meilleure organisation et une plus grande implication des autorités de tutelle. Celles-ci, à travers le ministre Gaoussou Touré, a avoué son impuissance face au dégré de désordre qui règne dans ce secteur. L’embryon d’organisation qui se signalait est réduit à néant avec la disparition de l’Union patronale des exploitants de taxis compteurs d’Abidjan (Upetca). Il est plus que question de donner un nouvel élan à cette activité qui, chaque jour qui passe, sombre et cède la place à ses concurrents directs (wôrô-wôrô et gbakas). Aujourd’hui, les acteurs s’organisent pour monter une autre union sur les cendres de la défunte Upetca. En attendant son assemblée constitutive, si l’arrivée de cette organisation corporative est attendue avec beaucoup d’espoir, elle l’est aussi avec circonspection. Le milieu du transport est réputé pour son nombre pléthorique de syndicat sans objet réel et défini. Leurs promoteurs sont taxés de s’adonner au racket, parfois avec la force, sur leurs adhérents sans remplir les tâches qui sont les leurs. Une nouvelle organisation dans le secteur donc, se démarquera par ces actions concrètes en trouvant des solutions à ces nombreux défis. Notamment le rétrécissement du parc de taxis compteurs au fil des ans, la carte d’exploitation et de renouvellement payée à l’Agetu de 151 000FCFA, les deux visites annuelles lors desquelles les dessous de table obligatoires avoisinent les 30 000 FCFA, même si le véhicule est neuf, etc.

Par SIMPLICE d. OUATTARA
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