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Politique Publié le mardi 9 août 2011 | Notre Voie

Après avoir appelé à la réconciliation, Ouattara lance de nouveaux mandats d’arrêt contre les pro-Gbagbo

© Notre Voie
Le procureur de la République d`Abidjan s`est rendu samedi dans la villa de Korhogo, dans le Nord de la Côte d`Ivoire, où le président déchu Laurent Gbagbo est assigné à résidence
Le nouveau pouvoir d’Abidjan continue la traque des pro-Gbagbo. Le Procureur de la République a inculpé, en catimini, dimanche dernier, l’ex- Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, président du Fpi, et ses co-détenus de la prison de Bouna. Le procureur a agi ainsi, selon des sources judiciaires, pour ne pas que les avocats des détenus soient informés à temps de cette forfaiture. Pour ne pas qu’ils jouent leur rôle de défense. Par ailleurs, le procureur avait lancé, vendredi dernier, une nouvelle requête à plusieurs pays dans lesquels les pro-Gbagbo sont censés être en exil. Après la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest), la France, le Canada, la Suisse, le Brésil, Israël et l’Italie, c’est aux autorités judiciaires du Liban, de l’Afrique du Sud, de l’Angola, des Etats-Unis, des Emirats Arabes Unis et de la Chine que la justice ivoirienne a adressé des requêtes.
Ces mandats d’arrêt s’inscrivent dans le cadre de l’enquête que cette justice a ouverte autour de la crise postélectorale dans ce pays. « Ces mandats ainsi que les commissions rogatoires qui les accompagnent ont pour objet d’identifier les biens meubles et immeubles appartenant aux personnes mises en cause dans l’enquête, de rendre indisponibles lesdits biens et de geler les avoirs des personnes concernées», a déclaré, à ce sujet, Simplice Koffi Kouadio, le procureur de la République près le parquet d’Abidjan, lors de sa conférence de presse du vendredi 5 août.
La traque de la justice sous M. Ouattara a déjà conduit à l`incarcération de nombreux pro-Gbagbo, inculpées d`atteinte à la sûreté de l`Etat ou d`infractions économiques. Malgré les promesses répétées du nouveau pouvoir de présenter à la justice tous les auteurs de crimes quel que soit leur bord, aucun membre des Frci (forces pro-Ouattara) et du Rhdp n’a été inculpé pour les graves crimes commis durant la période postélectorale qui a coûté la vie, selon le bilan provisoire dressé par Ouattara, lui-même, à au moins 3.000 personnes.
Cette sortie du procureur Simplice Koffi Kouadio bat en brèche le message à la nation du nouveau chef de l’Etat ivoirien qui demandait, vendredi soir, aux partisans du président Gbagbo encore en exil de revenir au pays en leur promettant les conditions sécuritaires. Un discours salué, au micro de RFI, comme « un message d’espoir à concrétiser » par M. Sylvain Miaka Ouretto, président par intérim du FPI qui ignorait sûrement cette sortie du procureur. De toute évidence, M. Ouattara dit une chose et fait le contraire. Si la chasse au pro-Gbagbo qui se poursuit est justifiée par des intensions «d’instaurer la justice pour une meilleure réconciliation », elle est rendue ridicule par la promotion de tous les chefs de guerre de la rébellion qui a endeuillé le pays de 2002 à 2011. D’ailleurs, toujours ce même vendredi, l’organisation de défense des droits de l`Homme Human Rights Watch a dénoncé, dans un nouveau rapport, les récentes promotions dont viennent de bénéficier certains officiers supérieurs fortement soupçonnés de crimes de guerre et d’actes pouvant être considérés comme des crimes contre l’humanité. Pour l’ONG, le chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, n’honore pas sa promesse d’instaurer une justice impartiale. On appelle cela dire et se dédire.

César Etou
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