Les ex-éléments des ex-forces de défense et de sécurité ivoiriennes ont repris du service avec joie sur les routes du pays. Gendarmes sans arme, policiers, douaniers et agents des Eaux et forêts sont revenus sur les routes, leur autre lieu de travail. Ceux qui n’ont de cesse de chanter que le retour à la normalité passa inéluctablement par le retour de ces hommes sur les routes, dans les commissariats et brigades de gendarmerie en sont à se mordre les doigts. Ils sont certes revenus mais avec les mêmes reflexes glanés sous Gbagbo. Abusant de leurs tenues, ils font voir des vertes et des pas mûres aux usagers de la route. On se rappelle que tout le monde s’est mobilisé contre les soldats des forces républicaines de Côte d’Ivoire qui sans salaire, demandaient souvent pas avec courtoisie il faut le reconnaître le « thé songon ». Les agents payés par l’Etat sont revenus et tentent de rattraper le retard dû à la période de fuite devant des Frci déchaînés qui voulaient en découdre avec la soldatesque de Laurent GBAGBO. Etat de route. Entre Tounzouébo et Yamoussoukro, des gendarmes sécurisés par deux éléments des FRCI rackettent sans vergogne. Le corridor d’entrée Nord de Yamoussoukro est connu pour être un antre du racket. « Bonjour à tous, brigade anti-drogue à tous les passagers, descendez avec vos bagages pour le contrôle » entend-on dire. Le gendarme sait que les voyageurs sont pressés. Il crie haut ce souci de bien faire son travail afin que le chauffeur paye. Et c’est ce qui est fait. L’apprenti court vers les cabanes des gendarmes, des policiers, des douaniers et agents des Eaux et forêts. Sans oublier, les « anti-drogue ». Le corridor avant l localité de Zatta est revenu avec son lot d’humiliations. Daloa où la traversée coûte entre 10 mille et 12mille Francs CFA aux chauffeurs. Les douaniers prient pour que des voyageurs aient en leur possession des biens achetés à Bouaké. Sans une facture normalisée qu’ils savent pas encore disponibles dans l’ex-capitale de l’ex-rébellion des Forces Nouvelles. Après d’interminable pardon, 5000 f ou 10000f changent de propriétaire sans un reçu. Duékoué où les deux corridors Est et Ouest sont un calvaire pour les chauffeurs. L’axe Yamoussoukro-Daloa-Duékoué a été aseptisé par rapport à l’axe Abidjan-Tiassalé-Gagnoa où les FRCI opèrent encore. Pour fuir l’insolent diktat des soldats des FRCI qui n’ont pas été inquiétés dans la stratégie d’assainissement des routes recommandée par le ministre de la Défense sur instruction du Président de la République, les chauffeurs se sont pour la plupart rabattus sur le premier axe routier. Comme pour les punir de cette volonté d’échapper au « légitime » détroussement, les forces de (dés) ordre sont sans pitié. Et leur tâche est des plus favorisée par le mutisme et l’immobilisme des décideurs. Tenez ! Recevant le grand commandement des Frci en son cabinet, le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko avait annoncé la création d’une unité de chasse au racket sur les routes. Il savait que ses compatriotes voulaient bien entendre ses belles paroles d’assurance. Le colonel-major Gaoussou Soumahoro, chef des opérations des Frci n’a ménagé aucun effort pour lui aussi rassuré les ivoiriens. Le commissaire du gouvernement, Anges Bernard Kessy Kouamé n’a pas été en reste. Tous ont assuré les ivoiriens de leur détermination à mener la traque au racket qui tue l’économie moribonde que tente de relever le Chef de l’Etat, le Dr Alassane Ouattara. Face aux bons résultats observés sur le terrain, les ivoiriens ont acclamé puis ont exigé le retour des ex-Fds. Ceux de Lmp réglaient des comptes car ils ne supportaient pas de voir « les grains de maïs » qui ont fait fuir leurs valeureux soldats. Mais, à la pratique, ils n’ont pas perdu leurs talents de tueurs de l’économie. Ce dol moral mérite que le ministre de l’Intérieur donne des explications aux ivoiriens. Dans leur tentative de rattrapage de l’argent perdu, les gendarmes qui sont les plus nombreux sur les routes actuellement entrainent dans leur sillage les jeunes soldats des FRCI bons à tirer les herses. A Yamoussoukro, tout le blé encaissé est réservé aux seuls Fds. Les soldats des Frci eux négocient à perte avec les chauffeurs pour avoir quelques jetons. Sans succès car l’apprenti est déjà passé à la perception. Ainsi, là où l’on croyait qu’ils « mangent » ensemble, les ex-FDS qui créent des retards volontaires pour contraindre les chauffeurs à payer de l’argent ne tiennent pas compte des soldats des FRCI dans le partage du butin. Méchanceté entre frères de tenues car c’est justement les militaires qui assurent la sécurité des racketteurs doyens. Les numéros verts sensés être d’un secours pour la population ont disparu des écrans comme par enchantement. L’impunité est garantie. Malheureusement, il se trouve des organisations syndicales qui n’ont dans leur prisme que le « racket » des FRCI dans les ex-zones CNO. A la vérité, en tout cas depuis l’arrêt des activités de la Centrale, les chauffeurs ont eux-mêmes décidés de « donner quelque chose » aux soldats en charge de la sécurité. Ils ne peuvent contester que de Bouaké à Korhogo ou de Duékoué à Man en passant par Guiglo, ou Man-Odiénné, ils payent comme avant. C’est de la méchanceté que de ne dénoncer les FRCI au profit des ex-Fds qui eux se sont éparpillés sans vergogne sur les routes. Eux qui sont payés contrairement aux jeunes gens grâce à qui les coupeurs de route sont devenus un lointain souvenir sur des axes que les chauffeurs n’osaient emprunter. En tout cas, les Commandants Fofana Losséni et Chérif Ousmane ont démontré leur plein engagement à aider à la reconstruction économique de la Côte d’Ivoire. Entre temps, les anciens de la route ont remis leurs perceptions et péages sans reçu, au grand dam des usagers. Il faut à toutes les autorités arrêter avec l’enfarinade des ivoiriens et descendre sur le terrain créer les conditions idoines de la reprise économique. La sécurité n’est en tout pas liée à ces barrages pléthoriques où le seul intérêt qui vaille est l’argent des pauvres jeunes chauffeurs qui dans un silence coupable se résignent à payer sans réaction aucune. Il est temps de sortir des bureaux climatisés pour vivre le calvaire des ivoiriens car les 322 462 km2 ne se limitent pas à Abidjan.
Edgar Kouassi
Edgar Kouassi