Peut-il il avoir des élections démocratiques sans que le pays ne retrouve la sécurité. Cette question cristallise les préoccupations, surtout concernant les législatives prochaines. Et pour cause, la Côte d’ivoire baigne, depuis avril dernier, dans une insécurité totale. Les forces pro-Ouattara issues de l’ex- rébellion armée et déversées au sein les Frci ne sont pas encore rentrées dans les casernes. Ce sont donc plusieurs milliers de combattants pro-Ouattara repartis sur toute l’étendue du territoire national qui se baladent armes au poing. Ces éléments toujours aux ordres de leurs différents chefs de guerre commettent des exactions sur les populations. Ils font la loi partout et se foutent éperdument des droits des citoyens. A cette allure, il n’y a aucun doute que ces hommes en armes s’inviteront de nouveau dans les scrutins comme ce fut le cas pendant l’élection présidentielle. On se rappelle que dans les zones sous contrôle de l’ex- rébellion armée, favorable à l’actuel chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, des hommes armées ont empêché la liberté du vote et n’ont pas hésité à utiliser leurs armes contre les aprtisans du président Laurent Gbagbo. Plusieurs responsables de campagne et représentants du candidat Gbagbo avaient été violentés et chassés des bureaux de vote. Des personnes auraient même perdu la vie. Des femmes ont été violées, des jeunes gens bastonnés et jetées en prison. Leur tort : avoir choisi Gbagbo plutôt que Ouattara. Ces violences ont ouvert grandement les portes à la fraude massive qui a entaché la crédibilité des résultats de la présidentielle et provoqué une crise postélectorale. Les mêmes causes pouvant produire les mêmes effets, il convient de tirer les leçons du passé en prenant des mesures appropriées afin de garantir le bon déroulement des élections législatives, municipales et régionales. Des dispositions doivent être prises pour assurer la sécurité du vote et permettre aux électeurs de choisir librement leurs représentants à l’Assemblée nationale. Il faut nécessairement instaurer un environnement sociopolitique qui n’étouffe pas les candidatures d’un camp pour offrir l’hémicycle à un autre, en piétinant la démocratie. C’est à ces conditions que les futures élections éviteront de nouveaux lendemains incertains à la Côte d’ivoire et permettront de connaître le poids réel de chaque parti sur l’échiquier politique national.
Jean Khalil Sella
Jean Khalil Sella