Le désarmement des ex-combattants sur tout le territoire national ne peut se faire de façon efficace et efficiente qu’à travers une politique et non par la force. Contrairement à ce que les autorités politiques et militaires s’apprêtent à faire, c`est-à-dire lancer une opération de grande envergure en vue de désarmer par la force les ex-combattants, les com-zones proposent plutôt l’opération “un emploi pour une Kalach”. A quoi répond-elle ? Notre randonnée dans quelques bases des Frci, dans la commune d’Abobo, nous a permis de comprendre pourquoi cette opération s’impose au nouveau régime. S’il y a parmi les ex-combattants ceux qui ont pris les armes pour rendre justice au président Alassane Ouattara parce que son pouvoir était confisqué par son rival Laurent Gbagbo, il est à noter que certains l’ont fait par souci de se forger un avenir meilleur, en donnant largement leur poitrine. C’est vrai, le recrutement au sein de l’armée vise à absorber 2500 ex-combattants, mais cette panacée ne peut pas cicatriser la plaie. Car, des milliers d’autres ex-combattants sont encore sur le carreau, espérant intégrer l’armée ou obtenir un butin de guerre. Pour le moment, l’espoir est entretenu, tous les jours, au drapeau, par leurs différents chefs. Mais, jusqu’où le secret concernant ceux qui ne remplissant pas toutes les conditions pour intégrer l’armée, et qui devront regagner les petits métiers qu’ils exerçaient, sera gardé ? Pour ceux-ci, il faut absolument quelque chose de meilleur. Pour les commandants de base que nous avons rencontrés, outre l’arme qu’ils portent étant en service, la plupart de leurs éléments détiennent, chez eux, des armes de guerre pour « se faire justice si le besoin se fait sentir ». Au pire des cas, ces éléments pourraient prendre le raccourci qui consisterait à utiliser ces armes pour vivre au dépens des honnêtes citoyens. Chose à quoi le gouvernement ne veut pas en venir. « Tous ces jeunes veulent simplement du travail ; c’est ce qu’ils nous disent chaque jour. Alors, la force ne peut pas les emmener à déposer les armes, si ce n’est du travail. Si les autorités annoncent l’opération “une arme déposée pour un emploi”, vous verrez que toutes les armes qui sont cachées seront déposées », nous a confié le commandant Koulibaly, de la compagnie Férré d’Abobo PK 18. C’est vrai que le Pnrrc est en train de profiler les ex-combattants, en vue de les démobiliser et de les réinsérer, mais le gouvernement peut, avec ses partenaires au développement, créer des emplois à chaud pour amener les jeunes à déposer, volontairement, les armes qu’ils ont gardé en lieu sûr. C’est en cela que la lutte contre l’insécurité et le grand banditisme enclenchée par les autorités aura son vrai sens.
ADAYE KOUAKOU
ADAYE KOUAKOU