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Art et Culture Publié le lundi 22 août 2011 | Notre Voie

Tapé Zaoli Mabo, percussionniste au Ki-Yi M’bock : Les mains qui chantent des mélodies sur du cuir tendu

L’une des dernière légende vivante du Groupe Ki-Yi M’Bock avec son quart de siècle d’activité dans cet espace mythique de la création artistique et culturelle panafricaine, Tapé Zaoli Mabo est un jeune homme trentenaire qui rêve aujourd’hui d'un one man show.

S’il faut être fidèle pour continuer de vivre son art au quotidien en entendant son heure, pour Tapé Zaoli Mabo, percussionniste trentenaire qui cumule un quart de siècle de travail de formation et de recherche au Village Ki-Yi d’Abidjan, de surcroît l’une des dernières légendes vivantes de cet espace mythique de la création artistique et culturelle panafricaine, il faut l’assumer avec beaucoup de spiritualité. Mais plus que jamais, ces derniers temps, cet artiste robuste et réservé qui demeure méconnu malgré son énorme talent, rêve d’un envol avec les ailes de ses tambours, fort de ses nombreuses expériences. Tapé Zaoli Mabo, l’enfant de Guéyo au nom musical, caresse depuis un certain temps un projet qu’il n’attend plus qu’à mettre en œuvre, pourvu que ses sons croisent une oreille attentive d’un mécène.

« Mon rêve, c’est de former une symphonie avec des percussionnistes d’Abidjan comme moi. Ce groupe, je l’appellerais Tambour de Côte d’Ivoire ou Tambour d’Abidjan, comme Doudou N’Diaye le fait au Sénégal, comme on en trouve aussi au Burundi et à Brazza. En tant qu’artiste qui a été formé dans ce registre, je tiens beaucoup à réaliser ce projet de création. Je pense que le temps est arrivé pour moi », lance Tapé Zaoli, nommé depuis 2009 ambassadeur du Ki-Yi grâce à sa fidélité et son engagement pour la pérennisation de cette école, par la Fondation panafricaine Ki-Yi au service de la jeunesse à la création et au développement par la culture. « Je pense que j’ai travaillé et j’ai beaucoup progressé. J’ai étudié plusieurs instruments de percussion. J’ai également écouté beaucoup de mes pairs percussionnistes, ainsi que d’autres musiciens, qu’ils soient de la Côte d’Ivoire ou du reste du monde. Ce qui me donne aujourd’hui la force d’exécuter des répertoires sénégalais, burundais, sud-américains, sud-africains et ceux d’autres régions de la Côte d’Ivoire en dehors de mon terroir », affirme l’artiste distingué la même année parmi « les vétérans du Groupe Ki-Yi M’Bock ».

« Je suis arrivé à créer des mélodies avec une seule main »

Hormis cette ouverture avec laquelle s’illustre Tapé Zaoli, un trait le caractérise car il est surtout animé d’un désir de sortir des sentiers battus, comme il le souligne : « lorsqu’on est artiste, il faut se trouver une particularité qui te distingue des autres. Moi, je travaille beaucoup dans ce sens. Aujourd’hui, je suis arrivé à une dimension de créer des mélodies à l’aide d’une seule main droite et de faire un concert simultané de 12 tambours avec autant de sons. Bientôt, vous allez me voir à l’œuvre, si quelqu’un m’en offre l’occasion. »
Bien qu’il affirme ne savoir ni danser ni chanter, le percussionniste Tapé Zaoli estime toutefois qu’il n’est pas bleu dans ces arts de la scène qu’il rythme avec ses instruments, chaque fois qu’il en a l’occasion. « Je peux devenir chanteur si je me décide à le faire et vous ne serez pas déçus, parce qu’au Village-Ki-Yi, on apprend avant tout à être polyvalent.» Pari d’un kiyiste qui pouvait s’en aller voir ailleurs comme l’ont fait déjà ses aînés du Village tels que Orsot, Bomou Mamadou, Zadi To, Boni Gnahoré, Péhoula Zéréhoué, Onakami Tapé, Abou Bassa…et les Ecaré (Atou et Makys). « Ce n’est pas parce que je n’ai jamais eu aucune offre de partir. Bien au contraire. Je vais même vous dire j’ai été travailler, sans le Village Ki-Yi, aux Etats-Unis un an et six mois. C’était dans le cadre d’une création de danse avec l’ex-chorégraphe de Michael Jackson, l’Américain Raph Lemon. Après cinq mois de labeur, on a tourné à travers plusieurs Etats. Je pouvais bien profiter de cette occasion pour demander à y rester, mais j’ai préférer continuer avec le Ki-Yi, ma deuxième famille que je continue de servir, en attendant le jour béni de nous séparer», fait remarquer l’artiste aux mains de sons et de rythmes ayant apporté ses frappés puissants et doux, en tant que requin de studio, à de nombreux chanteurs ivoiriens dont Tiken Jah, Onel Mala, Les garagistes et Mèlèkè Fato et continuant d’être l’objet d’autres sollicitations.

Il n’était âgé que de 9 ans seulement

En 1986, la percussion avait déjà arraché Tapé Mabo à l’école primaire de son village, à Guéyo, dans le département de Soubré (sud-ouest), lorsque son neveu Armand Gnéto, membre du Groupe Ki-Yi M’Bock à l’époque l’y découvre, à l’occasion d’un fête de réjouissances. L’enfant n’était âgé que de 9 ans seulement. Séduit par ses talents naturels, Gnéto fait la proposition à son père d’aller l’inscrire au Village Ki-Yi. Ce dernier n’y trouve pas d’inconvénient. Armand qui est rentré à Abidjan avant l’enfant avait déjà préparé le terrain. « A mon arrivée, la fondatrice, Wèrè-Liking et les autres membres du Village qui m’attendaient m’ont bien accueilli. C’est ainsi qu’immédiatement, à 9 ans, j’ai rejoint les adultes que j’ai trouvés en place parce qu’il n’y existait pas à l’époque une « catégorie enfant ». J’étais donc l’unique enfant des lieux qui apprenait tout ce qu’il y avait à apprendre en même temps que ces adultes, c’est-à-dire la danse, la musique, le théâtre, etc. En percussion, puisque j’avais déjà une bonne base, c’est Boni Gnahoré et Zadi To qui m’orientaient par rapport à l’esprit ki-yi. Mais la personne qui m’a surtout aidé à imposer ma percussion, c’est Wèrè », se souvient le percussionniste.

Depuis, Tapé Mabo est de toutes les grandes créations suivies de tournées mondiales du Ki-Yi M’Bock. « Parmi les spectacles théâtraux et comédies musicales qui m’ont marqué, se trouvent « Un Touareg s’est marié à une Pygmée », « Singué Mura », « Percu Persu » avec lesquels on a presque parcouru la moitié du monde », note l’artiste qui deviendra plus tard un formateur parmi les formateurs des nouvelles vagues de kiyistes qui lui succèdent. « J’ai encadré les plus jeunes qu’on a commencé à recruter entre 1998 et 1999. Il y en avait d’abord les Demisenw’ avec les Dobet Gnahoré, Légré Rita, Landry Louoba, Dodet Grazaï, Michel Kassy…Ensuite, sont montés ceux qu’on appelle Les Sans Nom composés des Makoly, Grédé Nessemon, Vamara, Moussa, etc. En fait c’est avec la plus part d’entre eux que la chorégraphe Péhoula Zéréhoué a monté la compagnie Kagnondé » à son départ du groupe Ki-Yi M’Bock », atteste le musicien.

Aujourd’hui, parmi les plus grands événements du Groupe qui ont marqué la mémoire de Tapé, figure la salle de spectacle sortie du sol du Village, comme il le note : « Parce qu’avant, on répétait à ciel ouvert, sous le soleil. Et quand il pleuvait, on arrêtait tout. C’est donc un rêve qui s’est réalisé et tout le monde est content. »

C’est ce pareil moment que le vétéran Tapé Zaoli Mabo rêve de vivre avec la réalisation de son projet ambitieux qui devrait le sortir définitivement du groupe Ki-Yi M’Bock et l’éloigner de la Fondation panafricaine Ki-Yi.

Schadé Adédé
schadeci@yahoo.fr
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