Après le retour à la normalité, la Côte d’Ivoire s’apprête à battre son record de production de cacao pour la saison 2010-2011. Le pays est le premier producteur de la fève du chocolat, avec près de 40 % de la récolte mondiale. À un mois de la fin de la saison cacaoyère qui s’achève le 30 septembre, plus de 1,35 million de tonnes de fèves de cacao ont été livrées à Abidjan et San Pedro, les deux grands ports du pays, selon des sources. « On s’attend à une production d’au moins 1,5 million de tonnes pour la saison en cours », estime un exportateur européen. Soit environ 300 000 tonnes de plus que la saison passée. Déjà, de très bons résultats, malgré la contrebande massive vers le Ghana voisin, deuxième producteur mondial. On estime que cette contrebande a atteint entre 100 000 et 300 000 tonnes, au cours des quelques mois de crise. Les producteurs, à cause de l’embargo sur les ports durant trois mois, ont choisi la destination ghanéenne. Car, selon des paysans, les prix d’achat étaient bien meilleurs dans ce pays. Pendant que la bataille était engagée pour dégager l’ancien chef d’Etat, les producteurs étaient au travail. La nette hausse de la production s’explique, avant tout, par les conditions météorologiques excellentes. «L’idéal pour le cacao, c’est un bon équilibre entre un temps chaud et humide, ce qui a été le cas l’été dernier, pendant la saison des pluies. Il n’y a pas eu trop d’eau : les cabosses ont pu arriver à maturité, sans souffrir de maladies qui se développent quand il pleut abondamment», explique Aka Blaise, producteur et cadre de la région du moyen Comoé. L’harmattan a, par ailleurs, été très modéré cette année. Les prix relativement élevés du cacao, au cours des dernières années, ont enfin permis aux fermiers de mieux entretenir leurs plantations. Lors de notre récente tournée avec le président de l’Anaproci, les producteurs ont évoqué les effets de la crise politique qui pourraient, tout de même, se faire sentir lors de la prochaine saison qui débute le 1er octobre prochain. De nombreux étrangers de la sous-région, notamment des Burkinabés et des Maliens qui fournissent une partie importante de la main-d’œuvre dans les champs de cacao, ont dû fuir, par peur de représailles. « Le risque, c’est le manque d’hommes pour la grande récolte qui commence dans quelques semaines. Des cabosses pourraient bien rester sur les arbres », s’était inquiété un producteur à Gagnoa, en juin dernier.
BENJAMIN SORO
BENJAMIN SORO