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Politique Publié le lundi 29 août 2011 | Notre Voie

Arrestation du général Guiai Bi Poin : Une affaire de marabout

© Notre Voie Par Gendarmerie nationale
Maintien de l`ordre à Abidjan : le Cecos se prépare pour les élections
Vendredi 8 octobre 2010. Adiaké. Le général de division Guiai Bi Poin Georges (photo), supervise les manoeuvres du Centre des commandement des opérations de sécurité (Cecos), en prévision des élections du 31 octobre prochain
Arrêté le samedi 20 août dernier, pour sa supposée implication dans un prétendu charnier à l’école nationale de la gendarmerie de Cocody, le général Guiai Bi Poin a été finalement placé sous mandat de dépôt et écroué à la prison civile d’Abidjan pour un autre délit trouvé par le régime Ouattara. Un chassé-croisé qui démontre que la tête de Guiai Bi poin était déjà mise à prix.

L’arrestation des cadres LMP qui étaient pourtant allés se mettre à l’abri des exactions des forces pro-Ouattara, sous la protection de l’ONU, avait déjà montré le caractère arbitraire des poursuites engagées contre les pro-Gbagbo par le régime Ouattara. Mais l’arrestation du général de gendarmerie Guiai Bi Poin constitue vraisemblablement un cas singulier. L’ex-patron du Cecos et ancien Commandant de l’école nationale de gendarmerie de Cocody été d’abord arrêté par le régime Ouattara au motif qu’il serait impliqué dans un charnier que ses accusateurs soutiennent avoir découvert à l’école nationale de gendarmerie à Cocody. Il a été, pour cela, longtemps gardé à vue au camp commando de Koumassi. Et quand par
la suite, l’argument du charnier s’est trouvé vil, la Justice ivoirienne aux ordres a sorti
de son chapeau magique, autre délit contre le général Guiai Bi Poin.

La Justice des marabouts

En effet, selon des sources concordantes, c’est sur la base des visions d’un marabout que les accusateurs (les nouveaux patrons de la gendarmerie nationale) du général Guiai Bi Poin auraient porté leurs accusations contre l’ex-patron du Cecos. Le marabout a même parlé, a-t-on appris, de deux fosses communes présentes à l’école nationale de gendarmerie de Cocody. Après les enquêtes menées par les autorités sur le terrain, grande fut la désillusion de constater l’existence d’aucun charnier ni de fosse commune à l’école de gendarmerie. Mais ne voulant pas libérer le général Guiai Bi Poin et face à la honte que tout cela susciterait
pour lui, cette « Justice des marabouts », le régime Ouattara a actionné le parquet civil pour une autre parade. Le général Guiai Bi Poin est alors placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 6ème cabinet du tribunal de première instance d’Abidjan. Le nouveau délit est suivant : « vol à mains armées avec violence, effraction, détournement de deniers publics, concussions, atteinte à l’économie publique et complicité des dits faits ».

Dans le viseur de l’Elysée et de Ouattara

Toute cette gymnastique juridique honteuse n’est en réalité qu’un prétexte pour tenter de « liquider » un Officier général ivoirien qui était dans le viseur de la France et de son protégé local, Alassane Dramane Ouattara. Cela, depuis les évènements douloureux de novembre 2004. L’on se souvient, en effet, que c’est le général Guiai Bi Poin, alors Lieutenant-colonel, qui conduisait le détachement des gendarmes qui assuraient l’encadrement du sit-in des jeunes patriotes devant l’hôtel Ivoire à Cocody. Guiai Bi Poin et ses hommes s’étaient interposés entre les jeunes ivoiriens et les soldats français de l’opération Licorne ainsi que leurs chars, pour empêcher tout affrontement. C’est donc devant lui que les soldats français avaient ouvert le feu sur la jeunesse ivoirienne aux mains nues. Il avait été un témoin oculaire privilégié du massacre de jeunes ivoiriens par l’armée française (il y avait eu plus de 60 morts et environ 2000 blessés). C’est à ce titre qu’il avait témoigné dans les médias
nationaux et internationaux pour dire que les soldats français avaient bel et bien reçu l’ordre de leur hiérarchie pour ouvrir le feu sur les jeunes manifestants aux mains nues. C’est depuis cette période que le général Guiai Bi poin est dans le collimateur des autorités françaises et de la rébellion armée ivoirienne.

Payer pour avoir dénoncé l’armée française

Il est évident que si les forces pro-Ouattara avaient arrêté le général Guiai Bi Poin pendant l’attaque de la ville d’Abidjan, en avril dernier, elles lui auraient fait la peau. Malheureusement ou heureusement, c’est selon, l’ex-commandant de l’école nationale de gendarmerie de Cocody s’était réfugié au Ghana. Il n’est réapparu en Côte d’Ivoire que le jour de la prestation de serment d’Alassane Dramane Ouattara, en mai dernier, au palais présidentiel au Plateau. Et le général Guiai Bi Poin croyait, peut-être naïvement, que tout était finit après qu’il eut fait allégeance au nouveau chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, installé dans des conditions calamiteuses grâce à la France. Mais c’était sans compter avec la rancune tenace de l’Elysée. Guiai Bi Poin avait été arrêté dans, un premier temps, et conduit au Golf
Hôtel où siégeait le gouvernement Ouattara. Mais il avait été aussitôt remis en liberté
24 h après. Certainement parce que le nouveau régime ivoirien et Paris n’avaient pas encore élaboré le délit pour inculper le général Guiai Bi. C’est chose faite depuis le samedi 20 aout 2011. Et le général Guiai Bi Poin devra payer pour avoir dénoncé l’armée française en 2004. Pour tout dire, l’arrestation du général Guai Bi poin et sa mise sous mandat de dépôt confirment le caractère arbitraire de la détention des proches de l’ancien régime.

Boga Sivori
bogasivo@yahoo.fr
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