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Société Publié le samedi 3 septembre 2011 | Le Nouveau Réveil

Flavien Traoré (porte-parole de la Cnec) : “Nous ne sommes pas au stade de l`affrontement avec le gouvernement”

Le porte-parole de la Coordination nationale des enseignants du supérieur et de la recherche (Cnec), Flavien Traoré, ne veut plus revivre les dialogues de sourds et ses feuilletons dramatiques qui ont rythmé les relations entre son syndicat et le pouvoir déchu. Dans cet entretien qu'il nous a accordé, il dépeint les préoccupations des enseignants et chercheurs, s'alarme du risque d'une autre année blanche, veut espérer que leur main tendue sera saisie par le gouvernement. Histoire d'éviter l'affrontement.

Monsieur le secrétaire général, il nous est revenu que les enseignants sont sur le pied de guerre et qu'ils préparent une révolte. Qu'en est-il exactement ?

Il n'en est rien. Ce que nous avons exprimé, c'est que nous avons demandé au gouvernement d'ouvrir les universités avant janvier 2012 pour ne pas, qu'en plus de cette année blanche totalement consommée, il y ait encore une deuxième année blanche. Nous souhaitons, pour rassurer les enseignants, les chercheurs, les élèves et les étudiants, ainsi que les parents d'élèves, que le budget alloué à la restructuration des universités puisse être publié, que le chronogramme de réhabilitation des bâtiments soit également connu, et qu'on puisse nous donner au moins une date indicative pour la rentrée à l'université de Cocody et à l'université d'Abobo-Adjamé. En deuxième lieu, nous avons rappelé au gouvernement qu'il nous a été accordé des décrets pour les médecins, pharmaciens et chirurgiens dentistes universitaires et pour l'ensemble des enseignants du supérieur et des chercheurs, qui n'ont été appliqués qu'à moitié. Certains décrets n'ont même pas pu être appliqués, parce que certains arrêtés ministériels, jusqu'aujourd'hui, n'ont pas été signés.

Quand vous dites que ces décrets ont été à moitié appliqués, que voulez-vous dire exactement ?

Je veux dire que les praticiens hospitaliers universitaires, c'est-à-dire, les médecins, pharmaciens et odontostomatolgistes, ont eu une indemnité grâce à la lutte de la Cnec. Et que des enseignants du supérieur, les chercheurs, dans leur ensemble, ont été reclassés. Malheureusement, les sommes qui devaient nous être versées ne l'ont pas été entièrement. Ce n'est que la moitié qui a été payée. Nous souhaitons donc que les sommes qui nous sont dues au titre de ces décrets soient versées.

Pour le moment, vous n'avez donc pas proféré de menaces de grève ou autres choses ?

Non, nous n'en sommes pas là. La stratégie, c'est de présenter les problèmes dans un premier temps. Si le gouvernement s'en saisit, nous restons à ce niveau. Le deuxième niveau, c'est d'entrer en négociation avec le gouvernement pour que des solutions consensuelles soient trouvées.
Maintenant, si des solutions consensuelles ne sont pas trouvées, et que le gouvernement ne nous écoute pas pendant une certaine période, et que le mécontentement grandit dans l'enseignement supérieur, c'est à partir de ce moment-là que nous allons nous réunir pour demander à notre base, les actions à mener. Cela peut être une marche, un arrêt de travail... ça peut prendre plusieurs formes. Mais pour le moment, nous ne sommes pas au stade de l'affrontement. Nous sommes au stade où nous interpellons le gouvernement sur un certain nombre de problèmes majeurs que nous rencontrons.

Comment expliquez-vous que les ministres ne vous aient pas encore répondu ?

Il faut dire que les cabinets ministériels ne sont pas encore reconduits. Egalement, il y a beaucoup de travaux qui sont encore effectués dans les différentes universités. Il y a surtout les vacances gouvernementales. Nous savons que les ministres devaient reprendre le 29 août. Nous avons donc, exprès, tenu une conférence de presse le 1er septembre, pour que dès qu'ils arrivent, ils soient informés que nous attendons d'être reçus.

Quelle est aujourd'hui la situation de l'université de Bouaké ?

Des collègues de l'université de Bouaké ont rencontré le bureau exécutif national pour lui exprimer un certain nombre de préoccupations. Ils se sont dit qu'en allant à Bouaké, il va falloir qu'ils trouvent des logements, déménager toute une famille, et peut-être même, payer pendant une certaine période, deux loyers, un à Abidjan et un autre à Bouaké. Ils souhaiteraient donc que le gouvernement puisse les accompagner dans ce déplacement. Ils sont tous d'accord pour aller à Bouaké, mais simplement, ils souhaiteraient que le gouvernement les accompagne financièrement grâce à un kit, et qu'éventuellement, on paye leurs reliquats d'heures complémentaires et un certain nombre de choses qui ont pris du retard pour être payés. Tout cela les motiverait davantage à aller sur le

campus. Il faut savoir que la somme de deux milliards annoncée, c'est la dette due non seulement aux enseignants et aux chercheurs, mais également au personnel administratif et technique, aux étudiants, c'est-à-dire que c'est la dette due à l'université de Cocody. Bien que nous soutenions toutes les luttes engagées par les autres corporations, notamment, les étudiants, le personnel administratif et technique, notre statut nous limite à défendre, en tout cas directement, les conditions des enseignants du supérieur et des chercheurs.

Il nous est revenu aussi que vous aviez des préoccupations spécifiques pour vos collègues du Centre national de recherche agronomique (Cnra).

Nous disons que notre pays étant à vocation agricole, l'activité de recherche de nos camarades chercheurs du Cnra est donc d'utilité publique. Il est vrai que la signature d'un certain nombre de décrets nous octroie un certain nombre d'avantages qui ont commencé à être appliqués, même au Cnra. Notamment, l'âge de la retraite repoussé à 62 et à 65 ans. La prime de recherche qui nous a été octroyée est également appliquée au Cnra, bien qu'il y ait quelques retards. Nous souhaitons donc que la revalorisation salariale au titre des décrets qui ont été signés, soit également répercutée aux collègues du Cnra, pour qu'ils bénéficient de la lutte que nous avons menée, étant aussi eux aussi des chercheurs comme nous.

Toute revendication salariale a quelque chose de légitime, mais est-ce que vous tenez compte de la situation de crise post-électorale que traverse le pays ?

Oui mais, même avec l'ancien régime, nous étions dans une situation de crise. Dans tous les cas, nous n'avons pas changé de méthode. Nous procédons toujours par la négociation. C'est ce que nous faisons. Nous demandons qu'on puisse nous rencontrer, et qu'au sein d'une commission, nous puissions trouver des solutions consensuelles. Trouver en outre, un chronogramme qui tienne compte des ressources de l'Etat, qui va fixer néanmoins les dates où ces problèmes seront progressivement résolus. Une fois que le gouvernement exécute à la lettre ce chronogramme, il n'y a aucune difficulté ! En réalité, c'est une main tendue au gouvernement. C'est nous qui demandons qu'il y ait une commission, un chronogramme, pour qu'il n'y ait pas de troubles comme on en a connus sous l'ancien régime. C'est pour cela que nous invitons les ministres à nous rencontrer. Car, s'ils ne nous rencontrent pas, ils vont créer une situation de mécontentement, et on risque d'arriver à des tensions comme avec l'ancien régime. Or, ce n'est pas notre souhait de toujours engager le rapport de force.

C'est donc une main tendue pour éviter le bras de fer ?

C'est exactement cela : une main tendue pour éviter le bras de fer. Je le répète, on l'a fait par le passé. Malheureusement, on n'a pas été compris. Ils ont pensé que nous étions un cheval de Troie, que derrière le syndicat, se trouvaient des hommes politiques. Alors, on nous a fermé toutes les portes. Et tout le monde a vu que cela a conduit à une longue perturbation de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, avec des conséquences désastreuses. Nous souhaitons que cette fois-ci, la négociation porte ses fruits.

Interview réalisée par Benoit HILI
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