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Politique Publié le lundi 12 septembre 2011 | L’Inter

Politique / En exil après la capture de l’ex-chef de l’Etat : Ce qui reste de la résidence de la mère de Gbagbo à Gnaliépa - Comment a-t-elle été exfiltrée

La fin du règne de l’ancien régime n’a pas été sans conséquence pour le président Laurent Gbagbo, sa famille biologique et ses proches. Le combat politique qu’il a mené durant des décennies avant de parvenir au pouvoir d’Etat en 2000, lui a été fatal le soir de sa déchéance du 11 avril 2011. En définitive, tout le patrimoine familial de la dynastie des Gbagbo a quasiment volé en éclats au même moment que la mise sous silence de ses activités politiques. Au-delà du pillage du palais de Mama, des individus s’en sont pris également à la résidence de la mère de l'ex-président de la République à Gnaliépa. Pour avoir le cœur net sur la nouvelle qui défraie la chronique depuis des mois, dans la cité du fromager, nous nous sommes rendus chez maman Lélé Gado Marguerite, la mère de Laurent Gbagbo.

Il est exactement 08 h 51 mn le mercredi 07 septembre 2011, lorsque nous foulons le sol de Gnaliépa, bourgade de la sous-préfecture de Ouragahio située sur l’axe principal Gagnoa – Sinfra. Comme lors de l’expédition de Mama, une fine pluie nous accueille à la descente du véhicule de transport commun qui nous y conduit. Quelques minutes plus tard, nos guides nous rejoignent pour l’entame de la visite. Contrairement à Mama, les populations de Gnaliépa sont plus relaxes. «Ici, ça va, on a eu peur les premiers jours où ils (les ex-combattants pro-Ouattara) sont venus au domicile de la vieille. Nous sommes relaxes, mais on fait attention parce qu’ils ont des collaborateurs dans le village», confie l’un de nos éclaireurs. Cet avertissement nous amène très vite à redoubler de vigilance. Dès que nous franchissons le portail annexe de la résidence de la mémé de Gnaliépa, nos regards tombent sur des femmes, toutes du troisième âge, surement des sœurs de la ''vieille''. Par la porte arrière, nous accédons à la résidence. L’allée que nous empruntons débouche sur une autre. On s'aperçoit que toutes les portes des chambres sont entrebâillées. Elles ont été forcées et portent des stigmates encore des violences perpétrées sur les lieux. A l’intérieur, point de bien. Tout a été emporté par les visiteurs en armes. Des hommes en armes qui ont investi ladite résidence, certainement à la recherche du locataire dont on dévine l'intérêt qu'il aurait pu constituer dans le long bras de fer autour du fauteuil présidentiel entre le tenant de l'exécutif d'alors et son adversaire parvenu finalement au pouvoir. «C’est dans la nuit du mardi 29 mars au mercredi 30 mars 2011 que des hommes en armes sont arrivés chez la vieille à bord d’une bâchée et un camion de marque Kia. Ils ont tout pillé. La nuit suivante, ils sont venus prendre les restes. Au départ, on avait fui, puis après nous sommes revenus. C’est devant nous qu’ils ont chargé le second tour», se souvient encore l’un de nos interlocuteurs. Après quelques tours, nous accédons à la chambre de la génitrice de Laurent Gbagbo et de Jeannette Koudou. C'est le comble, aucune aiguille n’a échappé au pillage. Cantines de pagnes, or familial, vêtements, bijoux de valeur, ustensiles de cuisines, bouteilles de Gaz et 03 véhicules de commandement, selon les témoins, ont disparu. Dans le salon de la résidence, rien ne sera en reste. En plus des meubles et autres matériels, même les rideaux ont été emportés. Les occupants d’un soir n'épargneront aucun endroit de la vaste demeure. Dans l’arrière-cour, l’habitation de Jean Bosco Séri, demi-frère de l’ex-chef de l’Etat et de Jeannette, est aussi passée au crible. Comme si c'était les biens qui intéressaient les visiteurs, aucune perte en vie humaine n’a été signalée dans le cercle familial de Laurent Gbagbo depuis le début de la crise post-électorale jusqu’au 11 avril.

L'exfiltration de maman Gbagbo

La vieille Lélé Gado Marguerite a eu la vie sauve grâce à la promptitude de ses enfants, qui ont exigé le matin de la prise de Gagnoa par les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) en provenance de Daloa, qu’elle soit immédiatement conduite sur Abidjan. Le chauffeur de la génitrice de l'ex-président ivoirien jouera un rôle déterminant dans la sécurisation de la mémé de Gnaliépa. Lorsque le détachement de la Garde républicaine, qui assurait la sécurité de la ''vieille'' avait détalé en même temps que celui posté à Mama, abandonnant la génitrice de Laurent Gbagbo à son propre sort, c’est lui (le chauffeur) qui a réussi l’exploit de l'exfiltrer de son village jusqu’à chez sa fille Jeannette Koudou à Abidjan. «Le mercredi matin (ndlr: mercredi 30 mars 2011), sur insistance de ses enfants, j’ai mis la vieille dans l’une des voitures puis nous avons quitté le village. Nous avons quittés ici (Gnaliépa) à 10 h 45 mn. Nous sommes arrivés à Abidjan, chez sa fille Koudou Jeannette, à 13 h 30. Je l’ai fait avec foi et détermination pour sauver la vieille», raconte avec fière allure le chauffeur de la mémé. Ont-ils des nouvelles de l'octogénaire? Il faut le dire, la mère du président n'a pas coupé avec son village malgré son exil. Depuis le Ghana où elle est réfugiée avec une partie de sa famille, elle continue de s'enquérir des nouvelles des siens, loin de qui elle passe des jours moins heureux. Au-delà de ses soucis relatifs à la famille, la génitrice du ''Woody'' de Mama se porterait à merveille aux cotés de la sœur cadette du président déchu. Toutefois, Gado Marguerite préférerait son existence paisible dans sa bourgade auprès de ses sœurs, avec ses 83 ans révolus. «Elle m’a appelé hier (mardi 06 septembre 2011). La vieille se porte bien, mais le village lui manque. Elle veut revenir auprès de ses sœurs, l’environnement du village lui manque», soutient un proche. C’est d’ailleurs l’avis de ses frères et sœurs restés à Gnaliépa, qui s’impatientent de retrouver leur sœur. «Notre sœur Gado Marguerite n’a rien à voir dans leur affaire de politique. Qu’ils l’a laissent tranquille vivre ses vieux jours dans son village. Ils sont nés d’une mère, qu’ils réfléchissent à sa situation», nous lance une femme du village en langue locale ''Bété'', traduite en français par nos compagnons du jour.

La réaction des Frci

Toujours selon notre source, informé de la situation et sur demande de quelques membres de la famille, le lieutenant Diomandé Vassézé, commandant des FRCI en poste à Gagnoa, s’est dépêché au domicile de la mère de l’ex-président de la République pour faire le constat d'usage. «Lorsqu’il est arrivé sur les lieux, il était dépassé par les évènements. Le commandant a eu du mal à se contenir. Très remonté, il a dit que ceux qui ont fait ça vont le payer un jour. Sur le champ, il nous a chargés de faire revenir les vieilles femmes (ndlr: les sœurs de maman Gado Marguerite), qui avaient désertées la cour à l’arrivée des pilleurs. Elles sont revenues», a confié l’un de nos accompagnateurs. Aujourd'hui, faute d’entretien, la résidence de la mère de l'ex-chef de l'Etat a subi les revers de l’absence de la maitresse des lieux. Les portails sont fermés. Il était 9 h 55 mn, lorsque nous quittions cette concession.

Venance KOKORA, à Gagnoa
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