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Politique Publié le vendredi 16 septembre 2011 | Le Nouveau Réveil

Le président Henri Konan Bédié sur France 24, hier : “Laurent Gbagbo n`échappera pas au Tpi, les raisons”

© Le Nouveau Réveil Par DR
Cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix 2011: la Cote d`Ivoire renoue avec le monde
Mercredi 14 septembre 2011. Paris (France). Siège de l`UNESCO. Le Président Alassane Ouattara assiste, en compagnie de nombreux autres chefs d`Etat, à la cérémonie de remise du Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix Edition 2011
A Paris depuis le 10 septembre dernier pour la cérémonie de remise du prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix dont il est le protecteur, le président Henri Konan Bédié a accordé une interview à la chaine de télévision française "France 24", que nous vos proposons.

Monsieur le président de la République bonjour, et merci de nous recevoir ici en votre domicile parisien.

Merci, et encore merci à France 24 de m'inviter sur ce plateau. Merci.

Vous êtes à Paris pour le prix Félix Houphouët-Boigny que vous avez décerné à l'Unesco. A quand est-ce que la Côte d'Ivoire elle-même ou les Ivoiriens eux-mêmes mériteront et que faudra-t-il pour qu'ils méritent ce prix peut-être en 2012 ?

Je crois qu'il faudrait qu'ils travaillent, ou qu'au sein de sa population, une personnalité émerge. Mais, j'espère pour le moment que cette situation ne se présente pas maintenant.

Parce que nous venons de traverser une période de guerre. Le prix étant destiné à ceux qui recherchent la paix ou qui font la paix, j'espère qu'il faudra attendre pour cela.

La paix n'est pas tout à fait gagnée en Côte d'Ivoire. On voit qu'il y a encore des gens qui ont peur de rentrer chez eux, notamment dans l'Ouest du pays. Qu'est-ce qu'il faut faire concrètement pour rassurer ces populations ?

En réalité, ces populations sont en train de rentrer massivement en ce moment à l'Ouest grâce aux entretiens que les chefs d'Etat des pays voisins ont entre eux. Et grâce aussi au soutien des Nations Unies, les populations sont en train de rentrer. Nous savons qu'il y a plus de 15 000 sur 150 000 qui sont rentrés récemment. Et le rythme ira en s'accentuant.

Quel est le signal fort à leur envoyer ?

Le signal fort, c'est que la paix est revenue au pays, en Côte d'Ivoire. Et qu'ils peuvent retourner chez eux. Ce qui ralentit le mouvement, je pense, c'est le fait que pour la plupart, leurs villages ont été incendiés, pillés. C'est ce qui les retient hors de leur pays.

Au moins 46% ont voté pour Laurent Gbagbo au second tour. Aujourd'hui, il est aux arrêts. Quel doit être le sort reservé à Laurent Gbagbo dans le contexte d'une opposition qui, aujourd'hui, est aphone, se cherche ?

Le sort de Laurent Gbagbo dépendra des instances de justice. Car, ses détournements économiques, les atrocités dont il est l'auteur, les crimes de sang sont nombreux. Et des plaintes ayant été déposées, il est inculpé pour ce qui concerne des crimes économiques.

Pour le reste, la Cour pénale internationale est en train d'effectuer les investigations. Par conséquent, Laurent Gbagbo n'échappera pas à la justice. Mais pour qu'il y ait un jugement équitable, nous préférons qu'il soit jugé à la Cour pénale internationale ou au tribunal pénal international.

Un autre élément qui met en doute la confiance et la sérénité, on voit encore dans les commissariats de police, par exemple, les ex rebelles, les Frci qui continuent de siéger.

Quand est-ce qu'il va avoir un retour à la normale de ce côté-là ?

Cette situation est en train de se redresser assez rapidement. Evidemment, il faut s'attendre à ce qu'il y ait quelques mouvements de ralentissement par-ci et par-là. Mais fondamentalement, les policiers reprennent leur place dans le système sécuritaire ivoirien.

Vous avez tenu parole, vous avez soutenu Alassane Ouattara au 2° tour de l'élection présidentielle. La contrepartie, c'était que le porte feuille de Premier ministre reviendrait à votre parti. A quand ?

Je pense que pour le moment, cette promesse n'est pas tenue par le fait que nous avons encore des poches d'insécurité. Et que le Premier ministre est toujours à la tâche. Le Premier ministre, c'est-à-dire mon jeune frère Soro Guillaume, est à la tâache pour réduire les derniers foyers.

Dans l'entourage du Premier ministre, on s'est agacé récemment en disant qu'il y avait trop de Français actuellement dans les ministères en tant que conseillers. Quel est le bon équilibre en cette période de reconstruction en ce qui concerne le rôle de l'ancienne puissance coloniale?

J'ai peine à croire à ce qui est dit sur ce chapitre-là. Parce que je ne vois pas où sont les Français conseillers dans les ministères. Tout est ivoirisé depuis longtemps.

En ce moment, on est beaucoup en train de parler de reconstruction, de contrat, et les Français sont là en force.

Je ne le pense pas, parce que toutes les affaires qui se traitent, se font par appel d'offres international. Par conséquent, il n'y a pas de préférence pour une nationalité donnée.

Quand vous voyez les propos de l'avocat Robert Bourgi qui parle de sacs d'argent donnés par cinq chefs d'Etat Africains. Quelle est votre réaction ?

Sous réserve que soit vrai ce que vous dites.

Ce genre de pratique, quand vous étiez président, se faisait parmi les chefs d'Etat Africains, transporter des billets de banque comme ça en France ?

Cela n'a pas été le cas au moment où j'étais président de la République de Côte d'Ivoire.

D'abord, nous étions sous ajustement structurel très sévère. Et nous n'avions pas de ressources pour les distraire à l'extérieur.

Que pensez-vous des propos de Robert Bourgi ?

Je n'en pense rien. Ce que je déplore personnellement, c'est qu'ayant servi à des postes pendant de nombreuses années, qu'on attende 40 ans après pour cracher un peu dans le verre dans lequel on a bu…

Vous êtes encore actif dans la vie politique. Vous avez été ambassadeur de votre pays en 1960. Avec votre regard de jeune homme que vous étiez à Washington à l'époque, est-ce que vous imaginiez que la Côte d'Ivoire, aujourd'hui, serait en situation dans laquelle elle est ?

Certainement pas. D'abord, parce qu'il est pratiquement impossible à l'homme de prévoir l'avenir. Mais enfin, avec le recul et les analyses, on peut estimer que ces situations arrivent à de nombreux pays dans le monde. Citons le cas de l'Amérique avec la guerre de sécession. Donc, ce qui nous est arrivé est un accident de parcours qui ne se répètera pas, j'espère.

Propos recueillis par Paul Koffi
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