Le Trésor public ivoirien vient de réussir la performance de capter, en deux semaines, 160 milliards de francs Cfa à l'issue de l'emprunt obligataire Tpci 6,5% qu'il a lancé. Une entreprise risquée, avait fait remarquer Koné Adama, Directeur général de cette régie d'Etat, le 14 septembre dernier, lorsqu'il annonçait les résultats de cet appel à l'épargne publique. Comment, alors, le Trésor a-t-il réussi son affaire? Il y a, en premier lieu, la campagne dans laquelle il s'est engagé. Une source proche du Trésor a fait savoir que cette régie s'est donné les moyens du succès pour cette opération. « Le Trésor a envoyé dans la sous région, une mission de sensibilisation dont l'objectif était de faire la campagne autour de cet emprunt obligataire. Le message était simple. Il s'agissait d'expliquer aux pays frères que la Côte d'Ivoire est de retour sur la scène internationale et qu'elle donnait la garantie de sa capacité à honorer ses engagements », a-t-elle expliqué. Les émissaires du Trésor ivoirien ont, selon cette source, porté partout ce message, en faisant même du porte à porte. Un lobbying qui a porté ses fruits, si on en croit les chiffres réalisés. La répartition par pays donne les résultats suivants: Bénin:24,2 milliards F Cfa, Burkina Faso:8,1 milliards F Cfa, Mali: 327 millions F Cfa, Sénégal: 3,6 milliards F Cfa, Togo: 651 millions F Cfa et la Côte d'Ivoire 123,2 milliards FCfa. Par ailleurs, en plus des institutionnels, les Banques, notamment ( 154 milliards F Cfa), on note une participation non négligeable des particuliers (6, 32 milliards F Cfa). On peut le dire, la réussite de cette opération repose sur la qualité de la campagne menée en Côte d'Ivoire comme dans la sous-région ouest-africaine, par le Trésor. Par ailleurs, il ne faut pas occulter le fait que la Côte d'Ivoire est un pays aux énormes potentialités agricoles, minières, énergétiques, entre autres. Premier producteur mondial de cacao et troisième de café, la Côte d'Ivoire regorge d'un éventail de production agricole (hévéa, coton, anacarde, palmier à huile, etc). Atouts auxquels il faut ajouter les richesses minières (or, manganèse, etc.). Aussi, quand bien même la quantité produite est relativement basse, ce pays est producteur d'un pétrole qui se distingue par la grande qualité de son hydrocarbure. Ces éléments qui ne sont pas exhaustifs, n'échappent pas aux hommes d'affaires qui décident de souscrire à un emprunt obligataire qui s'étend sur le long terme (5 ans). Les investisseurs savent que ce pays peut avoir connu quelques difficultés, mais il reste, solide, crédible. On ne fait pas, dit on, de crédit à celui qui n'a rien. Vu les ressources naturelles dont regorge ce pays, la Côte d'Ivoire donne des garanties de solvabilité. « Un autre atout, c'est la qualité des autorités ivoiriennes dont le Président de la République, Alassane Ouattara. Cet homme est un économiste de renommée internationale. Pour avoir été Directeur général adjoint du Fonds monétaire international (Fmi), il a une parfaite connaissance du monde de la finance. Et ce n'est pas rien. Les financiers se connaissent entre eux et je pense que sa présence à la tête de l'Etat est un gage pour les investisseurs », s'est convaincu notre source. A noter que le Trésor, en lançant cette opération, cherchait à mobiliser 100 milliards de francs Cfa. Une réussite de 160% qui traduit « la confiance de la communauté financière en nos autorités et en la politique de relance économique et de reconstruction de notre pays », selon Koné Adama. Mieux, que la qualité de la signature de l'État ivoirien n'a pas été entamée par les conséquences de la crise post-électorale qui a éloigné la Côte d'Ivoire du marché financier pendant environ 9 mois. Les enjeux de cette opération sont énormes. En allant jauger sur le marché sous régional le degré de confiance que lui fait la communauté financière, le Trésor public indique aux investisseurs la destination Côte d'Ivoire. Par quel autre moyen, mieux que « ce test », le Trésor pouvait-il lancer un appel à l'investissement direct étranger en direction de ce pays? La mobilisation de ces ressources entraînera, sans aucun doute, des retombées positives sur la relance de l'économie ivoirienne. La Côte d'Ivoire est un pays sûr, sur lequel l'on peut toujours parier.
Jonas BAIKEH
Jonas BAIKEH