Nuit de feu, de sang et de larmes, le jeudi 15 septembre 2011, à Ziriglo, un village ivoirien frontalier du Liberia, dans la sous-préfecture de Taï, situé à une centaine de kilomètres de Guiglo. Un commando venu du Liberia, d’au moins une quinzaine d’éléments, lourdement armés, selon une source proche de la gendarmerie locale, a perpétré une attaque dans la localité, tuant un élément des Frci et plus de seize (16) civils. Nigré, un autre village du département de Grabo, distant de Ziriglo de seulement 50 mètres et rattaché à Djouroutou, village du Général Kassaraté, a également été attaqué par la bande armée. Au cours de ces attaques simultanées, selon notre source, deux (2) assaillants ont succombé à leurs blessures. Mais ce sont les civils qui ont payé un lourd tribut avec plus de 16 tués et des dizaines de blessés par balles. Un (1) élément des Frci a été grièvement touché, ajoute notre source, et plusieurs maisons incendiées. En termes de bilan, nous avons appris que près de 20 personnes ont trouvé la mort dans cette attaque. Les assauts des assaillants ont été lancés entre minuit et trois (3) heures du matin et les échanges de tirs ont duré jusqu’au lever du jour. Les Frci ont réussi à repousser les assaillants, sans subir de lourdes pertes, alors qu’elles ont été prises à revers, précise encore notre source. Une autre source, indépendante, affirme que dans le village de Ziriglo, les assaillants ont abattu, de sang froid, des personnes dans les domiciles, après avoir défoncé les portes. Des éléments de la gendarmerie de Grabo, de Guiglo ainsi que des soldats de l’Onuci se sont rendus sur les lieux dans la journée du vendredi 16 septembre pour faire le constat et ouvrir une enquête. Des enquêteurs sur place affirment que cette attaque a été opérée par des mercenaires venus du Liberia. L’ouest ivoirien, qui a été l’épicentre des affrontements post-électoraux, recèle encore des poches résiduelles de résistance. Plusieurs ex-miliciens avaient fui au Liberia voisin avec leurs armes, à la suite de la chute de Laurent Gbagbo. Au moins 89 Ivoiro-Libériens d’entre eux, accusés d`être des mercenaires ayant participé aux violences post-électorales en Côte d`Ivoire, avaient été arrêtés sur la ligne frontalière en mai 2011, alors qu’ils tentaient de traverser la frontière. Ils avaient été arrêtés au poste de Pedebo par la police libérienne et la Mission des Nations unies au Liberia (Minul). Ces mercenaires avaient été jugés dans le comté de Maryland (sud-est) notamment pour "menace à la sécurité des deux pays". Néanmoins, de nombreux ex-combattants se sont volatilisés dans la nature, avec armes et des munitions. Ils constituent une menace réelle aujourd’hui pour la stabilité de la région. Ils traversent les fleuves Nuon à Toulépleu ou le Cavally à Bloléquin, Taï et Grabo, à la hauteur de Néka, pour se retrouver en terre ivoirienne. C’est pourquoi, sur le long de la ligne frontalière entre la Côte d’Ivoire et le Liberia, la Minul, l’Onuci et les Frci sont sur le qui-vive. Ces attaques surviennent, selon d’autres sources, à un moment où les relations entre les Frci déployées dans les villages et les populations ont pris du plomb dans l’aile, du fait des contrôles intempestifs accompagnés de racket au niveau des barrages illégaux installés par celles-ci sur les pistes de desserte de ces départements.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA