Les dernières informations ne sont pas rassurantes. De 14, le bilan des morts serait passé à 23, suite à l’attaque, samedi dernier, du village de Ziriglo, proche de la forêt de Taï, à l’ouest. Dans l’ombre de la forêt, le monstre se reconstitue donc dans cette partie martyrisée du pays. Et cela, malgré les nombreux « plus jamais ça » répétés à Abidjan, par le ministre délégué à la Défense, Paul Koffi Koffi. Et cela, malgré aussi les réunions à Abuja et à Monrovia des dirigeants et des militaires de la sous région pour renforcer la sécurité à la frontière ivoiro-libérienne. Plus elles tentent de rassurer, plus les autorités ivoiriennes ne rassurent pas. Pourquoi ? Parce qu’il est dans la nature même de certains postes de ne pas verser dans de longs propos. Ainsi, du chef d’état-major des armées, des ministères de la Défense ou de la sécurité. Qui ne se rappelle les dénégations véhémentes des rumeurs de coups d’Etat en 2002 de la part des caciques du défunt régime ? Qui ne se souvient des certitudes de Boga Doudou, alors ministre de l’Intérieur, jurant que rien n’arrivera à la Côte d’Ivoire des refondateurs ? Qui a oublié les menaces de son homologue de la Défense, Moïse Lida Kouassi, promettant de faire pleuvoir la foudre sur la tête du premier soldat qui s’insurgerait ? L’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo lui-même, n’avait-il pas clamé qu’il était parfaitement informé des faits et gestes des soldats ivoiriens exilés au Burkina Faso, avant de se laisser déborder par la rébellion dans la nuit du 19 septembre 2002 ? Les mêmes signes provoquent les mêmes effets, dit-on. Cette fois-ci, ce n’est pas Ouagadougou qui abrite des soldats déserteurs Ivoiriens, mais c’est Accra qui accueille des ministres de l’ancien pouvoir ayant fui le pays après y avoir semé mort et désolation. Des dirigeants qui, surtout, refusent de « désarmer », qui ne reconnaissent toujours pas le président démocratiquement élu Alassane Ouattara et qui continuent de brandir le chiffon rouge de la déstabilisation. Cette fois-ci, c’est le Libéria voisin qui n’a pu éviter que des miliciens, voire des soldats pro-Gbagbo, passent sa frontière. Il s’agit, donc pour le gouvernement Guillaume Soro, également ministre de la Défense, de sécuriser effectivement cette frontière ouest. Il s’agit, pour ses ministres et lui, d’engager des discussions avec Accra pour régler clairement la question des barons de La Majorité Présidentielle (Lmp) tapis dans les hôtels du Ghana, ainsi que le cas des exilés. Il s’agit, en interne, de mettre en place une brigade de recherche d’armes lourdes planquées par les extrémistes du pouvoir défunt avant la fuite. Les découvertes impressionnantes d’armes à Yamoussoukro, à Abengourou et à Yopougon, au lendemain de la défaite militaire du camp Gbagbo, sont les signes qu’il y a encore des mini poudrières cachées. De quoi motiver peut-être l’agitation des exilés d’Accra.
Benoit HILI
Benoit HILI