A mon frère Miaka Ouréto
La semaine dernière, je vous avais interpelé sur votre mission de « protecteur » du peuple de gauche, en votre qualité d’héritier de la refondation. A cet effet, j’avais regretté, comme d’autres Ivoiriens, la posture que vous aviez adoptée en refusant de participer au processus électoral. Peu de temps après, il vous a plu de répondre positivement à l’invitation du chef de l’Etat à renouer le dialogue républicain, fondement de la démocratie. Je me réjouis de cette décision courageuse surtout qu’à la même période, certains ont noté avec satisfaction, la présence de vos représentants tant à la cérémonie d’investiture de la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, qu’au sein de ladite commission.
A présent que le peuple de gauche s’est engagé dans le processus de réconciliation nationale, je voudrais, cher frère, attirer votre auguste attention sur quelques messages, hérités de votre père qui risquent de perturber la gestion de votre héritage.
Le premier concerne la tendance fâcheuse de vos collaborateurs à refuser d’assumer le passé récent. Selon eux, le Front populaire ivoirien (Fpi), n’aurait rien fait de mal durant les dix années d’exercice du pouvoir. Mieux, c’est ce parti qui serait la victime des douloureux évènements qui ont émaillé la vie politique ces dernières années. A les entendre, les massacres des populations d’Abobo et d’Anyama, les assassinats des citoyens soupçonnés de connivence avec l’opposition, les exécutions sommaires de Yopougon et le supplice des personnes brûlées vives (le fameux article 125) ainsi que les bombardements à l’arme lourde ne sont qu’une vue de l’esprit. Une telle posture intellectuelle est connue sous le nom de négationnisme en histoire. Elle consiste à nier l’existence de faits historiques prouvés. Elle vise en réalité un objectif politique à l’instar de l’extrême droite en Europe qui a tenté, à partir d’artifices théoriques, de nier l’existence historique de la shoah. Une telle démarche intellectuelle inacceptable a été le crédo de pseudo penseurs de la refondation durant ces dix dernières années. A cet égard, l’opinion publique se rappelle la vaine tentative de falsification des évènements d’octobre 2000 soldés par le charnier de Yopougon. Elle a eu malheureusement pour effet de discréditer aux yeux de tous, votre parti lors du forum pour la réconciliation nationale en 2001. Elle fut une hérésie intellectuelle et politique indigne d’hommes prétendus de gauche.
La deuxième scorie idéologique héritée de la refondation porte sur le discours xénophobe abondamment utilisé par la quasi-totalité des pseudo-idéologues de votre parti entre 2000 et 2010. Cet ultra nationalisme a sapé les fondements humanistes de la gauche démocratique dans notre pays. Il a eu également pour effet, de mettre votre formation politique au banc des accusés sur la scène continentale et internationale. Ce virage idéologique de votre parti, a profondément gêné vos alliés de l’International Socialiste qui ne pouvait tolérer pendant longtemps de telles dérives dignes de « Nationaux Socialistes ».
Aussi, c’est « la mort dans l’âme » que vos alliés ont obligés de proposer l’exclusion du Front populaire ivoirien de cette instance de la Gauche démocratique mondiale.
Par ailleurs, vous avez la lourde responsabilité d’être comptable, en votre qualité de leader du peuple de gauche de notre pays, du refus obstiné du Fpi d’accepter l’alternance démocratique. Les vaines tentatives de blocage du processus électoral, la forfaiture juridique du Conseil constitutionnel lors des élections présidentielles de novembre 2010 et l’obstination pathologique de votre ex-leader à refuser le verdict des urnes ont plongé notre pays dans une guerre aux conséquences dramatiques.
Comme vous le constaterez cher frère, le passif idéologique de votre parti est assez lourd. Cependant, connaissant votre rigueur intellectuelle et votre courage, je reste persuadé que vous prendriez votre responsabilité historique en engageant une véritable « refondation idéologique du Fpi » afin de permettre une pleine participation du peuple de gauche au processus démocratique dans notre pays.
A très bientôt, cher frère.
Lemassou Fofana
Université de Cocody
Institut d’Histoire
La semaine dernière, je vous avais interpelé sur votre mission de « protecteur » du peuple de gauche, en votre qualité d’héritier de la refondation. A cet effet, j’avais regretté, comme d’autres Ivoiriens, la posture que vous aviez adoptée en refusant de participer au processus électoral. Peu de temps après, il vous a plu de répondre positivement à l’invitation du chef de l’Etat à renouer le dialogue républicain, fondement de la démocratie. Je me réjouis de cette décision courageuse surtout qu’à la même période, certains ont noté avec satisfaction, la présence de vos représentants tant à la cérémonie d’investiture de la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, qu’au sein de ladite commission.
A présent que le peuple de gauche s’est engagé dans le processus de réconciliation nationale, je voudrais, cher frère, attirer votre auguste attention sur quelques messages, hérités de votre père qui risquent de perturber la gestion de votre héritage.
Le premier concerne la tendance fâcheuse de vos collaborateurs à refuser d’assumer le passé récent. Selon eux, le Front populaire ivoirien (Fpi), n’aurait rien fait de mal durant les dix années d’exercice du pouvoir. Mieux, c’est ce parti qui serait la victime des douloureux évènements qui ont émaillé la vie politique ces dernières années. A les entendre, les massacres des populations d’Abobo et d’Anyama, les assassinats des citoyens soupçonnés de connivence avec l’opposition, les exécutions sommaires de Yopougon et le supplice des personnes brûlées vives (le fameux article 125) ainsi que les bombardements à l’arme lourde ne sont qu’une vue de l’esprit. Une telle posture intellectuelle est connue sous le nom de négationnisme en histoire. Elle consiste à nier l’existence de faits historiques prouvés. Elle vise en réalité un objectif politique à l’instar de l’extrême droite en Europe qui a tenté, à partir d’artifices théoriques, de nier l’existence historique de la shoah. Une telle démarche intellectuelle inacceptable a été le crédo de pseudo penseurs de la refondation durant ces dix dernières années. A cet égard, l’opinion publique se rappelle la vaine tentative de falsification des évènements d’octobre 2000 soldés par le charnier de Yopougon. Elle a eu malheureusement pour effet de discréditer aux yeux de tous, votre parti lors du forum pour la réconciliation nationale en 2001. Elle fut une hérésie intellectuelle et politique indigne d’hommes prétendus de gauche.
La deuxième scorie idéologique héritée de la refondation porte sur le discours xénophobe abondamment utilisé par la quasi-totalité des pseudo-idéologues de votre parti entre 2000 et 2010. Cet ultra nationalisme a sapé les fondements humanistes de la gauche démocratique dans notre pays. Il a eu également pour effet, de mettre votre formation politique au banc des accusés sur la scène continentale et internationale. Ce virage idéologique de votre parti, a profondément gêné vos alliés de l’International Socialiste qui ne pouvait tolérer pendant longtemps de telles dérives dignes de « Nationaux Socialistes ».
Aussi, c’est « la mort dans l’âme » que vos alliés ont obligés de proposer l’exclusion du Front populaire ivoirien de cette instance de la Gauche démocratique mondiale.
Par ailleurs, vous avez la lourde responsabilité d’être comptable, en votre qualité de leader du peuple de gauche de notre pays, du refus obstiné du Fpi d’accepter l’alternance démocratique. Les vaines tentatives de blocage du processus électoral, la forfaiture juridique du Conseil constitutionnel lors des élections présidentielles de novembre 2010 et l’obstination pathologique de votre ex-leader à refuser le verdict des urnes ont plongé notre pays dans une guerre aux conséquences dramatiques.
Comme vous le constaterez cher frère, le passif idéologique de votre parti est assez lourd. Cependant, connaissant votre rigueur intellectuelle et votre courage, je reste persuadé que vous prendriez votre responsabilité historique en engageant une véritable « refondation idéologique du Fpi » afin de permettre une pleine participation du peuple de gauche au processus démocratique dans notre pays.
A très bientôt, cher frère.
Lemassou Fofana
Université de Cocody
Institut d’Histoire
