Soupçonnés de conspirer contre le régime Ouattara, des partisans de Laurent Gbagbo réfugiés au Ghana vivent dans la peur. La peur d'être enlevés ou liquidés par des barbouzes venues d'Abidjan. Selon l'Afp, qui rapporte les dernières informations sur ces réfugiés ou exilés- c'est selon - ils vivent dans la hantise d'être inquiétés par des « espions » du régime Ouattara. Du moins ceux qui vivotent dans le camp d'Ampain. C'est d'ailleurs cette psychose qui a été fatale à deux individus taxés d' « espions de Ouattara » : ils ont été tués en septembre dans le camp d'Elubo, à la frontière ivoiro-ghanéenne. C'est que six mois après la chute de leur mentor, les pro-Gbagbo ont le sommeil troublé, hantés qu'ils sont par les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (Frci). « La simple vue de soldats passant la frontière - après avoir laissé leurs armes - pour quelques emplettes en terre ghanéenne, alimente les craintes les plus folles », rapporte le confrère. Ironie du sort, ce sont les partisans de Gbagbo réfugiés au Ghana qui sont aujourd'hui torturés par la crainte d'infiltrés pro-Ouattara comme les zones ex-assiégées étaient hantées, au tout début de la rébellion, par des infiltrés pro-Gbagbo. « Il suffit d'être un nouvel arrivant, tu es indexé comme un pro-Ouattara venu espionner », confie à l'Afp un responsable du HCR sous couvert d'anonymat. Et un autre de renchérir : « L'atmosphère est toujours tendue. Cela peut avoir des conséquences dramatiques quand tu n'es pas reconnu comme faisant partie du groupe ». C'est dire que la peur rôde dans les camps abritant les partisans de l'ancien régime, au point que leurs pensionnaires sont méfiants de leur propre ombre. C'est en tout cas le sentiment que laisse l'atmosphère que campe le récit du confrère. Cette psychose a-t-elle un rapport avec la récente visite du successeur de Laurent Gbagbo en terre ghanéenne ? Les autorités ghanéennes ont-elles conclu, dans le secret, un pacte avec leurs homologues ivoiriennes qui explique cette peur des pro-Gbagbo ? Au-delà de la hantise d'être chopés par de supposés infiltrés venus d'Abidjan, il y a la galère. Bien de ces partisans de l'ancien régime vivent dans la précarité, comme en témoignent les propos de Justin Koné Katinan, rapportés par le confrère. « Nous vivons dans des conditions difficiles sur le plan financier, nos comptes bancaires étant gelés », admet-il. Pour lui, comme pour d'autres bonnets de l'ancien régime, la vie au Ghana n'est pas toujours rose, contraints qu'ils sont de vivre aux crochets de certaines bonnes volontés. « Nous vivons de la charité de personnes au bon coeur qui nous aident », lâche ce porte-parole de Laurent Gbagbo et ancien ministre du Budget du dernier gouvernement formé par celui-ci avant sa chute le 11 avril 2011.
Assane NIADA
Assane NIADA