Les Ivoiriens qui croyaient que le FPI était capable de tourner le dos à la violence et qu’aucun soldat n’oserait réfléchir à un coup de force, doivent maintenant se raviser. Les évènements du week-end viennent de leur rappeler que ce parti a bien du mal à se départir de ses oripeaux de semeur de troubles doublé de spécialiste en manipulation. Samedi dernier, il a échoué dans sa première tentative de coup d’Etat contre le pouvoir, du président Alassane Ouattara. Les indices: le réveil du discours guerrier des refondateurs, la ‘’mutinerie’’ du camp de gendarmerie d’Agban dans la nuit du vendredi à samedi, l’arrestation du commandant Séka Séka, ex-aide de camp de Simone Gbagbo, samedi à Abidjan avec une forte somme d’argent en sa possession, l’entêtement des jeunes du FPI à tenir un meeting ce même samedi en dépit de la recommandation du ministère de l’Intérieur de surseoir à la manifestation et de son report in-extrémis par l’organisateur principal, Koua Justin, secrétaire général par intérim de la JFPI. Tout ceci, s’entremêle pour laisser place à la thèse d’un coup d’Etat manqué. Les ex-dirigeants du pays, en effet, ont dépoussiéré brusquement les discours violents, guerriers qui les ont toujours caractérisés. Morceaux choisis: «Il faut tout faire pour renverser la situation. Nous sommes toujours en guerre», a confié Amani N’Guessan, un des barons du régime déchu, dans une interview accordée le 20 septembre au quotidien ‘’Soir info’’. Ouvrant le ballet, ses camardes lui emboitent le pas par des sorties musclées. Ainsi, Assoa Adou, porte-parole des exilés du FPI au Ghana, a ouvertement affirmé que son parti est prêt à s’occuper du régime Ouattara. Dans la foulée, le député de Koumassi, Yao Yao Jules organise un meeting où les militants LMP remettent en cause l’élection du président de la République. Pour eux, c’est Gbagbo qui est toujours aux affaires depuis sa cellule de Korhogo. La jeunesse du FPI conduite par son secrétaire général par intérim, prévoit un meeting dit, de libération du pays, le 15 octobre à la place CP1 de Yopougon. Dans les préparatifs, Blé Goudé, l’ex-patron de la brumeuse galaxie patriotique, le saisit par appel téléphonique pour lui signifier qu’il doit tenir bon, car selon, lui, ‘’tout doit partir du 15 octobre’’. Effectivement, dans la nuit de ce fameux 15 octobre, un message passe sur la radio de la gendarmerie nationale. Un inconnu, certainement un gendarme, sous le sobriquet de ‘’Bizon’’ estime que l’heure de la libération du pays et de Laurent Gbagbo a sonné. Il recommande aux gendarmes de se rallier à la cause. Les minutes qui ont suivi son appel, des tirs déchirent le calme qui régnait dans le camp. Pendant une heure, les ‘’mutins’’ tirent avant d’être maitrisés par les gendarmes loyaux à la République et les FRCI. Le même jour, en début d’après-midi, le chef des escadrons de la mort, Séka Séka est arrêté à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny. En partance pour Conakry, le commandant, selon les informations en notre possession, partait honorer un rendez-vous avec le chef d’Etat-major de l’armée guinéenne. Selon une source introduite, il avait sur lui, une importante somme d’argent estimée à un peu plus de 31 millions F Cfa, il devrait rejoindre des hommes en armes en Guinée pour lancer l’offensive sur la ville de Korhogo en passant par Odienné dans la perspective d’obtenir la libération du machiavel des lagunes. Toujours selon nos sources, une fois en Guinée, l’ancien homme de main de Simone Gbagbo allait prendre langue avec le capitaine Toumba, le militaire qui a tiré sur l’ancien chef de la junte militaire guinéenne, Moussa Dadis Camara. Ce dernier ferait partie du lot qui lancerait l’assaut sur la cité du « Poro » en passant par Odienné. On le voit, le FPI n’en a cure du vent de la réconciliation et de reconstruction qui souffle sur la Côte d’Ivoire. Sa seule préoccupation, c’est de renverser, (il ne s’en cache plus), l’ordre politique établi après la capture de son leader le 11 avril, consacrant la fin de son règne de 10 ans, à la tête de la Côte d’Ivoire. Le gouvernement ivoirien est alors interpellé à plus d’un titre. Le serpent FPI n’est pas encore mort, comme aimait à le répéter l’ancien chef de l’Etat et il serait dangereux de fermer les yeux sur les actions subversives menées par les refondateurs sous prétexte qu’ils ne peuvent plus rien. Un premier coup appel toujours un deuxième. Les autorités en charge des questions de sécurité nationale sont averties et doivent grandement ouvrir les yeux.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara