La situation militaire en Côte d’Ivoire devient volatile. La confiance est rompue entre les acteurs. La présidence ivoirienne préfère s’en remettre à la sûreté des forces étrangères.
L’incertitude plane dans l’avion. Le plan de vol ? Il est soumis aux caprices. S’il y a un aspect de la vie nationale qui saute allégrement aux yeux des populations, c’est bien entendu, la sécurité. Une évidence, depuis l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier, la sécurité qui n’était pas déjà le fort des Forces nouvelles rebaptisées pour les besoins de relookage Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) s’est dégradée. Donnant du souci au successeur du président Gbagbo. Et depuis, le nouveau locataire du palais de la présidence se tourne vers la France et des forces onusiennes à qui il s’en est toujours remis. Une sécurité à l’impérialisme que n’auraient jamais acceptée les habitants de ce pays si pendant la campagne électorale, l’actuel chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara leur avait révélé ce qu’il serait à son accession au pouvoir. Y’a-t-il un pilote dans l’avion ivoirien ? Pas un, mais peut-être plusieurs. Confidences.
«La souveraineté militaire de la Côte d’Ivoire, j’allais dire aussi économique et social, mais je préfère m’en tenir à l’aspect militaire, s’est liquéfiée dans l’empire français qui aiguillonne la communauté internationale. Ne soyez pas surpris de voir les militaires français et ceux de l’Onu dans toutes vos localités. Cela se passe comme ça quand la confiance disparait entre votre armée nationale, votre gendarmerie, votre police et le sommet de l’Etat». Analyse un politologue européen. Lequel ajoute que la situation sécuritaire actuelle n’est pas loin de celle qu’avaient déjà vécue les populations ivoiriennes à une certaine époque qui rappelle le colonialisme. En effet, depuis le coup d’Etat de décembre 1999 du général Robert Guéi, c’est la toute première fois que la sécurité des nationaux est aux mains des forces étrangères. Pendant les trente trois (33) ans - 1960 à 1993 - de règne de Félix Houphouët-Boigny, certes la sécurité militaire était confiée à la France à travers son fameux 43è Bataillon d’infanterie maritime (Bima). Mais elle était plutôt dissuasive et l’armée de l’ancienne puissance coloniale n’était pas aussi visible qu’elle l’est depuis ce fatidique 11 avril. Déjà très visibles du temps du Président Laurent Gbagbo à cause de la crise même si elles étaient surveillées comme du lait sur du feu et que leurs déplacements étaient circonscrits à des missions spécifiques, les forces étrangères coalisées sont désormais les seules à patrouiller armes aux poings. Elles ne disputent plus le terrain avec une autre armée, nationale soit elle.
Autre paradoxe de gouvernance, lorsque toutes les forces présentes sur le territoire ivoirien doivent se retrouver en patrouille, les forces étrangères sont derrière, lourdement armées, un doigt sur la gâchette et les yeux vigilamment rivés sur les forces nationales (Frci) qui elles sont devant sans aucune arme. Victimes éventuelles en cas de faux pas et boucliers à la fois en cas «d’attaques ennemis». «Les missions des militaires français et onusiens ne sont plus inopinées comme au temps du président Gbagbo qu’on pouvait assimiler au temps de la guerre froide. Depuis sept mois, ils sont installés comme chez eux, les bases militaires nationales n’ont plus de secrets pour eux, ils y entrent comme à l’hôtel Sebroko (siège de la mission onusienne en Côte d’Ivoire, ndlr) ou comme au 43é Bima à Port-Bouët comme à l’époque d’Houphouët-Boigny. C’est un retour des choses, je ne sais pas s’il s’agit d’un juste retour ou d’un retour fâcheux». A commenter pour nous un homme d’affaire asiatique basé en Côte d’Ivoire depuis des lustres. Il ne croyait pas si bien dire. Le samedi 15 octobre dernier, les populations de Yopougon, commune située à l’ouest du District d’Abidjan et réputée fief du président Laurent Gbagbo en ont fait l’expérience. Le meeting organisé par la jeunesse du Front population ivoirien (Fpi fondé par Laurent Gbagbo) a failli tourner au vinaigre. Et pour cause, tôt le matin toute la commune était bouclée par un impressionnant dispositif de sécurité composé de l’armée française de l’opération Licorne et des Casques bleus de l’Opération des nations unies en Cote d’Ivoire (Onuci). Ces deux forces coalisées étaient en embuscade. Elles étaient certes en arrière-plan. Mais elles veillaient scrupuleusement au grain pendant que les militaires de Forces républicaines de Côte d’Ivoire, compression d’ex-forces rebelles et d’ex-forces de défense et de sécurité sous Gbagbo théâtralisaient la dissuasion. Selon des informations en notre possession, les militaires français ont fourni les renseignements sur «les faces cachées» dudit meeting de la jeunesse du Fpi. Renseignements qui auraient convaincu le ministre de l’Intérieur à annuler le rassemblement à la dernière minute sans une note officielle du gouvernement. Lequel savait que le document d’annulation aurait donné le sentiment d’une reculade du nouveau régime face aux partisans de Gbagbo. Ainsi donc militaires français et casques bleus onusiens concordent leurs actions sur le terrain mêlant par moment intimidations et menaces verbales et confiant la brutalité aux forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). L’autre symbolique de la présence massive et besogneuse des forces étrangères depuis l’arrestation et la déportation du Président Gbagbo, sa famille, et ses collaborateurs, c’est que ce sont Licorne et Casques bleus qui annoncent l’annulation du meeting aux militants du Fpi. Le symbole est à l’image du pays, celui d’une nation déboussolée, en quasi perdition qui se jette mains et pieds joints dans les bras de l’inconnu.
Bertina Soro
L’incertitude plane dans l’avion. Le plan de vol ? Il est soumis aux caprices. S’il y a un aspect de la vie nationale qui saute allégrement aux yeux des populations, c’est bien entendu, la sécurité. Une évidence, depuis l’arrestation du Président Laurent Gbagbo, le 11 avril dernier, la sécurité qui n’était pas déjà le fort des Forces nouvelles rebaptisées pour les besoins de relookage Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) s’est dégradée. Donnant du souci au successeur du président Gbagbo. Et depuis, le nouveau locataire du palais de la présidence se tourne vers la France et des forces onusiennes à qui il s’en est toujours remis. Une sécurité à l’impérialisme que n’auraient jamais acceptée les habitants de ce pays si pendant la campagne électorale, l’actuel chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara leur avait révélé ce qu’il serait à son accession au pouvoir. Y’a-t-il un pilote dans l’avion ivoirien ? Pas un, mais peut-être plusieurs. Confidences.
«La souveraineté militaire de la Côte d’Ivoire, j’allais dire aussi économique et social, mais je préfère m’en tenir à l’aspect militaire, s’est liquéfiée dans l’empire français qui aiguillonne la communauté internationale. Ne soyez pas surpris de voir les militaires français et ceux de l’Onu dans toutes vos localités. Cela se passe comme ça quand la confiance disparait entre votre armée nationale, votre gendarmerie, votre police et le sommet de l’Etat». Analyse un politologue européen. Lequel ajoute que la situation sécuritaire actuelle n’est pas loin de celle qu’avaient déjà vécue les populations ivoiriennes à une certaine époque qui rappelle le colonialisme. En effet, depuis le coup d’Etat de décembre 1999 du général Robert Guéi, c’est la toute première fois que la sécurité des nationaux est aux mains des forces étrangères. Pendant les trente trois (33) ans - 1960 à 1993 - de règne de Félix Houphouët-Boigny, certes la sécurité militaire était confiée à la France à travers son fameux 43è Bataillon d’infanterie maritime (Bima). Mais elle était plutôt dissuasive et l’armée de l’ancienne puissance coloniale n’était pas aussi visible qu’elle l’est depuis ce fatidique 11 avril. Déjà très visibles du temps du Président Laurent Gbagbo à cause de la crise même si elles étaient surveillées comme du lait sur du feu et que leurs déplacements étaient circonscrits à des missions spécifiques, les forces étrangères coalisées sont désormais les seules à patrouiller armes aux poings. Elles ne disputent plus le terrain avec une autre armée, nationale soit elle.
Autre paradoxe de gouvernance, lorsque toutes les forces présentes sur le territoire ivoirien doivent se retrouver en patrouille, les forces étrangères sont derrière, lourdement armées, un doigt sur la gâchette et les yeux vigilamment rivés sur les forces nationales (Frci) qui elles sont devant sans aucune arme. Victimes éventuelles en cas de faux pas et boucliers à la fois en cas «d’attaques ennemis». «Les missions des militaires français et onusiens ne sont plus inopinées comme au temps du président Gbagbo qu’on pouvait assimiler au temps de la guerre froide. Depuis sept mois, ils sont installés comme chez eux, les bases militaires nationales n’ont plus de secrets pour eux, ils y entrent comme à l’hôtel Sebroko (siège de la mission onusienne en Côte d’Ivoire, ndlr) ou comme au 43é Bima à Port-Bouët comme à l’époque d’Houphouët-Boigny. C’est un retour des choses, je ne sais pas s’il s’agit d’un juste retour ou d’un retour fâcheux». A commenter pour nous un homme d’affaire asiatique basé en Côte d’Ivoire depuis des lustres. Il ne croyait pas si bien dire. Le samedi 15 octobre dernier, les populations de Yopougon, commune située à l’ouest du District d’Abidjan et réputée fief du président Laurent Gbagbo en ont fait l’expérience. Le meeting organisé par la jeunesse du Front population ivoirien (Fpi fondé par Laurent Gbagbo) a failli tourner au vinaigre. Et pour cause, tôt le matin toute la commune était bouclée par un impressionnant dispositif de sécurité composé de l’armée française de l’opération Licorne et des Casques bleus de l’Opération des nations unies en Cote d’Ivoire (Onuci). Ces deux forces coalisées étaient en embuscade. Elles étaient certes en arrière-plan. Mais elles veillaient scrupuleusement au grain pendant que les militaires de Forces républicaines de Côte d’Ivoire, compression d’ex-forces rebelles et d’ex-forces de défense et de sécurité sous Gbagbo théâtralisaient la dissuasion. Selon des informations en notre possession, les militaires français ont fourni les renseignements sur «les faces cachées» dudit meeting de la jeunesse du Fpi. Renseignements qui auraient convaincu le ministre de l’Intérieur à annuler le rassemblement à la dernière minute sans une note officielle du gouvernement. Lequel savait que le document d’annulation aurait donné le sentiment d’une reculade du nouveau régime face aux partisans de Gbagbo. Ainsi donc militaires français et casques bleus onusiens concordent leurs actions sur le terrain mêlant par moment intimidations et menaces verbales et confiant la brutalité aux forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). L’autre symbolique de la présence massive et besogneuse des forces étrangères depuis l’arrestation et la déportation du Président Gbagbo, sa famille, et ses collaborateurs, c’est que ce sont Licorne et Casques bleus qui annoncent l’annulation du meeting aux militants du Fpi. Le symbole est à l’image du pays, celui d’une nation déboussolée, en quasi perdition qui se jette mains et pieds joints dans les bras de l’inconnu.
Bertina Soro