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Editorial Publié le lundi 24 octobre 2011 | L’expression

L’Editorial : Destins de dictateurs

© L’expression Par DR
Lybie : Le Colonel Kadhafi mort des suites de ses blessures alors qu`il tentait de fuir la ville de Syrte.
La vue de l’homme couché, le visage ensanglanté a choqué. Sa dépouille, transformée en trophée devant lequel des foules viennent hurler leur joie devant les caméras des télévisions et les appareils photos, a révulsé. Le corps sans vie de Mouammar Kadhafi, allongé dans une chambre froide, n’a laissé personne indifférent. C’était pour la révolte populaire déclenchée à Benghazi, il y a quelque sept mois, puis transformée en lutte armée, le moyen de montrer à tous que le régime est fini. Kadhafi mort, c’est terminé. Le message devait bouleverser et rassurer en même temps. D’une certaine manière pour les membres du Conseil national de transition, le Cnt, en charge désormais de la Lybie, cette scène avilissante, qui heurte les consciences, plante dans l’esprit du peuple le passage de témoin. La page du maître, celui qui, durant quarante deux ans, a disposé de tout et de tous, est tournée. Le pays est dirigé maintenant par de nouvelles personnes : celles-là qui ont montré le corps sans vie de l’ancien souverain. Au-delà des images poignantes et des réactions que la mort d’un personnage comme Kadhafi ne manquent pas de susciter, la fin tragique du guide libyen pose la sempiternelle question des passages de témoins en Afrique, et au fond de la problématique de l’instauration et de l’implantation de la démocratie sur ce continent. Il faut le dire tout net, durant les cinquante ans et plus d’indépendance, les populations africaines n’ont pas véritablement eu droit au chapitre sur l’échiquier politique. Les chefs d’Etat ont été placés à la tête des pays au gré des intérêts des grandes puissances et puissances moyennes. Ils restaient en place ou étaient démis, par coup de palais ou vrais coup d’Etat selon qu’ils faisaient ou non le jeu des décideurs. La lutte entre les blocs ouest et est faisait bouger les lignes dans un sens ou l’autre. Les grands en compétition permanente poussaient les pions et cherchaient à étendre ou protéger leur zone d’influence. Dans cette configuration, et pendant longtemps, le droit des peuples africains à choisir les dirigeants ne préoccupait pas grand monde. Les princes locaux, les partisans de l’occident libéral comme les adeptes de la Russie et de la Chine socialistes, n’ont guère intégré les citoyens en dépositaires réels de la souveraineté. Même quand embarrassés par le vent de l’Est qui a balayé le mur de Berlin et déclenché la vague démocratique dans les pays de l’ancienne zone de contrôle de la Russie, les pays occidentaux ont donné des tapes amicales dans le dos de leurs protégés africains à aller dans le sens de l’histoire, beaucoup ont ri sous cape. Les Moussa Traoré au Mali, Hissein Habré au Tchad, pour ne citer que ceux là, ont trainé les pieds et résisté quand les peuples réclamaient véritablement le changement. Ils ont été chassés l’un par la révolution populaire dans la rue. Les militaires ont donné le coup de pouce. L’autre, par une opération militaire en bonne et due forme. Ces exemples montrent que les changements politiques allant dans le sens de remettre la population au cœur de la dévolution du pouvoir n’ont pas été acceptés sur le continent. Les dinosaures des palis se sont adaptés en réalité à la nouvelle réalité en opérant de vraies fausses ouvertures politiques. Au Zaïre, Au Gabon, au Togo, les conférences nationales ont été des trompe-l’œil. Dans le Maghreb, les autocrates se sont mirés dans la glace pour bien se sentir maîtres des lieux. Et la vie a continué. Les Africains, en dépit de certains pays à l’instar du Bénin, du Mali, du Ghana, ont noté de grands bonds en arrière : situation des libertés plus chaotique que jamais, nouveau mode des transmissions de pouvoir de père en fils, modification des constitutions pour des présidences à vie… Dernière trouvaille là où les élections leur étaient arrachées de force, les princes en poste refusaient les résultats des urnes et imposaient un partage par la force du pouvoir. Des strapontins aux vainqueurs, et le maître reste en place. La stratégie initiée au Kenya a gagné le Zimbabwe et a failli s’installer en Côte d’Ivoire. En réalité, enfermés dans une mentalité, pour les plus humbles, de moins que Dieu mais plus qu’hommes, les dirigeants africains tentent de se convaincre que le monde cesserait d’exister s’ils partaient des affaires. Et, ils jouent à imposer cette lunette à tous. Cette logique moyenâgeuse ne laisse qu’une alternative aux populations : se soulever et chasser le tyran, au prix de mille douleurs et sacrifices, ou se résigner et subir. En Tunisie, en Egypte, en Côte d’Ivoire, en Guinée, en Lybie, ça a été l’épreuve de force. Et les dictatures, y compris celles qui semblaient indéboulonnables, se sont écroulées. Gbagbo et Kadhafi, ces princes ubuesques, (ils ont nargué peuple et plus), ont supplié pour avoir la vie sauve quand ils ont senti la fin après la défaite militaire. Ces moins que Dieu mais plus qu’hommes se sont avérés de pauvres humains. Comme tous les autres. Gbagbo a été épargné par Alassane Ouattara, le président ivoirien élu. Kadhafi a été, vraisemblablement, exécuté. Destins de dictateurs ?
Du côté de Yaoundé au Cameroun, un homme, au pouvoir depuis vingt neuf ans, s’est fait encore élire pour un nouveau mandat de cinq ans. Paul Biya a fait sauter, au préalable, le verrou constitutionnel et s’est offert près de quatre vingt pour cent des voix. Les Camerounais pour l’instant se croisent les bras…
D. Al Seni
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