Dans mon sac, j`ai apporté le livre écrit par Pierre Péan: " La République des mallettes", Editions Fayard. Selon le compte rendu fait par le quotidien français Libération, Pierre Péan, écrivain journaliste prolifique et spécialiste de sujets polémiques, n`a pas fait cette fois-ci un travail rigoureux. Il se serait contenté de rumeurs. L`auteur semble confesser les lacunes de sa méthode et assumer néanmoins son choix dans cet extrait en avertissement à la page 10: " Enquêter sur un personnage d`envergure à l`aide de pièces d`archives est le régal du biographe. J`ai connu ces intenses satisfactions en racontant Jacques Foccart, le "monsieur Afrique" du général de Gaulle, ou de l`avocat genevois pro-nazi François Genoud. Le premier fut si impressionné par mon travail que, après un procès pour la forme, qu`il perdit, il confia, beau joueur, ses mémoires et son imposant Journal à mon éditeur. Cette fois, il en irait autrement. J`ai choisi de m`intéresser à ce territoire très spécifique du pouvoir qui se situe aux confins de la politique et des affaires, dans cette zone grise, entre légalité et non-droit, qui existe à l`intérieur de l`appareil d`Etat. En progressant à tâtons, j`ai été amené à suivre de près le parcours d`un certain Alexandre Djouri: figure incontournable, il est au centre du pouvoir depuis longtemps, alors que le personnage est inconnu du grand public (...) A plusieurs reprises, j`ai pensé abandonner cette enquête, tant celle-ci me procurait le sentiment de perdre mes repères habituels. J`ai toujours privilégié la recherche de documents écrits à la collecte de témoignages oraux. Depuis longtemps, je revendique le titre d`enquêteur ou de journaliste d`initiative. Je conçois mon rôle comme celui d`un journaliste indépendant, qui ne se "cale" pas sur les instructions judiciaires en cours, contrairement à la pratique du journaliste soi-disant d`investigation, lequel fonctionne bien souvent dans les faits comme un auxiliaire de justice marchant main dans la main avec des juges et des policiers... Ces journalistes-là n`éprouvent évidemment guère de difficultés pour obtenir des preuves formelles puisqu`ils se contentent de réunir les pièces citées dans les dossiers d`instruction dont ils restituent la teneur. Le journalisme d`initiative est bien plus aléatoire puisqu`il prend le risque de chercher des faits et des éléments de preuve divers et variés, de les interpréter, et donc assume le risque de tromper ou de ne pas trouver ce qu`il cherchait (...) La quasi totalité des nombreux témoins que j`ai rencontrés n`ont accepté de parler qu`à la condition expresse que j`accepte la règle du "off". Pourquoi? Tout simplement parce qu`ils avaient peur. Ces "off" me permettaient de respecter la règle numéro un du journalisme, qui est de croiser ses sources. Mais une compilation de "off" est fragile et, sur un plan juridique, de bien moindre poids qu`un seul témoignage à visage découvert. Pour sortir de cette impasse, dois-je prendre le pari de briser le"off", comme le font parfois les jeunes journalistes ? Difficile, pour l`enquêteur à l`ancienne que je suis. J`ai donc décidé de respecter le "off" pour la publication de mon livre". Ces extraits n`intéressent pas que Pierre Péan et son livre. Ils mettent également en perspective la nécessaire réflexion sur la pratique du journalisme. Ici à Washington, à six mille kilomètres de Paris et aussi, à peu près autant d`Abidjan, le débat sur la certification de l`aéroport d`Abidjan pour les vols commerciaux fait rage. Un faux débat a priori de la part des Américains, puisque l`aéroport depuis toujours reste certifié pour les vols spéciaux et les voyages officiels. Si "l’Etat ivoirien est certifié ISO et est crédible pour que de Bédié à Ouattara en passant par Gbagbo, des vols spéciaux et directs partent d`Abidjan vers les USA, pourquoi du même aéroport ce ne serait pas possible ? Mais si tel est le cas en définitive, est-on sûr qu`une clientèle peut à nouveau exister pour les vols directs d`Abidjan vers New York face à Accra, Lagos et Dakar qui, dans la sous-région, font la ligne ? Quelles vont être les compagnies qui assureront la ligne. Si ce n`est pas Air Ivoire déjà en mal sur la ligne Paris, ni des compagnies assurant déjà le vol direct sur les USA à partir d`autres pays, à quoi cela va servir de confier encore son sort à des affaires ou hommes d`affaires peu rompues au métier de l`aviation, et pouvant mettre à nouveau à mal la réputation du pays et de son aéroport ? A demain.
Wakili Alafé
Wakili Alafé