Le chien aboie, la caravane passe. Cet adage colle à la situation ivoirienne. Le FPI, l’ex-parti au pouvoir, peut crier et bien hurler, la procédure judicaire engagée par la justice ivoirienne contre ses caïds, sur qui pèsent des présomptions de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité, avance et ira à son terme. C’est dire que l’ancien parti au pouvoir peut remuer ciel et terre, son champion, Laurent Gbagbo, inculpé et en détention préventive dans la capitale du ‘’Poro’’ sera bel et bien traduit devant la Cour pénale internationale. Sans gêne, ni remord pour les 3000 Ivoiriens tombés lors de la crise postélectorale occasionnée par son entêtement à garder le fauteuil présidentiel malgré sa défaite aux urnes, le FPI fait, en effet, de la libération de Laurent Gbagbo et de tous ses responsables incarcérés, une condition sine qua non pour prendre part aux élections législatives du 11 décembre, surtout de la réussite de la réconciliation entre les Ivoiriens. Selon la première responsable de l’organisation des femmes du FPI (OFFPI), Odette Gnabry Lohourougnon, se prononçant samedi dernier sur le sujet, seule l’acceptation de cette condition est la clé de la réussite du processus de réconciliation. Au quel cas, l’échec sera patent. Et à Laurent Akoun, secrétaire général et porte-parole du FPI d’allonger la liste des conditions: l’arrêt de toutes les procédures judicaires, le dégel des avoirs des personnalités du FPI, le retour de tous les exilés ou déplacés… Sacrés veinards ces refondateurs. En effet, le Front populaire ivoirien qui a massacré ses opposants les 10 ans passés au pouvoir, a beaucoup de chance d’avoir, après son retour à l’opposition, un pouvoir civilisé et respectueux surtout des droits de ses opposants. Quelques mois seulement après sa chute, ce parti se réclamant de la gauche a pu tenir un meeting à Koumassi pour invectiver le régime Ouattara. Prenant goût à ce jeu de libertinage, la jeunesse du FPI menée par celui qui se fait appeler ‘’Blé Goudé bis’’, Koua Justin a programmé un autre meeting le 15 octobre dernier, cette fois insurrectionnel. Le pouvoir a été obligé de lui demander de surseoir à cette manifestation dangereuse pour l’ordre public. Alors qu’on croyait le FPI sur la voie de la sagesse après l’arrestation de Séka Séka, le report du meeting de sa jeunesse et les évènements d’Agban, voilà que ses responsables ressassent les conditions insurmontables pour se mettre hors du processus électoral, du train de la réconciliation et de la paix en Côte d’Ivoire. A la vérité, les refondateurs redoutent une défaite programmée lors des élections législatives. Vomis par le peuple et conscients qu’ils ne pèsent plus que le poids d’une feuille morte, Miaka Ouréto, le président par intérim du parti de Laurent Gbagbo et ses camarades, usent de subterfuges pour se soustraire du jeu démocratique pour enfin donner sens à leur volonté de mener la vie dure au régime en place. N’est-ce pas que Miaka lui-même a avoué que son parti sera écrasé s’il part aux élections? Cependant la nage en eaux troubles est découverte et ne saurait ébranler les autorités. L’impunité n’a plus sa place dans la nouvelle Côte d’Ivoire. Les accusés seront face à leurs crimes à La Haye. C’est aussi simple.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara