Laurent Gbagbo et son épouse Simone, en prison à Korhogo et à Odienné, sont-ils détenus dans des « conditions exécrables », comme l’affirment souvent ses partisans et ses relais dans la presse bleue ? Sont-ils traités comme de vulgaires bandits de grands chemins ? Sont-ils soumis à des rations alimentaires aux qualités nutritives douteuses ? Sont-ils enfermés sans électricité et moyen de ventilation dans leurs cellules, si on peut appeler ainsi les résidences presque cossues dans lesquelles ils logent ? En un mot comme en cent, sont-ils autant maltraités que ne laissent croire certaines personnes qui ont le privilège de les visiter ?
On peut bien en douter. Les toues premières images diffusées hier sur internet, montrent ces deux personnalités sous un bien meilleur jour. Ils ont le sourire aux lèvres et ne présentent aucun signe apparent de maladie.
Evidemment, ils paraissent quelque peu amaigris. Mais la prison, ce n’est pas fait pour attraper l’embonpoint. Pas surtout quand on doit répondre devant la Justice des faits graves – crimes économiques, de guerre, de sang, contre l’humanité, etc. – dont ils sont présumés coupables. La mélancolie qu’on peut donc lire dans le tréfonds de leur regard, ne peut provenir que de nombreuses questions existentielles qu’ils se posent sur leur avenir.
De ce point de vue, il faut bien croire que le président de la République, Alassane Ouattara, tient ses promesses de traiter l’ancien couple présidentiel dans la dignité et le respect dus à leur statut.
Mais les refondateurs sont manifestement dans une autre logique. Car si on peut leur reprocher à peu près tout dans la grave crise qui a déchiré la Côte d’Ivoire, au lendemain de l’élection présidentielle, et qui s’est soldée par l’arrestation le 11 avril dernier, de leur champion, ce n’est sans doute pas leur inconstance vis-à-vis, justement, de cette arrestation. Tous autant qu’ils sont – excepté quelques rares d’entre eux qui n’en font pas un impératif catégorique – les anciens compagnons de Laurent Gbagbo ne voient le salut de la Côte d’Ivoire que dans la libération sans condition de l’ex-chef de l’Etat.
Toutes les tribunes qui leur sont offertes (ou qu’ils s’offrent eux-mêmes) sont des occasions pour clamer et réclamer l’élargissement du pensionnaire de Korhogo. A ce point-là, on se croirait bien dans la théorie du « Rien sans Gbagbo ». Ce qui, pour les contemporains de notre histoire récente, n’est pas sans rappeler, mais dans le sens contraire, le fameux « Tous sauf Ouattara ». Les mêmes qui étaient prêts hier à toute concession pourvu que Ouattara soit exclu du jeu politique, exigent aujourd’hui l’inclusion de fait de Gbagbo dans ce même jeu politique avant d’en contribuer à la normalisation.
De ce point de vue, la réconciliation prônée par le chef de l’Etat – qui a mis en place la Commission dialogue vérité et réconciliation – n’est qu’un leurre à leurs yeux. Ils ne la voient guère aboutir à des résultats probants tant que Laurent Gbagbo n’est pas en liberté.
Ils voudraient donc bien participer par exemple aux élections législatives – que les partisans de Ouattara avaient refusé en son temps pour protester contre l’exclusion de leur mentor –, mais à la seule condition que Gbagbo soit libéré, et donc absout de tous les faits répréhensibles qui lui sont reprochés.
Avant-hier, l’Organisation des femmes du FPI, au sortir d’une réunion, se proposait d’exiger du chef de l’Etat – qu’elle entend rencontrer à cet effet – la libération de leur leader.
Une goûte d’eau évidemment dans la mer de réclamations frontistes parfois aux allures de sommations, auxquelles les Ivoiriens ont assisté depuis la capture de l’ancien dictateur. De Mamadou Koulibaly, alors président par intérim du FPI à Akoun Laurent, Amani N’guessan, Yao Yao Jules, en passant par Miaka Ouréto, tous ont la même trompette de la menace à la bouche : libérer Laurent Gbagbo, sinon…
Mais la palme de la fulmination pro-Gbagbo revient sans aucun doute aux exilés du FPI qui fourmillent dans les pays de la sous-région, notamment au Ghana. Chaque jour que Dieu fait, ils poussent des cries d’orfraie en direction du nouveau pouvoir et brandissent la menace des armes comme ultime moyen de revenir aux affaires. Les coups de feu du camp d’Agban, l’arrestation de Séka Séka, l’attaque du cortège du commandant Chérif Ousmane, le meeting aux relents insurrectionnels du FPI à Yopougon, etc, sont-ils la solution au problème Gbagbo ? Doit-on enjamber la Justice pour rendre sa liberté à un homme qui a refusé, lui, de libérer son peuple en reconnaissant une simple défaite électorale ? Gbagbo est bien portant et se sent probablement prêt à affronter la Justice.
KORE EMMANUEL
On peut bien en douter. Les toues premières images diffusées hier sur internet, montrent ces deux personnalités sous un bien meilleur jour. Ils ont le sourire aux lèvres et ne présentent aucun signe apparent de maladie.
Evidemment, ils paraissent quelque peu amaigris. Mais la prison, ce n’est pas fait pour attraper l’embonpoint. Pas surtout quand on doit répondre devant la Justice des faits graves – crimes économiques, de guerre, de sang, contre l’humanité, etc. – dont ils sont présumés coupables. La mélancolie qu’on peut donc lire dans le tréfonds de leur regard, ne peut provenir que de nombreuses questions existentielles qu’ils se posent sur leur avenir.
De ce point de vue, il faut bien croire que le président de la République, Alassane Ouattara, tient ses promesses de traiter l’ancien couple présidentiel dans la dignité et le respect dus à leur statut.
Mais les refondateurs sont manifestement dans une autre logique. Car si on peut leur reprocher à peu près tout dans la grave crise qui a déchiré la Côte d’Ivoire, au lendemain de l’élection présidentielle, et qui s’est soldée par l’arrestation le 11 avril dernier, de leur champion, ce n’est sans doute pas leur inconstance vis-à-vis, justement, de cette arrestation. Tous autant qu’ils sont – excepté quelques rares d’entre eux qui n’en font pas un impératif catégorique – les anciens compagnons de Laurent Gbagbo ne voient le salut de la Côte d’Ivoire que dans la libération sans condition de l’ex-chef de l’Etat.
Toutes les tribunes qui leur sont offertes (ou qu’ils s’offrent eux-mêmes) sont des occasions pour clamer et réclamer l’élargissement du pensionnaire de Korhogo. A ce point-là, on se croirait bien dans la théorie du « Rien sans Gbagbo ». Ce qui, pour les contemporains de notre histoire récente, n’est pas sans rappeler, mais dans le sens contraire, le fameux « Tous sauf Ouattara ». Les mêmes qui étaient prêts hier à toute concession pourvu que Ouattara soit exclu du jeu politique, exigent aujourd’hui l’inclusion de fait de Gbagbo dans ce même jeu politique avant d’en contribuer à la normalisation.
De ce point de vue, la réconciliation prônée par le chef de l’Etat – qui a mis en place la Commission dialogue vérité et réconciliation – n’est qu’un leurre à leurs yeux. Ils ne la voient guère aboutir à des résultats probants tant que Laurent Gbagbo n’est pas en liberté.
Ils voudraient donc bien participer par exemple aux élections législatives – que les partisans de Ouattara avaient refusé en son temps pour protester contre l’exclusion de leur mentor –, mais à la seule condition que Gbagbo soit libéré, et donc absout de tous les faits répréhensibles qui lui sont reprochés.
Avant-hier, l’Organisation des femmes du FPI, au sortir d’une réunion, se proposait d’exiger du chef de l’Etat – qu’elle entend rencontrer à cet effet – la libération de leur leader.
Une goûte d’eau évidemment dans la mer de réclamations frontistes parfois aux allures de sommations, auxquelles les Ivoiriens ont assisté depuis la capture de l’ancien dictateur. De Mamadou Koulibaly, alors président par intérim du FPI à Akoun Laurent, Amani N’guessan, Yao Yao Jules, en passant par Miaka Ouréto, tous ont la même trompette de la menace à la bouche : libérer Laurent Gbagbo, sinon…
Mais la palme de la fulmination pro-Gbagbo revient sans aucun doute aux exilés du FPI qui fourmillent dans les pays de la sous-région, notamment au Ghana. Chaque jour que Dieu fait, ils poussent des cries d’orfraie en direction du nouveau pouvoir et brandissent la menace des armes comme ultime moyen de revenir aux affaires. Les coups de feu du camp d’Agban, l’arrestation de Séka Séka, l’attaque du cortège du commandant Chérif Ousmane, le meeting aux relents insurrectionnels du FPI à Yopougon, etc, sont-ils la solution au problème Gbagbo ? Doit-on enjamber la Justice pour rendre sa liberté à un homme qui a refusé, lui, de libérer son peuple en reconnaissant une simple défaite électorale ? Gbagbo est bien portant et se sent probablement prêt à affronter la Justice.
KORE EMMANUEL