En affirmant aux soldats au cours de ses visites dans les casernes que «les coups d’Etat, c’est fini», Guillaume Soro, le Premier ministre et ministre de la Défense fait un aveu qui, en fait, n’est qu’une réalité sue. Il agit comme un qui a la marque déposée des coups d’Etat en Côte d’Ivoire. C’est quand même lui, le Secrétaire général du Mpci devenu Forces nouvelles, l’auteur du coup d’Etat manqué du 19 septembre 2002, mué en rébellion et achevé en avril 2011. Et quand il dit : «les coups d’Etat, c’est fini», il faut le croire, puisqu’il n’a pas encore autorisé «son brevet» d’invention à un autre téméraire. N’est-ce pas lui, le visage visible, qui a recruté des mercenaires et autres dozo pour faire «proprement» le travail qui lui a été demandé ? Lorsqu’un génie, un expert, parle, il faut l’écouter. Guillaume Soro prévient et il faut le comprendre ainsi : «après moi, personne d’autre ne réussira de coup d’Etat en Côte d’Ivoire, c’est fini ! Les coups d’Etat ici, c’est notre idée, et les tricheurs ne réussiront pas ; ils n’ont ni le génie, ni le cran, ni les parrains, ni les moyens ; les coups d’Etat, c’est fini». C’est une bonne nouvelle qu’il n’y ait plus de coups d’Etat dans notre pays. Car tous, nous savons combien depuis 1999, les coups d’Etat ont plongé le pays dans les problèmes. Et lorsque ceux qui, nourris à la mamelle de la violence, ont produit des drames éternels, proclament la fin des coups d’Etat, il faut répondre : Alléluia ! Mais à travers cette déclaration, Guillaume Soro fait plus qu’une prophétie. Il se prend pour Dieu lui-même. Qui décide de tout ce qui va arriver dans la vie d’un peuple. Si tel doit mourir par balle, par noyade ou par le feu, etc. Seul Dieu peut jouer avec la notion de «jamais». Mais à y comprendre mieux, le vrai combat de Guillaume Soro, c’est contre l’implacable loi divine selon laquelle «qui tue par l’épée mourra par l’épée». Il veut mettre fin à cette loi, parce qu’il s’agit de lui, Guillaume Soro, le porte-parole de la rébellion sanglante, chouchoutée par l’Occident. Qui à sa place ne se prendrait pas pour Dieu le Saint Esprit ? On l’a vu entrer à Abidjan, à la tête d’une armée rebelle, armée d’armes sophistiquées. Même si elle n’a eu son salut que dans le secours foudroyant de la Licorne et les casques bleus de l’Onu, elle a quand même gagné. Et lorsqu’on a gagné et qu’on a fait le nettoyage qu’il a fait, on peut se permettre certaines déclarations «anodines». Parce qu’on est convaincu que Dieu est dans sa poche. C’est donc réjouissant que Dieu nous annonce que «les coups d’Etat, c’est fini».
Germain Séhoué (gs05895444@yahoo.fr)
Germain Séhoué (gs05895444@yahoo.fr)
