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Politique Publié le lundi 31 octobre 2011 | Le Temps

Moossou (Grand-Bassam) : Ce qui reste de la résidence de Mme Gbagbo

© Le Temps
Odienne : Simone Gbagbo l`épouse de l`ex - président entourée de ses proches
Grand-Bassam. Village de Moossou, une résidence modestement bâtie au bord de la lagune Aby. Le visiteur qui y arrive pour la première fois est agréablement surpris, surtout lorsqu’il apprend que c’est la résidence privée de la Première Dame, Simone Ehivet Gbagbo. Elle contraste avec les résidences bâties dans un luxe insolent avec l’argent du contribuable ivoirien durant plusieurs décennies par le Pdci. Cette modeste résidence a reçu la visite, en avril dernier de l’armée de Ouattara. Comme vous pouvez vous en douter, les hommes de Ouattara sont repartis sans rien laisser. «Dans leur basse besogne, les pillards des Frci ont été aidés de militants du Rhdp, eux aussi armés. On a même vu certains venir par la lagune», explique la gorge nouée par l’émotion, une dame, la cinquantaine bien entamée qui nous sert de guide. La devanture est presqu’envahie par la broussaille. Ce qui indique que le domicile n’a plus été habité depuis le passage des Frci. On constate tout de suite que les fils électriques ont été emportés. Sur toute la devanture, les impacts de balles très visibles donnent à chaque visiteur, l’ampleur de la furia de ces seigneurs de guerre. L’intérieur offre un spectacle des plus désolants. Le générateur installé à la guérite n’existe plus. Même la cabine de la Cie n’a pas échappé à la folie des hommes du Rhdp. Il en est de même pour les préaux qui abritaient les réceptions, tout comme le poste de gendarmerie. «Ils étaient venus avec deux bidons d’essence pour tout brûler. Mais la gendarmerie a su organiser la résistance», confie notre guide. «Même la mairie, précise-t-elle, a mis une voiture à la disposition des pillards». Sa gorge se laisse encore étreindre par l’émotion. Après un long moment de silence, elle ajoute : «C’est regrettable. Comment peut-on se comporter de la sorte ? On est déçu de voir que pour diriger un pays, on est obligé de monter les ivoiriens les uns contre les autres.» L’intérieur de la résidence est également envahi par la broussaille. Mais ce n’est pas le plus remarquable. Le visiteur se trouve tout de suite sidéré par ce que son regard lui donne de voir. Le préau sous lequel la Première Dame garait son véhicule de commandement n’a plus de toit. Dans le bâtiment principal, on est tout simplement pris de colère contre la bêtise humaine. Le bureau de Simone Gbagbo est parti comme emporté par un ouragan. Le mobilier, le plafond, les ampoules… rien n’a été épargné par les pillards. Juste à côté du bureau, se trouve la chambre à coucher de la Première Dame. Là aussi, le spectacle est le même. Tout a été pris. Tout le sanitaire en plus. «Ils ont cassé ce qu’ils ne pouvaient pas emporter», fait encore remarquer notre guide. Evidemment, le sol est jonché de débris en tous genres de choses qu’ils n’ont pu emporter. Ils ont même fait de gros trous dans la douche. «Ils disent qu’ils cherchaient des armes. Mais comme il n’y pas des armes ici, ils n’ont rien trouvé. Ce sont eux qui ont fait tous ces gros trous que vous voyez. Comment peut-on cacher des armes ici ?», s’interroge dépité, un autre guide. Dans les autres chambres à coucher, c’est le même spectacle. Le salon et la salle de réception s’offrent grandement vides de tout ce qu’ils contenaient. A part quelques flaques d’eaux, rien n’a donc pu résister à la folie de cette armée d’un autre âge. Les meubles tout comme les vitres sont aujourd’hui la propriété de ces hommes. A la cuisine, c’est le même décor. Tout y a été démonté et emporté sans le moindre remord. «C’est vrai que nous avons réussi à sauver quelques biens. Mais les Frci nous ont retrouvés chez nous et ont exigé qu’on les leur rende», révèle le même guide. A cela s’ajoute tout le bois qui a été pris. Un peu plus loin se trouve la chambre de la gouvernante. Les Frci ne se sont pas empêchés de faire plusieurs tours là-bas. «La gouvernante vivait là avec ses enfants. Tout, y compris les effets vestimentaires de ses enfants, a été emporté. Dans quel pays sommes-nous», s’interroge un autre. Dehors, un peu loin de la résidence privée se trouvent plusieurs chambres indépendantes. Elles ont aussi été pillées par les hommes de Ouattara. Mais comme s’ils avaient honte de leurs forfaitures, ils empêchaient la famille de la Première Dame d’avoir accès à la résidence. Que voulaient-ils cacher ? «Après le pillage, tous ceux qui venaient étaient arrêtés par les Frci. Je ne sais pas ce qu’ils voulaient. Mais nous avons été obligés de négocier avec eux avant de mettre quelqu’un ici pour surveiller la maison», confie pour sa part un autre guide. Depuis lors, la résidence est entre les mains de la famille qui y a affecté un gardien. «La Côte d’Ivoire n’a pas besoin de ça. Est-ce qu’en 1999, quand Bédié est tombé, sa résidence a été pillée ? Les résidences des barons du régime d’alors n’ont pas été pillées. Pourquoi aujourd’hui celles des proches de Gbagbo?» Bonne question.
Guéhi Brence
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