Tous les anciens ministres de Laurent Gbagbo, assignés d’abord à résidence surveillée à l’hôtel « La nouvelle pergola », à la chute de Laurent Gbagbo, le 11 avril, avant d’être transférés le 9 juillet 2011 dans la prison civile de Boundiali, pourraient recouvrer, cette semaine, leur liberté de mouvement. Cette information que nous tenons d’un Ambassadeur occidental en fonction à Abidjan, a été confirmée par un haut magistrat proche du parquet d’Abidjan. « Tout est mis en œuvre pour leur mise en liberté provisoire dans le courant de cette semaine », nous a-t-on confié. Ce sont Gilbert-Marie Aké N’Gbo, ex-Premier ministre, Danielle Boni Claverie, ex-ministre de la Famille de la Femme et de l’Enfant, Christine Adjobi, ex-ministre de la Santé et de la Lutte contre le sida, MM. Ettien Amoakon, ex-ministre des Postes des Télécommunications et des Nouvelles technologies de l’information, Désiré Dallo, ex-ministre de l’Économie et des Finances, Alcide Djédjé, ex-ministre des Affaires étrangères, Raphael Dogbo, ex-secrétaire d’État des personnes handicapés, Joseph Kata Kété, député et ex-ministre de la Recherche scientifique, George Armand Ouégnin, ex-secrétaire d’État chargé de l’Assurance mutuelle universelle (AMU). Michel Gbagbo, fils de l’ex-chef de l’Etat, pourrait, lui aussi, bénéficier de cette liberté provisoire. « Ils seront tous transférés à Abidjan cette semaine avant d’être remis en liberté. Mais, il s’agit d’une liberté provisoire. Ils seront donc placés sous contrôle judiciaire », en attendant leur probable comparution devant le tribunal, a précisé notre source. Sans vouloir interférer dans les affaires judiciaires, même s’il est le chef suprême de la magistrature, avant son déplacement à Paris pour la 36 ème conférence générale de l’Unesco tenue la semaine dernière et où il a largement évoqué son programme en faveur de la paix en Côte d’Ivoire, le président de la République, Alassane Ouattara aurait instruit, ministre de la justice sur les dispositions à prendre, dans la dynamique du processus de réconciliation nationale, pour rendre « possible la mise en liberté provisoire des ministres du gouvernement du président Laurent Gbagbo ». En respect de la procédure, la décision a été prise sur réquisition du procureur de la République, avons-nous appris auprès du parquet d’Abidjan. Alassane Ouattara multiplie des gestes d’apaisement et de bonne cohésion politique avec son opposition significative incarnée par le Fpi. « Ce que j’ai indiqué à la délégation du Fpi, qui m’a rendu visite, il y a quelques semaines, c’est que je ferai tout ce que je peux faire personnellement afin qu’ils participent à ces législatives », avait-il indiqué au cours d’une conférence de presse à Paris. Cet autre acte, hautement politique, s`inscrit après la révélation faite à Paris par le chef de l`Etat. « J’ai signé un décret pour accroître le nombre des vice-présidents de la Cei, afin que le Fpi puisse y siéger » avait-il dit. Ces dernières semaines, des voix, mêlées à celles des dirigeants intérimaires du Front populaire ivoirien ( Fpi), se sont élevées, réclamant la participation du parti de Gbagbo à ces législatives pour donner une chance à une réelle expression démocratique après la guerre électorale. Après leur inculpation formelle par la justice ivoirienne, 24 proches de Laurent Gbagbo avaient été transférés le 9 juillet 2011 à la prison civile de Boundiali. Placés en détention préventive et accusés de détournements de fonds publics, d’atteinte à la sûreté de l’État et de crimes, ils sont, depuis, dans l’attente d’un procès. S’agissant de l’infraction d’atteinte à la sûreté de l’Etat, 42 personnes ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt dans cette enquête. A la suite de la crise postélectorale, le président de la République, Alassane Ouattara, avait instruit le procureur de la République, Simplice Kouadio Koffi, à diligenter une enquête aux fins de juger les auteurs présumés des infractions d’atteinte à la sûreté de l’Etat et économiques.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA