La nouvelle réforme du café-cacao consacre, à nouveau, le mécanisme de vente par anticipation à la moyenne. Ce système calqué, un peu sur le modèle du voisin ghanéen, permet de minimiser les effets induits des fluctuations des cours mondiaux.
Pour les planteurs, l’heure n’est peut-être pas à la fête mais ils ressentent forcément la nouvelle réforme comme un nouveau départ. Beaucoup le disent, la décennie de libéralisation aura contribué à accroître la pauvreté en leur sein, à cause notamment de l’inefficacité du système en place. Pour cette campagne, par exemple, le prix du cacao a été fixé à 1.000 Fcfa le kilo. Malheureusement, les producteurs continuent de se plaindre que les acheteurs ne respectent pas ce prix. A la vérité, ils ne perçoivent généralement guère plus de 20-30% du prix international, en raison, par ailleurs, d’une lourde fiscalité. Au-delà de ces problèmes, le secteur est resté plombé par des détournements massifs qui sont encore pendants devant les juges. Ces dysfonctionnements, conjugués aux pressions exercées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) qui font de la réforme une condition majeure à l’important allègement de la dette, espéré par le président Alassane Ouattara au premier trimestre 2012, ont amené le gouvernement à accélérer les changements significatifs. Pour en consacrer le caractère participatif, la réforme a connu plusieurs versions ces derniers mois après d’âpres discussions entre le gouvernement, la Banque mondiale et les grands groupes chocolatiers. C’est donc de façon pratiquement consensuelle qu’a été décidé le retour à un organe public de régulation et de stabilisation. Selon le ministre de l’Agriculture, la mise en œuvre de la réforme se fera de façon progressive, la campagne 2011-2012 constituant une année transitoire. Le ministre Sangafowa Coulibaly jure que l’objectif est le renforcement de la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources ainsi que le développement d’une économie cacaoyère et caféière durable à travers la réorganisation de la production et l’amélioration de la productivité. L’Etat entend, en effet, développer la transformation de la fève brune sur place, pour qu’elle passe de 35 à 50% de la production d’ici à 2015. Mais, s’empresse-t-il de dire, la création de cet organe ne signifie pas le retour à un monopole d’Etat. «Il ne faut pas voir un rôle de monopole de l’Etat sur la filière », explique M. Coulibaly, ajoutant que l’idée est de permettre à l’Etat d’avoir un regard et de veiller au respect du jeu de la concurrence et de l’économie. Toutefois, les pouvoirs publics ne transigeront pas sur la protection des paysans avec notamment l’amélioration du système de collecte. «Nous sommes les garants de leurs intérêts », tranche le ministre. Dans cette optique, les exportateurs internationaux travailleront avec les coopératives en leur achetant la production au prix fixé et garanti par le nouvel organe public. Mais le nœud de la réforme, c’est que le système de vente par anticipation à la moyenne de 70 à 80% de la récolte sera rétabli pour minimiser les fluctuations des cours internationaux afin de garantir les prix payés bord champ. Au fond, la nouvelle structure sera administrée sur une base paritaire entre l’Etat et l’interprofession (producteurs et exportateurs), et va mettre en place un mécanisme de régulation des cours garantissant un prix minimum aux producteurs égal à 60% du prix Caf. En outre, les avantages relatifs au Droit unique de sortie (Dus), accordés par l’Etat aux exportateurs et usiniers seront révisés, après examen de leur impact sur l’activité.
Lanciné Bakayoko
Pour les planteurs, l’heure n’est peut-être pas à la fête mais ils ressentent forcément la nouvelle réforme comme un nouveau départ. Beaucoup le disent, la décennie de libéralisation aura contribué à accroître la pauvreté en leur sein, à cause notamment de l’inefficacité du système en place. Pour cette campagne, par exemple, le prix du cacao a été fixé à 1.000 Fcfa le kilo. Malheureusement, les producteurs continuent de se plaindre que les acheteurs ne respectent pas ce prix. A la vérité, ils ne perçoivent généralement guère plus de 20-30% du prix international, en raison, par ailleurs, d’une lourde fiscalité. Au-delà de ces problèmes, le secteur est resté plombé par des détournements massifs qui sont encore pendants devant les juges. Ces dysfonctionnements, conjugués aux pressions exercées par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) qui font de la réforme une condition majeure à l’important allègement de la dette, espéré par le président Alassane Ouattara au premier trimestre 2012, ont amené le gouvernement à accélérer les changements significatifs. Pour en consacrer le caractère participatif, la réforme a connu plusieurs versions ces derniers mois après d’âpres discussions entre le gouvernement, la Banque mondiale et les grands groupes chocolatiers. C’est donc de façon pratiquement consensuelle qu’a été décidé le retour à un organe public de régulation et de stabilisation. Selon le ministre de l’Agriculture, la mise en œuvre de la réforme se fera de façon progressive, la campagne 2011-2012 constituant une année transitoire. Le ministre Sangafowa Coulibaly jure que l’objectif est le renforcement de la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des ressources ainsi que le développement d’une économie cacaoyère et caféière durable à travers la réorganisation de la production et l’amélioration de la productivité. L’Etat entend, en effet, développer la transformation de la fève brune sur place, pour qu’elle passe de 35 à 50% de la production d’ici à 2015. Mais, s’empresse-t-il de dire, la création de cet organe ne signifie pas le retour à un monopole d’Etat. «Il ne faut pas voir un rôle de monopole de l’Etat sur la filière », explique M. Coulibaly, ajoutant que l’idée est de permettre à l’Etat d’avoir un regard et de veiller au respect du jeu de la concurrence et de l’économie. Toutefois, les pouvoirs publics ne transigeront pas sur la protection des paysans avec notamment l’amélioration du système de collecte. «Nous sommes les garants de leurs intérêts », tranche le ministre. Dans cette optique, les exportateurs internationaux travailleront avec les coopératives en leur achetant la production au prix fixé et garanti par le nouvel organe public. Mais le nœud de la réforme, c’est que le système de vente par anticipation à la moyenne de 70 à 80% de la récolte sera rétabli pour minimiser les fluctuations des cours internationaux afin de garantir les prix payés bord champ. Au fond, la nouvelle structure sera administrée sur une base paritaire entre l’Etat et l’interprofession (producteurs et exportateurs), et va mettre en place un mécanisme de régulation des cours garantissant un prix minimum aux producteurs égal à 60% du prix Caf. En outre, les avantages relatifs au Droit unique de sortie (Dus), accordés par l’Etat aux exportateurs et usiniers seront révisés, après examen de leur impact sur l’activité.
Lanciné Bakayoko