« Toutes les valeurs morales et spirituelles sont liées à la patience », croit fermement le cheikh Aïma Boikary Fofana, imam de la mosquée des Deux-Plateaux Aghien. Une valeur, a-t-il regretté, de laquelle les Ivoiriens s’éloignent de plus en plus. Le vice-président de Charles Konan Banny à la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), pense que toutes les émulations autour des nominations et des candidatures aux élections législatives sont la conséquence de la perte de la patience dans le comportement des populations. « Tout le monde veut être nommé ou veut être député. Parce que nous ne sommes pas patients », a-t-il confié à la presse, dimanche, après la prière de l’Aïd-el-Kébir qu’il a dirigée au sein de sa mosquée. Dans son sermon, le cheikh s’est largement attardé sur cette valeur. « Oui, nous devons faire preuve de détermination, mais surtout d’endurance face aux épreuves », a-t-il rappelé. Et de citer des paroles du Tout-Puissant pour étayer ses propos : « cependant, il annonce une heureuse nouvelle à ceux qui souffrent avec patience et endurance. Ceux qui, lorsqu’un malheur les touche, disent : nous sommes à Dieu et c’est à lui que nous ferons le retour. C’est sur ceux-là que Dieu étendra ses bénédictions et sa miséricorde infinie ». Il a appelé ses compatriotes à consolider les valeurs morales et spirituelles. A savoir, l’amour, l’honnêteté, le sens de la responsabilité, la solidarité, la justice sociale, l’équité, le sens élevé du devoir, la vérité, la confiance, la fraternité, le don de soi, etc. Autant de bonnes manières qui favoriseront l’établissement d’un nouveau « contrat social » entre les populations, comme il l’a indiqué quelques heures après l’immolation de son bélier sur les antennes du journal télévisé de 13h de RTI1. Pour lui, le mal auquel tous (musulmans ou non) doivent s’attaquer est la reconnaissance de la perte de ces valeurs. « Comment imaginer une société où la morale fait défaut ? », a-t-il extrapolé. Et de rappeler que la Côte d’Ivoire est le patrimoine commun autour duquel tous les Ivoiriens doivent se donner la main pour la reconstruire ensemble. Et de lancer cet appel : « la Côte d’Ivoire à laquelle nous rêvons tous, ne se construira pas dans l’adversité ni sur la haine et la méchanceté. Mais, dans l’amour, le véritable amour ». Son geste d’immolation du bélier a été suivi par de nombreux fidèles.
Sanou A.
Sanou A.