Depuis quelques mois, il ne se passe pas de jour sans que les routes ivoiriennes ne fassent de morts. En fait, de nombreuses familles continuent d'enterrer tous les week-ends un proche parent victime d'accident de la circulation. Mettant ainsi à mal tout le système des transports terrestres en Côte d'Ivoire .Aujourd'hui, l'on s'interroge: “qui est à la base de ces nombreux accidents”? Décryptage.
Considéré dans les années 80, comme le pays détenant le plus grand record d'accidents de la circulation dans le monde, la Côte d'Ivoire avait pris la résolution de ne plus occuper ce triste rang en mettant en place une politique de prévention routière très active. Cet engagement au plus haut niveau de l'Etat a donné rapidement des résultats probants qui ont ramené le phénomène des accidents de la route à un niveau acceptable. Etant entendu qu'il n'existe nul part le risque zéro accident. On a ainsi connu une réelle redynamisation des structures de régulation de la circulation. Notamment, l'Office de Sécurité Routière (Oser), la Société Ivoirienne de Contrôle Technique (Sicta, Automobile), la Direction générale des transports terrestres(Dgtt) ; le guichet unique automobile dont la mission en filigrane, est de veiller sur l'âge de mise en circulation des véhicules importés. Mieux, des structures d'entretien des routes ont été également créées après la privatisation de la défunte direction centrale des travaux publics (Dcmtp).
On compte parmi celles-ci, l'Agence de gestion des routes (Ageroute) dont la principale mission est de faire l'entretien du réseau routier national. Avec toutes ces structures et le réseau routier ivoirien considéré à l'époque comme l'un des meilleurs de la sous région, la Côte d'Ivoire a connu une certaine accalmie quant aux accidents sur nos routes. Dans le même élan, l'avènement des contrôles radar a été salutaire pour piéger les conducteurs indisciplinés. Du début des années 1990 jusqu'à l'aube des années 2000, on a noté un engagement fort des structures citées plus haut pour enrayer le phénomène des accidents de la route. Qui ne se souvient pas en effet, des grandes campagnes de sensibilisation de l'Oser organisées quotidiennement et les panneaux de sensibilisation et de sécurisation qui étaient perceptibles sur toutes les routes du pays ?
Malheureusement, depuis quelque temps, la série noire des accidents de la circulation a resurgi avec inquiétude surtout avec la crise socio-politique de 2002. Cette crise ayant causé la désorganisation complète de tout le système de la sécurité routière en Côte d'Ivoire. Désormais, aucun contrôle n'est fiable dans le secteur. Par exemple, au nord un phénomène dont on parle peu est en passe de noyer tout le pays. Il s'agit de la prolifération des motos de contrebande que les uns et les autres s'octroient dans le désordre le plus total. Combien de personnes sont aujourd'hui titulaires du permis A exigé pour la conduite des engins à deux roues ?
100 morts en trois mois sur nos routes…
En moins de trois mois, on a dénombré plus de cent morts sur les routes ivoiriennes. Nos enquêtes sur les causes profondes de la recrudescence de ces nombreux accidents nous ont amené au triste constat suivant :
La complaisance dans la délivrance des attestations des visites techniques automobiles ;
-Les fausses déclarations sur l'âge des véhicules importés en Côte d'Ivoire ;
-La dégradation très avancé du réseau routier national ;
-La mauvaise formation des conducteurs et délivrance complaisante du permis de conduire.
Tous ces points énumérés engagent chacun à un niveau précis, la responsabilité administrative de certaines structures étatiques désignées plus haut.
La complaisance dans la délivrance des attestations des visites techniques automobiles
Les nombreux usagers que nous avons interrogés sur la question ont unanimement reconnu que les visites techniques ne se font pas de façon conventionnelle. Et ce, malgré les déclarations de certains responsables de cette structure qui soutiennent le contraire. Les usagers vont même plus loin pour dénoncer le laxisme criard et la complicité de certains agents -certainement des brebis galeuses- de la Sicta dans la délivrance des visites techniques sans réel contrôle et parfois sans avoir vu les véhicules. Les exemples foisonnent. Il suffit simplement de voir le nombre révoltant de véhicules communément appelés Woro-Woro, bons pour la casse, et sans visites techniques, qui continuent malheureusement de circuler tranquillement sur nos routes, au vu et au su des forces de l'ordre et des autorités administratives du secteur.
Les fausses déclarations sur l'âge des véhicules importés en Côte d'Ivoire
Le parc automobile ivoirien est vieux. Selon une étude de spécialistes de la question, la majorité des engins roulant actuellement sur nos routes ont dépassé l'âge conventionnel de mise en circulation sur le territoire ivoirien. Passagers, conducteurs et piétons font chorus pour dénoncer la vieillesse du parc auto ivoirien. En cause, le phénomène des véhicules dit France-au revoir, en fait, des véhicules d'occasion importés d'Europe pour la plupart qui ont envahi, au mépris de toute réglementation, nos routes. La récente chute du Bus de la Sotra dans la lagune Ebrié aurait, semble-t-il, été causée par le mauvais état de l'engin. Les autorités actuelles qui ont prévu dans un plan d'ensemble, le renouvellement total du parc auto national sont invitées à ouvrir les yeux sur cette situation. Car il est temps de mettre le holà afin que cesse l'hémorragie.
La dégradation très avancée du réseau routier national
Même si depuis quelque temps, l'ensemble du tracé routier à Abidjan est en réfection, force est de reconnaître que le processus n'est pas encore enclenché à l'intérieur du pays. Surtout les voies économiques menant vers les pays voisins. L'axe Yamoussoukro-Toumodi est malheureusement considéré comme la route de la mort. On en veut pour preuve, qu'entre le 22 octobre et le 29 du même mois, deux accidents graves impliquant le mauvais état de la voirie ont fait plus 29 victimes. Les travaux de l'autoroute du nord, une voie moderne qui devrait concourir à la réduction des nombreux accidents sur cet axe, sont hélas suspendus. Pourquoi ? La question reste entière. Quand le désastre dans les familles prendra-t-il fin ?
La mauvaise formation des conducteurs et la délivrance complaisante du permis de conduire
Qui a le droit d'ouvrir une auto-école ? Autrement dit, qui a l'autorisation de faire de la formation à la conduite automobile ? La question mérite d'être posée. Dans la mesure où la prolifération de ces centres de formation n'obéît à l'évidence à aucune réglemention. Pour s'en rendre compte, il suffit de faire un détour à la tour C de la cité administrative à Abidjan plateau pour constater que la plupart des patrons de ces centres ne sont en fait que de sombres individus, motivés par l'appât du gain qui n'ont pour siège que leur sac à main. Nombre d'usagers de ce service, nommé DGTTC, soutiennent que le phénomène est une triste réalité. Touré Issa, conducteur de Gbaka dans la commune d'Anyama ne se cache pas pour se vanter à qui veut l'entendre, d'avoir obtenu son permis de conduire sans avoir été dans une auto-école malgré la nouvelle réforme dans l'attribution de ce précieux document. Quelle est donc la place du slogan "Le conducteur tient votre vie entre les mains", dans la politique de la sécurité routière des nouveaux gouvernants ? La question mérite réponse.
Face à ce sombre tableau et pour le respect de la déontologie et de l'éthique de notre profession, nous avons essayé de joindre en vain toutes les autorités des structures étatiques sus-citées afin d'avoir une large lisibilité sur la question.
N'empêche que pour l'heure, les autorités du ministère des Transports qui ont pris la pleine mesure de la situation sont interpellées afin de prendre toutes les dispositions idoines pour mettre fin à cette série noire qui continue d'endeuiller de nombreuses familles en Côte d'Ivoire.
Loic K.
Considéré dans les années 80, comme le pays détenant le plus grand record d'accidents de la circulation dans le monde, la Côte d'Ivoire avait pris la résolution de ne plus occuper ce triste rang en mettant en place une politique de prévention routière très active. Cet engagement au plus haut niveau de l'Etat a donné rapidement des résultats probants qui ont ramené le phénomène des accidents de la route à un niveau acceptable. Etant entendu qu'il n'existe nul part le risque zéro accident. On a ainsi connu une réelle redynamisation des structures de régulation de la circulation. Notamment, l'Office de Sécurité Routière (Oser), la Société Ivoirienne de Contrôle Technique (Sicta, Automobile), la Direction générale des transports terrestres(Dgtt) ; le guichet unique automobile dont la mission en filigrane, est de veiller sur l'âge de mise en circulation des véhicules importés. Mieux, des structures d'entretien des routes ont été également créées après la privatisation de la défunte direction centrale des travaux publics (Dcmtp).
On compte parmi celles-ci, l'Agence de gestion des routes (Ageroute) dont la principale mission est de faire l'entretien du réseau routier national. Avec toutes ces structures et le réseau routier ivoirien considéré à l'époque comme l'un des meilleurs de la sous région, la Côte d'Ivoire a connu une certaine accalmie quant aux accidents sur nos routes. Dans le même élan, l'avènement des contrôles radar a été salutaire pour piéger les conducteurs indisciplinés. Du début des années 1990 jusqu'à l'aube des années 2000, on a noté un engagement fort des structures citées plus haut pour enrayer le phénomène des accidents de la route. Qui ne se souvient pas en effet, des grandes campagnes de sensibilisation de l'Oser organisées quotidiennement et les panneaux de sensibilisation et de sécurisation qui étaient perceptibles sur toutes les routes du pays ?
Malheureusement, depuis quelque temps, la série noire des accidents de la circulation a resurgi avec inquiétude surtout avec la crise socio-politique de 2002. Cette crise ayant causé la désorganisation complète de tout le système de la sécurité routière en Côte d'Ivoire. Désormais, aucun contrôle n'est fiable dans le secteur. Par exemple, au nord un phénomène dont on parle peu est en passe de noyer tout le pays. Il s'agit de la prolifération des motos de contrebande que les uns et les autres s'octroient dans le désordre le plus total. Combien de personnes sont aujourd'hui titulaires du permis A exigé pour la conduite des engins à deux roues ?
100 morts en trois mois sur nos routes…
En moins de trois mois, on a dénombré plus de cent morts sur les routes ivoiriennes. Nos enquêtes sur les causes profondes de la recrudescence de ces nombreux accidents nous ont amené au triste constat suivant :
La complaisance dans la délivrance des attestations des visites techniques automobiles ;
-Les fausses déclarations sur l'âge des véhicules importés en Côte d'Ivoire ;
-La dégradation très avancé du réseau routier national ;
-La mauvaise formation des conducteurs et délivrance complaisante du permis de conduire.
Tous ces points énumérés engagent chacun à un niveau précis, la responsabilité administrative de certaines structures étatiques désignées plus haut.
La complaisance dans la délivrance des attestations des visites techniques automobiles
Les nombreux usagers que nous avons interrogés sur la question ont unanimement reconnu que les visites techniques ne se font pas de façon conventionnelle. Et ce, malgré les déclarations de certains responsables de cette structure qui soutiennent le contraire. Les usagers vont même plus loin pour dénoncer le laxisme criard et la complicité de certains agents -certainement des brebis galeuses- de la Sicta dans la délivrance des visites techniques sans réel contrôle et parfois sans avoir vu les véhicules. Les exemples foisonnent. Il suffit simplement de voir le nombre révoltant de véhicules communément appelés Woro-Woro, bons pour la casse, et sans visites techniques, qui continuent malheureusement de circuler tranquillement sur nos routes, au vu et au su des forces de l'ordre et des autorités administratives du secteur.
Les fausses déclarations sur l'âge des véhicules importés en Côte d'Ivoire
Le parc automobile ivoirien est vieux. Selon une étude de spécialistes de la question, la majorité des engins roulant actuellement sur nos routes ont dépassé l'âge conventionnel de mise en circulation sur le territoire ivoirien. Passagers, conducteurs et piétons font chorus pour dénoncer la vieillesse du parc auto ivoirien. En cause, le phénomène des véhicules dit France-au revoir, en fait, des véhicules d'occasion importés d'Europe pour la plupart qui ont envahi, au mépris de toute réglementation, nos routes. La récente chute du Bus de la Sotra dans la lagune Ebrié aurait, semble-t-il, été causée par le mauvais état de l'engin. Les autorités actuelles qui ont prévu dans un plan d'ensemble, le renouvellement total du parc auto national sont invitées à ouvrir les yeux sur cette situation. Car il est temps de mettre le holà afin que cesse l'hémorragie.
La dégradation très avancée du réseau routier national
Même si depuis quelque temps, l'ensemble du tracé routier à Abidjan est en réfection, force est de reconnaître que le processus n'est pas encore enclenché à l'intérieur du pays. Surtout les voies économiques menant vers les pays voisins. L'axe Yamoussoukro-Toumodi est malheureusement considéré comme la route de la mort. On en veut pour preuve, qu'entre le 22 octobre et le 29 du même mois, deux accidents graves impliquant le mauvais état de la voirie ont fait plus 29 victimes. Les travaux de l'autoroute du nord, une voie moderne qui devrait concourir à la réduction des nombreux accidents sur cet axe, sont hélas suspendus. Pourquoi ? La question reste entière. Quand le désastre dans les familles prendra-t-il fin ?
La mauvaise formation des conducteurs et la délivrance complaisante du permis de conduire
Qui a le droit d'ouvrir une auto-école ? Autrement dit, qui a l'autorisation de faire de la formation à la conduite automobile ? La question mérite d'être posée. Dans la mesure où la prolifération de ces centres de formation n'obéît à l'évidence à aucune réglemention. Pour s'en rendre compte, il suffit de faire un détour à la tour C de la cité administrative à Abidjan plateau pour constater que la plupart des patrons de ces centres ne sont en fait que de sombres individus, motivés par l'appât du gain qui n'ont pour siège que leur sac à main. Nombre d'usagers de ce service, nommé DGTTC, soutiennent que le phénomène est une triste réalité. Touré Issa, conducteur de Gbaka dans la commune d'Anyama ne se cache pas pour se vanter à qui veut l'entendre, d'avoir obtenu son permis de conduire sans avoir été dans une auto-école malgré la nouvelle réforme dans l'attribution de ce précieux document. Quelle est donc la place du slogan "Le conducteur tient votre vie entre les mains", dans la politique de la sécurité routière des nouveaux gouvernants ? La question mérite réponse.
Face à ce sombre tableau et pour le respect de la déontologie et de l'éthique de notre profession, nous avons essayé de joindre en vain toutes les autorités des structures étatiques sus-citées afin d'avoir une large lisibilité sur la question.
N'empêche que pour l'heure, les autorités du ministère des Transports qui ont pris la pleine mesure de la situation sont interpellées afin de prendre toutes les dispositions idoines pour mettre fin à cette série noire qui continue d'endeuiller de nombreuses familles en Côte d'Ivoire.
Loic K.