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Société Publié le jeudi 10 novembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Abengourou / Ruée vers l’hévéaculture et la cacaoculture : Le café menacé de disparition

La culture du café n’intéresse plus. Les producteurs y accordent peu d’intérêt. La Côte d’Ivoire, jadis 3ème producteur mondial de café est en voie de perdre ce rang. Il est rare de trouver des producteurs ou coopératives qui s’intéressent à la culture du café. L’hévéa et le cacao sont désormais des cultures prioritaires. Pour en savoir un peu plus sur les motivations profondes, les acteurs du monde rural se sont prononcés.

Kouamé Kouakou Eugène est producteur à Diangobo, village de la sous- préfecture de Niablé. Son désintérêt pour le café est lié au faible prix d’achat à eux proposé. Alors que le travail du café exige plus d’efforts. «J’ai commencé avec le cacao parce que le cacao produit vite et sa récolte est facile par rapport au café. Si nous, en tant que jeunes, nous n’avions pas choisi le café, c’est parce que mes parents qui sont cultivateurs ne s’y intéressent plus. Il est arrivé des fois où le café a été vendu à 15 FCFA le kilogramme. Or dans les années 1970, c’est la culture du café qui a permis à nos parents de bâtir des maisons et de se réaliser parce qu’il était bien payé. Le café se vendait une seule fois dans l’année et quand l’argent de la récolte arrive, c’était consistant. Dans cette période, le revenu du cacao permettait à nos parents d’assurer les besoins primaires, les charges liées à la maladie. J’ai seulement 1 hectare de café. Cette année, le café a été acheté à 500 FCFA le kilogramme. Si cela avait été le cas depuis de nombreuses années, les gens n’auraient pas détruit leurs champs de café pour l’hévéa ou le cacao », a-t-il regretté. Tout comme lui, Kadio Morokro Emile, planteur à Affalikro dans la sous-préfecture de Niablé, ne dit pas le contraire. Il dit avoir à son actif un (1) hectare de café et 22 hectares d’hévéa et 15 hectares de cacao. Mais ce producteur a commencé ses premiers pas avec le café qu’il a abandonné au profit de l’hévéa. «J’ai détruit la plantation de café au profit de l’hévéa. Le café est un produit qui produit très rapidement et en son temps, le café était bien acheté. Mais aujourd’hui, il est tombé jusqu’à 300 FCFA le kilogramme».

Ruée de la main d’œuvre agricole dans les champs d’hévéa et de cacao au détriment du café
La main d’œuvre agricole pour la culture du café fait de plus en plus défaut du fait de la complexité des tâches à accomplir et du manque à gagner pour le producteur. Anoh Kouao Sylvain, producteur et président des jeunes producteurs de la cité des lauréats, estime qu’en plus de l’équation de la main d’œuvre agricole, se superpose l’absence de politique d’encouragement et de suivi des structures en charge de la filière. «J’ai 17 hectares de cacao en production, 4 hectares de café et 1hectare de plantation de palmier à huile. Le café ne m’intéresse pas parce que le café n’encourage pas le producteur. Le café est mal payé. Aussi, les manœuvres refusent de récolter le café. J’ai eu des manœuvres qui ont refusé de travailler dans mon champ de café. J’étais obligé de le donner en contrat. Que l’Etat fasse un effort pour regarder à ce niveau, sinon, il n’y aura plus de café ici à Niablé», a-t-il plaidé.

Le règne des multinationales, faute de concurrents sérieux

Rares sont les coopératives qui accordent du crédit à l’achat du café. La COOPAAI, l’unique coopérative exportatrice de la région, a enregistré une forte baisse de sa production, à en croire Tano Serge Toussaint Alain, trésorier général. «Le café n’a pas un bon prix en Côte d’Ivoire, c’est pour cela que les paysans ont préféré l’abandonner au profit de l’hévéa pour la simple raison que la récolte du café est très contraignante. Il faut d’abord faire le ramassage, ensuite le séchage et après payer l’argent du décorticage qui fait à lui seul 25 FCFA le kilogramme. Habituellement, on faisait 1000 à 1500 tonnes. Mais, cette année, on n’a pas pu atteindre les 100 tonnes. Il y a certains exportateurs qui parlent de la qualité. Nos partenaires (exportateurs) n’ont pas encore mis l’accent sur la certification parce qu’Olam est le seul qui achète plus le café en Côte d’ Ivoire. Donc il n’y a pas de concurrents sérieux pour faire avancer les choses», a fait remarquer le troisième vice-président des coopératives exportatrices de Côte d’Ivoire.
Ernest Famin, correspondant régional
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