Malgré le poids de l’âge, Bernard Dadié, doyen de la littérature ivoirienne et Président du Cnrd était présent. Il voulait être témoin de la cérémonie d’accueil des prisonniers politiques de Ouattara qui bénéficient d’une liberté provisoire depuis la semaine dernière. La réception a eu lieu le samedi 12 novembre au siège du Cnrd, avec une grande partie de la direction actuelle du Fpi. Bien évidemment, il y avait Laurent Akoun, assurant l’intérim de Miaka Oureto. Le Président du Cnrd, Bernard Dadié en a profité pour livrer un message plein de sens aux militants de Lmp qui ont pris d’assaut la grande cour du siège du Cnrd. «Je suis venu pour voir si ce que les journaux racontaient était vrai. Je sui venu, j’ai vu. Nous aussi, nous avons été en prison à l’époque. C’est ça la politique. C’est la raison pour laquelle les femmes avaient marché sur Bassam pour exiger notre libération. C’est cela la lutte. Il faut qu’on se fasse respecter», a conseillé le président Dadié. Laurent Akoun qui assure le secrétariat général du Fpi ne dit pratiquement pas autre chose. Il reste dans le sillon du doyen Dadié. «La tempête qui a soufflé sur nous n’a pas emporté tous les citoyens de ce pays», a-t-il fait remarquer. Il ne manque pas aussi de donner une réponse pleine d’intelligence au Rdr qui s’est permis de demander aux prisonniers politiques de Ouattara de garder le profil bas. «Nous voulons, prévient-il, respecter la loi et non garder le profil bas». Laurent Akoun reste sur sa lancée en dénonçant la terreur dans laquelle la Côte d’Ivoire se trouve. «Ils ont, confie-t-il, installé un Etat policier. Vous êtes des acteurs de conviction. Nous sommes fièrs de vous. Cette lutte ne connaîtra son épilogue qu’à la libération du dernier des prisonniers. On peut nous emprisonner. Mais on ne pourra jamais enfermer notre combat». Le ministre Kata Kéké, le porte-parole de ces ex-prisonniers est alors très à l’aise lors de son intervention d’ailleurs très attendue par l’assistance. «Je pense au Président Gbagbo. Je pense à ses plus proches collaborateurs. A son épouse Simone. Je pense à son fils Michel. Je pense à tous ces militants anonymes qui sont en prison dans plusieurs villes et villages de l’intérieur. Je pense aussi à nos camarades qui ont été tués», lâche-t-il dans un silence plein d’émotion. Il évoque par la suite le cas des autres prisonniers qui continuent de croupir dans les goulags de Ouattara. «Ils ont, annonce-t-il, le moral haut. Ils vous exhortent à tenir le bon bout, à garder le cap. Mais aussi et surtout de ne pas vous inquiéter pour eux». Le ministre Kata salue, par ailleurs, le combat qui a été mené par l’ensemble des militants. «Si le moral des troupes reste haut, c’est grâce à la détermination et à l’élan de solidarité des militants». Sur ce point, il ne manque pas de saluer l’action du collectif des Conseils généraux dirigé par Akoi Innocent. Il y a aussi les femmes du vivrier et les vendeuses d’attiéké de la région de Dabou qui sont restées solidaires des prisonniers de Ouattara. A celles-ci, il faut ajouter des hommes de Dieu, notamment les Archevêques Mari Daniel Dadié et Paul Dakoury qui ont, eux aussi ont apporté leur soutien spirituel et en vivres aux détenus. En clair, la prison n’a pas entamé le moral de ces militants de Lmp. Le ministre Kata Kéké le dit d’ailleurs avec beaucoup de précision. «Nous sommes prêts pour le service. Vous pouvez nous appeler dès maintenant».
Guéhi Brence
Guéhi Brence